Campagne « Consommons congolais » : l’analyste Jerry Dilama prône un soutien accru à l’industrie locale

Lundi 14 Mars 2016 - 16:56

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La clé de développement des industries locales, selon cet observateur avisé, devrait passer inévitablement par un véritable partenariat à nouer avec le gouvernement.

Lancée avec pompe par le ministre de l’Industrie, la campagne de promotion de l’industrie locale «  Made in Congo » ou encore « Consommons congolais » bat de l’aile depuis un certain temps. Initiateur de cette approche basée sur la compétitivité des industries locales, le ministre Germain Kambinga paraît ne plus accompagner la dynamique ainsi mise en branle avec l’enthousiasme d’autrefois. Après tout le tintamarre médiatique fait autour de l’opération après son lancement le 27 janvier dernier, la ferveur a baissé d’un cran au niveau du ministère de l’Industrie qui, en un tour de main, vient de lancer, il y a quelques jours, un nouveau programme d’urgence de soutien à l’industrie locale. Certes, l’on est dans la continuité de l’action, mais pour nombre d’analystes, la campagne « Made in Congo » n’aura été qu’une perte de temps et d’énergies.

Régissant depuis Paris à cette problématique, Jerry Dilama (chercheur congolais de son état) estime que le diagnostic avait été mal posé par les initiateurs de ladite campagne qui ne pouvaient, dès lors, s’attendre à aucun résultat. Il invite, par conséquent, le ministre de l’Industrie à s’orienter vers une nouvelle politique d’industrialisation du pays qui pourrait, peut-être un jour matérialiser son rêve de « consommer congolais ». Dans le contexte socioéconomique de l’heure caractérisé par une invasion des produits étrangers dont la prééminence sur le marché est prépondérante, il est difficile, pense-t-il, de promouvoir des produits locaux déjà peu prisés et souffrant d’un déficit de qualité. « Le niveau de l’industrialisation de la RDC se trouve à moins de 10 % d’après les dernières statistiques des organismes internationaux. La RDC a connu la désindustrialisation depuis 1970 et, jusqu’à ce jour, le pays peine à redorer son image, ce qui explique la dépendance quasi totale de notre pays », explique Jerry Dilama tout en stigmatisant le fait que les plus grands consommateurs des produits étrangers sont d’abord les décideurs eux-mêmes.

Dans leurs domiciles, dans leurs bureaux et autres lieux qu’ils fréquentent d’ordinaire, même la plus petite moquette ou le moindre ornement viennent d’ailleurs alors qu’au pays, la réplique des mêmes produits est tout aussi possible. Pour Jerry Dilama, la clé de développement des industries locales devrait passer inévitablement par un véritable partenariat à nouer avec le gouvernement. Celui-ci est censé leur octroyer des prêts à travers le Fonds de promotion de l’industrie. Là, encore, il estime qu’il y a à boire et à manger d’autant plus que rien ne garantit un accès au crédit équitable et sans compromission de la part des opérateurs économiques.

Certes l’augmentation du niveau de consommation des produits locaux est susceptible de mettre le pays à l’abri de l’envahissement des produits étrangers, mais encore faut-il conscientiser la population sur la vertu de consommer les produits locaux, propose Jerry Dilama. Ce qui, d’après lui, tient d’une gageure. Avec des mentalités sociales enracinées dans un environnement économique plutôt extraverti, il y a lieu, pense-t-il, d’envisager des réformes et des politiques économiques courageuses de sorte à inciter les industries du pays à se mettre au même diapason que celles d’ailleurs. « L’on doit arrêter de s’adresser au peuple congolais en brandissant un projet dont on sait qu’il est impossible d’atteindre le résultat d’ici peu », a conclu Jerry Dilama.              

Alain Diasso

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