À cœur ouvert : les mille attraits du monde

Que serait l'existence humaine si elle n'était pas mise en mouvement par une vision, une quête, une mission, des objectifs à atteindre ?

Pour d'aucuns, il s'agit de prendre leur vengeance sur une vie qui les a accueillis comme des malpropres, des scélérats, des bandits, des misérables, des méprisables et des indésirables et, pour d'autres, il s'agit peut-être de conquérir des territoires auxquels il ne leur était pas possible de penser au nom de leur naissance, de leur race, de leurs groupes d'appartenance et des communautés desquelles ils sont issus.

Enfin, pour un certain nombre, la vie est une aventure qui se vit comme elle vient, un jour après l'autre, en toute insouciance, les besoins fondamentaux étant foncièrement comblés par leur contexte de vie ou parce qu'ils ont délibérément choisi un mode de vie qui se contente du peu à portée de main.

La vie est alors pour la majorité des âmes un véritable combat qui se vit en challenger ou en conquérant. Des années et des années de vie sont alors consacrées à atteindre un objectif, un seul, qui peut être très varié selon les profils : créer son entreprise pour les uns là où les parents ne juraient que par la fonction publique, se faire embaucher dans une grande société dans une famille où personne n'a passé le cap de la licence par exemple, se marier dans une lignée de femmes qui n'ont pas eu la grâce d'être honorées ou n'ont pas connu des unions heureuses et pérennes, ou encore avoir un enfant là où le commun des mortels ne prédisait que stérilité.

Il ne s'agit pas en soi d'objectifs de vie objectivement hors de portée mais qui représentent dans un contexte particulier une vraie victoire sur des combats, des luttes, individuels, communautaires et/ou générationnels.

Quand le challenger de la vie parvient enfin à ces territoires promis et enfin conquis, il se trouve que parfois, il ne reconnaît même pas la forme de la promesse. Il ou elle l'aura idéalisée d'une certaine façon, celle présentée par ses contemporains ou ses antécédents et qui causait justement l'échec de leur mission juste au seuil de l'accomplissement. Les promesses ont cela de caractéristique qu'elles se présentent sous une forme inattendue: elles passent incognito, sous couverture. Elles recquièrent alors du discernement et une maturité d'esprit.

Pire encore, ceux et celles qui parviennent à la reconnaître ne s'en montrent pas satisfaits outre-mesure ou s'en lassent très vite. Le monde leur présente des choses nettement plus belles, nettement plus brillantes. Le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ? Les mille attraits du monde n'avortent-ils pas les promesses ?