Côte d’Ivoire: Guillaume Soro visé par un mandat d’amener de la justice française

Mardi 8 Décembre 2015 - 12:19

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Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne est poursuivi dans le cadre d’une plainte déposée par le fils de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Michel Gbagbo affirme avoir été enlevé et subi des « traitements inhumains et dégradants » pendant quatre mois après son arrestation, en 2011.

En sa qualité de citoyen français, arrêté à Abidjan le 11 avril de la même année, avec son père, Michel Gbagbo qui dit avoir été « enlevé, séquestré » avant son inculpation formelle au mois d’août, a déposé une plainte en France, auprès du parquet de Paris en juin 2012. Ce qui a permis à la juge d’instruction Sabine Khéris d’adresser une convocation à Guillaume Soro pour l’entendre.

Pour n’avoir depuis eu de réponse de l’actuel président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire dans le cadre de cette affaire, la juge d’instruction a délivré un mandat d’amener à son encontre. Et selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de Guillaume Soro qui était absent. « Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge » précise la source. Une démarche qui n’a pas satisfait les avocats de Guillaume Soro puisqu’ils n’ont pas attendu longtemps pour protester contre cette convocation de la juge d’instruction.

Les avocats ont assuré avoir pris contact, à plusieurs reprises, avec la juge et affirmé que cette dernière disposait dorénavant de tous les documents nécessaires sur ce dossier. « Les faits allégués, minimes, restent à prouver. Michel Gbagbo s’est plaint des conditions de son arrestation (...) Aucune preuve de violences physiques n’a pu être établie lors de cette arrestation », ont-ils affirmé. « A l’époque des faits, M. Soro était Premier ministre, ministre de la Défense. C’est à ce titre qu’il est abusivement visé par une plainte », ont indiqué ses avocats assurant que Guillaume Soro « coopérera avec la justice française qu’il saisit de son côté d’une plainte en dénonciation calomnieuse contre Michel Gbagbo ».

Me Jean-Paul Benoît, par exemple, a évoqué l’immunité diplomatique de son client et rappelé que le président de l’Assemblée nationale ivoirienne ne pouvait pas être arrêté puisqu’il se trouve à Paris dans le cadre d’un déplacement officiel. « Il est là, en sa qualité de président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire et il était en France dans le cadre de la Cop21, a dit Me Jean-Paul Benoît. Cette mission fait l’objet d’un ordre de mission signé par le président de la République ivoirienne. Donc, monsieur Soro était protégé pendant cette présence en France, par une immunité qui tient à sa qualité de deuxième personnage de Côte d’Ivoire, du fait qu’il était en mission officielle pour l’Assemblée nationale et pour la Cop 21, au titre de l’Etat ivoirien. Ce mandat d’amener n’avait pas, dans ce contexte, la moindre raison d’être ».

Ces propos ont été rejetés en bloc par Me Habiba Touré, l'avocate de Michel Gabgbo. « Que dire aux propos de mon confrère qui a tendance à confondre immunité et impunité ? Donc, c’est quand même gênant, de la part d’un avocat. Et puis surtout, je suis surprise qu’il puisse commenter les actes procéduraux. S’il entend les contester, il connait très bien la voie procédurale la plus adaptée pour le faire », a-t-elle déclaré. « En ce qui nous concerne, il y a une procédure en cours. Tout ce qu’on demande, c’est que justice soit faite et que tous les actes nécessaires à la manifestation de la vérité soient accomplis. Personne n’est au-dessus des lois et je crois qu’on sera tous d’accord là-dessus. Donc, que M. Soro ne s’estime pas au-dessus des lois et qu’il réponde à la justice si véritablement il n’a rien à se reprocher », a conclu Me Habiba Touré.
 

Nestor N'Gampoula

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