Cinéma : Rufin Mbou Mikima : « Pour les prochaines années nous aurons une création beaucoup plus importante »Lundi 16 Novembre 2015 - 18:56 Après Pointe Noire en Avril dernier, il s’ouvre le 17 Novembre à L’Institut français du Congo la cinquantenaire du cinéma congolais, prévue pour durer une semaine. Plusieurs activités sont au programme et visent à faire un état de lieux du 7ème art congolais à travers une discussion entre réalisateurs. Rufin Mbou l’un des initiateurs de cet évènement revient dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville sur les contours de cet évènement. Les Dépêches de Brazzaville : Que retenez- vous du cinéma congolais? Rufin Mbou Mikima : le cinéma congolais a des acteurs importants, et nous avons un magnifique pays où l’imagination et la création sont foisonnantes et il a besoin d’être accompagné. Il y a des gens qui ont des initiatives individuelles, beaucoup sont de la diaspora et essaient de faire des films qui sont distingués dans les festivals à l’étranger. Cela prouve déjà qu’il y a un vrai tissu cinématographique qui existe et que les télévisions ne le diffusent pas. Nous organisons ce genre d’activités pour que les gens découvrent ce cinéma et que les initiatives les accompagnent. J’espère que les autorités feront ce que certains font déjà. L.D.B : Au cours de cette semaine, plusieurs orateurs vont animer des conférences- débats. Pourquoi ceux-ci ne seront animés pour la plupart que par la jeune génération? R.M.M : La jeunesse est plus vivante. Quelque fois nous avons les conseils de nos anciens. Le flambeau c’est nous qui le prenons et le cinéma de demain c’est nous qui allons le reconstruire. Pour réfléchir à ce que ce cinéma deviendra, ce sont les jeunes qui doivent s’impliquer. Certains anciens seront là pour nous rappeler l'histoire et nous dire les difficultés qu’ils ont eues et comment s’en sortir. Nous les jeunes, avons des nouveaux défis sur ce que sera le cinéma de demain. À Pointe noire nous avons voulu faire un bilan et à Brazzaville nous allons nous projeter sur l'avenir et pour cela, il faut plus de jeunes. L.D.B : Comment projetez-vous le cinéma congolais dans les cinquante prochaines années R.M.M : Pour les cinquante prochaines années j’espère que nous aurons des prix à Cannes, que les salles de cinéma seront réouvertes. Je suis sûr que nous aurons une création beaucoup plus importante et des gens qui vont prendre le risque avec ou sans accompagnement de l’Etat. Car, créer devient vital, vu tout ce qui se passe dans le monde pour donner une réponse à toutes ces barbaries. Les gens ont besoin d’une culture saine pour comprendre les valeurs des autres et les films célèbrent ce genre de choses. L.D.B : Les premières années du cinéma congolais étaient reluisantes et après tout est rentré en berne. Nous assistons à présent à une renaissance. Quels sont les maux qui minent ce secteur. RMM : Les problèmes du cinéma congolais sont liés au manque de politique étatique. Si moi ou Léandre Alain Baker ou encore Amog Lemra fait un film, on dira que ce sont ceux de l’étranger, et même pour financer ce cinéma on est obligé de travailler avec des partenaires de l’extérieur. Le discours que nous construisons dans notre cinéma doit contenter le bailleur. Pour refaire notre cinéma, l’état devrait penser à deux choses essentielles : rouvrir les salles de cinéma ou demander aux télévisions qui existent de diffuser des programmes audiovisuels qu’ils donnent la preuve des droits qu’ils auraient acquis des auteurs.Ceci permet de tout restructurer. Et si l’état met en place ce mécanisme, les gens vont se former parce qu’il y aura une sélection naturelle. Que cette dernière donne la possibilité aux acteurs du cinéma de se former, nous aurons les meilleurs scenarios et les meilleurs techniciens. Si nous avons en plus des moyens pour créer, on aura une puissance cinématographique qui n’aura rien à envier à nos amis du Burkina Faso par exemple qui ont les moyens et la politique. L.D.B : avez-vous un appel à lancer à l’occasion de cette semaine. R.M.M : Je demande aux cinéastes de venir rencontrer ceux qui sont là pour que nous discutions ensemble. Au public congolais de venir découvrir ces films car il peut faire pression à nos autorités. Aux autorités nous demandons juste le soutien, car par le cinéma nous pouvons construire l'image du pays. Hermione Désirée Ngoma Légendes et crédits photo :1- Rufin Mbou Notification:Non |