Baisse des cours du pétrole : toujours pas la fin du tunnel, d’après l’Agence internationale de l’énergie

Mardi 10 Février 2015 - 18:30

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L’agence internationale de l’énergie a publié concomitamment, ce mardi 10 février, son rapport sur le marché du pétrole pour le mois de février et son rapport à moyen terme sur le marché du pétrole de 2015. Deux publications attendues dans le contexte d’un marché pétrolier chahuté.

Selon l’Agence internationale de l’énergie si le cours du pétrole a déjà connu maintes fois auparavant d’importants ajustements, c’est la première fois que la baisse des cours est due à des paramètres touchant à la fois l’offre et la demande. La production de pétrole des pays non-OPEP a connu une hausse sans précédent en 2014 pendant que, dans le même temps, la croissance de la demande mondiale de pétrole était particulièrement faible. La décision qualifiée d’historique par l’Agence internationale de l’énergie de ne pas limiter sa production afin de réguler le marché lors de sa réunion de novembre 2014, place les producteurs de pétrole de schiste, États-Unis en tête, en position d’arbitres. Un leadership auquel l’OPEP n’avait pas renoncé depuis 1986.

Malgré la baisse de plus de 50% des cours du pétrole, la production mondiale devrait continuer d’augmenter de près de 5 milliards de barils par jour au cours des six prochaines années. Les deux-tiers de cette hausse provenant des pays non OPEP. La production OPEP a diminué de 240.000 barils par jour en janvier pour atteindre un peu plus de 30 millions de barils par jour. Les baisses de production irakiennes et libyennes, étant compensées par de légères hausses en Arabie Saoudite, au Koweit, en Angola et au Nigéria.

L’amélioration du contexte macro-économique devrait tirer légèrement la croissance de la demande, à 0,9 millions de barils par jours en 2015 contre 0,6 millions de barils par jours en 2014. La Chine qui tirait la croissance de la  demande de pétrole ces dix dernières années entre dans une phase de son développement économique moins basée sur la  consommation de pétrole. De plus, Pékin est engagé dans des efforts destinés à mettre fin à la très importante pollution de l’air. Au niveau mondial, la dernière révolution industrielle fondée sur le numérique est moins gourmande en pétrole, les préoccupations liées au changement climatique ont contribué à réorienter les politiques énergétiques vers les énergies renouvelables de moins en moins coûteuses et la mondialisation du marché du gaz naturel altèrent de façon structurelle la demande de pétrole. Toutefois, la demande des pays non-OCDE devrait croître de 1,19 millions de barils par jour chaque année jusqu’en 2020, bien en-deçà des croissances historiques.

Le plus grand perdant de cette forte baisse des coûts du pétrole est la Russie estime l’agence internationale de l’énergie, confrontée conjointement à la forte baisse des prix, aux sanctions internationales consécutives à son action en Ukraine et à la dévaluation de sa monnaie. La baisse des coûts du pétrole fait peser des risques de troubles politiques dans les pays dont les politiques sociales dépendent, pour leur financement, de prix à l’export et de recettes fiscales élevées. De nombreux facteurs géopolitiques devraient peser à l’avenir sur les prix : l’issue des négociations avec l’Iran, les groupes terroristes islamistes présents dans plusieurs pays producteurs ainsi que l’évolution des relations entre la Russie et les pays de l’occident.

Rose-Marie Bouboutou