Bras de fer Monusco-gouvernement : la population plus perdante que les autorités de la RDCSamedi 21 Mars 2015 - 12:00 Selon la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV), d’aucuns se demandent s’il est dans l’intérêt de la RDC de renoncer au soutien de la mission onusienne pourtant bénéfique à des millions des Congolais pour protéger seulement les deux généraux soupçonnés d’avoir violé les droits de l’Homme. La VSV a vivement exprimé ses craintes et inquiétudes consécutives à la détérioration des relations entre le gouvernement congolais et la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco). Cette situation est liée, a précisé cette ONG dans le communiqué publié le 19 mars, aux divergences portant sur les questions des droits de l’Homme qui pourtant devraient être également au centre des préoccupations des autorités congolaises. L'ONG des droits de l'Homme fait, par ailleurs, observer que « quand les FDLR tuent, massacrent, violent les femmes et les filles, incendient des maisons, depuis plusieurs décennies, ce sont les populations congolaises qui en paient le prix le plus lourd pendant que les autorités sont hautement sécurisées dans leurs résidences et bureaux climatisés et s’allouent des salaires faramineux, des dotations et autres émoluments juteux au détriment de la majorité des Congolais ». La primauté de l’intérêt de la population Dans ce plaidoyer, la VSV exhorte les autorités congolaises à ne pas hypothéquer l’opportunité du désarmement effectif et de la neutralisation de ces forces négatives rwandaises à cause de deux généraux soupçonnés d’avoir commis des violations des droits humains. Tout en encourageant les autorités judiciaires militaires qui ont récemment condamné plusieurs militaires des Fardc à Kitshanga, au Nord-Kivu, à poursuivre et traduire indistinctement en justice les auteurs des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire, la VSV note, cependant, que le climat actuel de crise de confiance qui règne entre les autorités congolaises et la Monusco est on ne peut plus suspecte et pourrait, si elle perdure, avoir des répercussions négatives sur le bon déroulement du processus électoral et même faciliter le « glissement tant redouté » au cas où les FDLR n’étaient pas rapidement et totalement neutralisés ou désarmés. « Toutes proportions gardées, autant la VSV encourage les militaires au front dans la traque des FDLR et les félicite pour leur comportement respectueux des droits humains jusque-là, autant elle en appelle au soutien et à l’implication effective de la Monusco dans la traque des FDLR comme cela a été le cas dans l’offensive contre les troupes du M23 », a appuyé cette ONG. La VSV exhorte le chef de l’État congolais, dans le sens de cet appel, à remplacer simplement les généraux Fall Sikabwe et Bruno Mandevu par d’autres généraux non soupçonnés ni impliqués dans la commission des violations des droits de l’Homme. Cette ONG attend également du président de la République de sévir contre les auteurs des violations des droits de l’Homme quels que soient leurs rangs afin de lutter effectivement contre l’impunité et y mettre un terme en RDC. À la Monusco, cette ONG a demandé d’apporter le soutien nécessaire aux Fardc pour le désarmement total des FDLR afin de permettre à la RDC de restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et de permettre à la population de vivre en paix et en sécurité. L’ONG a également sollicité de la mission onusienne d’informer en amont, au moment opportun, les autorités congolaises des violations des droits de l’Homme commises par certains militaires des Fardc afin de les rassurer et d’éviter des suspicions. La VSV a souligné, en effet, qu’au lendemain du lancement fin janvier de l’opération Sukola II visant la traque des rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda(FDLR), la Monusco avait dénoncé la nomination à la tête du commandement de l’opération de deux officiers généraux Fall Sikabwe et Bruno Mandevu soupçonnés d’avoir perpétré des violations des droits Humains. Ce qui avait conduit à la suspension de sa collaboration avec les Fardc dans cette traque des FDLR « jusqu’à ce que les deux officiers généraux soient écartés du commandement de l’opération Sukola II ». Face à cette exigence de la Mission onusienne en RDC, le président de la RDC, Joseph Kabila, a pris la décision de renoncer à l’appui de la Monusco dans cette opération. La VSV, qui est d’avis que le président de la République a le droit, en sa qualité de commandant suprême des Fardc, de nommer les officiers qu’il juge capables de remplir la mission de défendre le territoire national, estime cependant sans remettre en cause la compétence de deux généraux à la base du mauvais climat que par le fait qu’ils ont été cités ou soupçonnés d’avoir commis des violations des droits de l’Homme, les autorités congolaises auraient dû comprendre la position ou mieux l’exigence de la Monusco quand bien même celle-ci n’aurait pas, en amont et de la manière la plus officielle, informé les autorités congolaises de ce qu’elle reproche aux deux généraux. « Le fait que la Monusco conditionne son soutien aux Fardc à la mise à l’écart de deux généraux soupçonnés d’avoir perpétré des violations des droits de l’Homme, la place en bonne position par rapport à l’État congolais qui donne l’impression de fermer les yeux sur les violations des droits de l’Homme et d’accorder des primes à leurs auteurs », a souligné cette ONG. La VSV saisit cette occasion pour rappeler que l’armée de la RDC dispose des officiers supérieurs et généraux de haute facture et dont certains ont été formés dans de grandes académies militaires à travers le monde et qu’il suffit de les mettre dans de bonnes conditions de travail avec des équipements appropriés pour qu’ils prouvent ce dont ils sont capables. Mais, selon cette ONG, la confiance que les Congolais ont en leurs vaillants militaires ne peut nullement justifier le renoncement à un soutien disponible des partenaires venus pour appuyer le pays, avec une mission particulière de protéger les populations civiles. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Des réfugiés dans un camp, dans l'est de la RDC |