Course vers les mairies : les partis à l’heure des grandes manœuvres…

Mercredi 8 Octobre 2014 - 11:30

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Quel sera le visage des maires appelés à gérer les six grandes communes que sont Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Mossendjo et Ouesso ? Telle est la principale question de l’heure, au lendemain de la publication des résultats des élections locales du 28 septembre. Si les statistiques parlent, elles ne sauraient, au regard des enjeux, renseigner sur l’issue des votes en vue de la mise en place des différents conseils communaux. Analyse.

La première donnée à retenir, c’est que le scrutin du 28 septembre dernier a permis un remodelage du paysage politique national. Le Parti congolais du travail vient en tête certes (356 sièges sur 860) mais doit conjuguer avec les autres formations alliées ou les indépendants acquis à sa cause pour espérer s’imposer sur l'ensemble des mairies. En effet, et en théorie,  il a contre lui 504 conseillers qu’il lui faut charmer et convaincre. La carte, il doit essentiellemnt la jouer avec les partis de la majorité. Est-ce acquis ? Il n’est pas négligeable pour ce parti au pouvoir de prendre aussi langue avec les partis de l’opposition. "Nous irons en tant que majorité présidentielle. C'est-à-dire, avec une stratégie de la majorité présidentielle", a expliqué Pierre ngolo, le 7 octobre.

Sur ce chapitre, le PCT doit pourtant tenir au collet « l’armée des indépendants » dont personne ne peut deviner les vraies ambitions aujourd’hui. Entre les accords officiellement passés, bien des consignes secrètes sont données sans compter les querelles intestines et autres déceptions nées souvent du non respect des engagements. Le débat, ici, pourrait aussi porter sur la demande des comptes. Ou, pour dire les choses clairement, en de "règlements de compte."

Brazzaville : le PCT est premier mais un défi le guette

Sur le papier, le parti de Pierre Ngolo  aligne une équipe de 34 éléments sur les 101 qui doivent constituer le conseil communal. L’assurance est acquise pour ce parti de placer son candidat à la tête de la mairie grâce au score des partis alliés. Le maire sortant de Brazzaville est membre du PCT et il vient de compiler deux mandats (2003-2014). Nul doute qu’il compte poursuivre son action. Mais il a deux obstacles à franchir : créer l’unanimité de ses camarades autour de sa candidature. Sauf que le PCT-Brazzaville est géré par Gabriel Ondongo, qui lui aussi a été élu conseiller. Dans cette course interne au PCT, bien d’outsiders risquent de venir fausser le jeu. Ou lui apporter une dose de suspense. « L’armée des femmes » n’est pas à négliger quand on sait que le parti veut refaire son image après avoir été longtemps taxé de « machiste ». Parmi les élues de ce parti à Brazzaville, figurent des femmes de tête et d'action telles Ikia Sassou-N’Guesso, Charlotte Opimbat ou Mensah Sassou N'Guesso, conseillère à l'Île Mbamou dont les ambitions pour la mairie de Brazzaville sont plus ou moins affichées. 

Pointe-Noire : rien n’est acquis pour le maire sortant

La ville océane a droit à 75 conseillers alors que l’actuel maire porte les couleurs du MAR qui, avec ses 11 conseillers, ne peut rien imposer sauf d’implorer ses alliés de lui concéder le siège. Or, le Club 2002-PUR, bien que ne disposant que de 5 conseillers dans la ville, n’est pas moins tenté de briguer le fauteuil municipal. Wilfrid Nguesso, président du Club 2002,, l’a dit et redit lors de la campagne. Si les uns et les autres restent accrochés, il reviendra au PCT de trouver une issue qui ne fasse pas mauvaise tache.

Dolisie : Pour qui vont rouler les indépendants ?

Sur les 45 conseillers de la troisième ville du Congo, 13 ont le statut d’indépendants. L’Upads avec 15 sièges vient en tête mais sans espoir de briguer la mairie. Le PCT, « champion national », lui, s’est contenté de 6 sièges. Un tel tableau conduit à dire que tous, même les partis non cités, vont lorgner vers les « indépendants ». À moins qu’en se présentant aux élections, ces derniers aient servi simplement d’écran pour reporter, sans débat, leurs voix vers le « sponsor », le moment venu. C’est-à-dire à l’heure des votes internes. Pour qui vont rouler les « indépendants » ? Telle est la question.

Nkayi : le PCT out ?

On aurait peut-être parlé de sanction pour le grand parti. Avec 1 siège, rien ne lui est acquis dans la ville sucrière où le nombre de conseillers est de 29. Ici, les indépendants totalisent 12 sièges, l’Upads 4. Les autres partis tels DNV, UR, MUST, UMP, PADI et MAR obtiennent un siège chacun. Quelle que soient les combinaisons, l’élection du futur maire tient à beaucoup de paramètres. Seules les grandes manoeuvres dont les politiques ont le secret pourraient faire basculer les choses.

Mossendjo : Maurice Mbobi inquiet ?

L’actuel maire porte l’estampille du PCT qui n’a que 5 sièges sur les 25 qui reviennent à la ville. En face, l’équipe des indépendants avec ses 15 sièges négociables. « Il n’y a rien pour rien. Et nous tenons la dragée haute au PCT », a déclaré un « indépendant » sous couvert de l'anonymat. Les autres partis ne font pas le poids même s’ils peuvent se lancer à la conquête des voix. L’Upads par exemple n’a obtenu que 4 sièges.

Ouesso : la dernière « cartouche » du PCT

C’est la dernière des communes de plein exercice. Si Brazzaville paraît acquise au PCT, aucune autre ville ne rassure le « grand parti ». Reste donc Ouesso où le score du PCT se lit 10 sur 25. Face à lui, onze indépendants auxquels il faut ajouter 4 sièges des partis comme PULP, MCDDI et RC. Ici, comme ailleurs, alors que les indépendants vont certainement « jouer les paons », le PCT doit prendre des allures de grand chasseur pour ne pas laisser fuir le seul gibier qui lui garantira un menu achalandé, à l’heure du compte, sur la carte territoriale.

 

Jocelyn Francis Wabout