Assemblée nationale : trois députés de l’opposition dans les filets de la justiceMercredi 30 Mars 2016 - 19:37 La gestion du dossier mettant en cause les élus du peuple Muhindo Nzangi, Samy Badibanga et Fabien Mutomb que le procureur général de la République voudrait poursuivre pour « faux et usage de faux » est loin de faire l’unanimité à la chambre basse du Parlement. Décidément, c’est à un véritable feuilleton auquel on assiste à la chambre basse dans l’affaire opposant le procureur général de la République (PGR) à trois députés du groupe parlementaire UDPS et alliés, en l’occurrence, Muhindo Nzangi, Samy Badibanga et Fabien Mutomb. Après une première réquisition du PGR initiée en novembre 2015 sollicitant la levée des immunités des concernés qu’il entendait poursuivre pour « faux et usage de faux », cette fois-ci, l’organe de la loi vient d’obtenir gain de cause. Répondant à une deuxième requête du PGR, le speaker de la chambre basse aurait finalement autorisé l’instruction du dossier alors qu’une commission spéciale mise en place en décembre 2015 n’avait pas encore livré ses conclusions. De quoi reproche-t-on aux trois députés incriminés ? Le principal grief porte sur leur conspiration présumée dans la falsification de la signature de leur collègue Yala Tulu apposée au bas de la pétition initiée contre le bureau de l’Assemblée nationale. Ils auraient, selon leurs pourfendeurs, imité la signature de leur collègue passé à la majorité présidentielle (MP) Yala Tulu qui s’est dit être surpris d’être cité parmi les signataires de la fameuse pétition sans avoir été approché ses initiateurs. Piquant une sainte colère, ce dernier a saisi le bureau de l’institution qui a vite transmis le dossier au PGR qui en fait ses choux gras. À la chambre basse, les députés sont divisés sur le sort de leurs trois collègues incriminés. Si pour les uns, ils sont en plein dans le faux en écriture qui mérite sanction, pour d’autres, à l’instar des députés de l’opposition, il s’agit ni plus ni moins que d’une tentative de musèlement de l’opposition politique. En plus de la procédure parlementaire qui est foulée au pied dans cette nébuleuse affaire, l’empressement du PGR en violation des prérogatives reconnues à la plénière de l’Assemblée nationale réputée souveraine et ce, en violation de la séparation des pouvoirs, serait révélateur de l‘instrumentalisation de la justice dans cette affaire. Foi du vice-président du groupe parlementaire UDPS et alliés, Jean Claude Vuemba qui dénonce l’acharnement politico-judiciaire à l’encontre de trois députés mis en cause. Pour lui, l’article 8 de la Constitution qui garantit le caractère sacré des activités de l’opposition parlementaire est violé dans le cadre de ce feuilleton judiciaire. Et Jean Claude Vuemba de s’interroger sur la fixation faite sur les trois élus du peuple tout en sachant que la responsabilité de ladite pétition est collective. Pour dédouaner leurs trois collègues incriminés, leurs pairs de l’opposition parlementaire ont exhumé une ancienne motion initiée par leur groupe portant également la signature du député Yala Tutu. Confrontée à la pétition contre le bureau de l’Assemblée nationale, la similitude entre les deux signatures apposées dans les deux documents est parfaite, laissant penser qu’il s’agit d’une même personne qui, soutient-on, aurait librement signé sans aucune pression. Reste à savoir comment le PGR va réagir face à cette nouvelle qui risque de chambouler ce que d’aucuns qualifient d’un montage judiciaire destiné à déstabiliser l’opposition à un moment aussi crucial de la vie politique nationale. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Palais du peuple Notification:Non |