Brazzaville et la France libre (1)

Vendredi 4 Septembre 2020 - 12:51

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C’est un pan de l’histoire de la ville de Brazzaville qui reste inconnu de ses habitants. On en dira plus de l’histoire de cette ville morcelée entre indigènes et allogènes, entre colons français et indigènes congolais. C’est une histoire dont les pages ou glorieuses ou sombres écrites avant le 15 août 1960 se sont comme volatilisées. L’une de ces pages, plutôt glorieuse, est celle qui lia le destin de Brazzaville au sort de la France en détresse. Brazzaville capitale de la France libre est un fait de l’histoire. Mais, cet énoncé maintes fois rabâché tourne court dans les oreilles des Congolais actuels tant l’histoire de la résistance de Brazzaville qui l’avait fait basculer dans le camp du chef des Français libres, le général Charles de Gaulle est tout simplement inconnue du public congolais.

C’est à la faveur de la détermination de Brazzaville que celui qui deviendra le plus grand héros français du 20e siècle, Charles de Gaulle, arpenta la terre d’Afrique, sur la rive droite du puissant fleuve Congo le 24 octobre 1940. C’est ici que rassuré de disposer sur le sol français d’une base territoriale et humaine, le général de Gaulle raffermira le pouvoir alternatif qu’il représentait désormais face au « gouvernement de rencontre » de Vichy. Son manifeste du 27 octobre 1940 lut à Brazzaville, vierge de toute ambiguïté, proclamait notamment : il faut qu’un pouvoir nouveau assume la charge de diriger l’effort français dans la guerre. Les évènements m’imposent ce devoir sacré, je n’y faillirai pas.

Les coulisses de l’histoire de Brazzaville insurgée dorment quelque part dans des Mémoires des participants à ces heures héroïques. Elles font partie de l’histoire de notre ville. Georges Mitral qui vécut l’épisode de Brazzaville insurgée a laissé à la postérité dans les colonnes du journal « Le Monde » paru en 1945 des pages sur l’arrivée du chef des Français libres à Brazzaville le 24 octobre 1940. Sans entrer dans les détails, Georges Mitral rend compte et de l’espoir lié à l’arrivée du chef des Résistants français et de l’atmosphère insurrectionnelle qui présida son arrivée. Voici son texte.

« Ce jour-là – un jour gris de début de la saison des pluies- toute la population de la ville et de nombreux Belges venus de Léopoldville, la capitale voisine du Congo-Belge, se pressaient, avides de voir enfin celui dont la voix avait ranimé leurs espoirs aux pires moments de détresse. Nous ne savions pas grand-chose de lui : seulement qu’il était le plus jeune général de notre armée, qu’il s’était battu avec ses chars du côté Laon, qu’il était grand...Mais, ce qui nous liait à lui, c’était le son énergique de sa voix, de cette voix qui, depuis quatre mois, nous répétait que la patrie n’était pas vaincue, que la France redeviendrait un jour la France que nous avions quittée et dont le souvenir nous obsédait jusqu’à la souffrance.

Car, en ces temps-là, nous vivions de souvenirs. C’était pour nous ces lieux d’asile dont parle Jules Romains. Nous vivions du souvenir de la France.

Et nous avions beau faire, nous ne comprenions encore pas. Les Boisson, les Platon, les Husson avaient bien essayé de nous faire croire que la France avait été irrémédiablement battue, que nous devions nous incliner devant la défaite, suivre le maréchal... nous ne comprenions pas. Nous qui ne connaissions pas l’exode, qui ignorons les tractations de Candé et de Bordeaux, nous nous obstinions à ne pas croire à la défaite. ( à suivre)

 

 

François-Ikkia Onday Akiera

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