![]() Diplomatie : Félix Tshisekedi attendu à BruxellesJeudi 5 Septembre 2019 - 15:15 Le président de la République démocratique du Congo (RDC) sera en visite officielle sous peu dans la capitale de la Belgique, siège des institutions européennes, qui vit une double transition institutionnelle assez inédite. Le nouveau gouvernement fédéral belge fait encore l'objet d'intenses négociations post-électorales, tandis que la Commission européenne est également en pleine transition. Le chef de l'Etat congolais sera à Bruxelles à partir du 17 septembre, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères belge rendu public le 2 septembre. « Après un accueil officiel par le Premier ministre et une réunion gouvernementale au Palais d’Egmont, le président Tshisekedi sera reçu par Sa Majesté le roi au Palais royal. Le président rencontrera ensuite des représentants des entreprises belges. Il poursuivra sa visite en Belgique par des réunions de travail avec des acteurs institutionnels et économiques », indique la source. Dans ce communiqué, le ministère des Affaires étrangères de Belgique se réjouit du fait que cette visite officielle du président congolais confirme la redynamisation de la relation de grande proximité qui existe les deux pays et offre également l’opportunité d’élargir et d'intensifier la coopération bilatérale. « Les échanges sur les attentes et projets des autorités congolaises permettront aux deux pays d’identifier les domaines où la Belgique pourrait soutenir les efforts de réformes et de changements annoncés par les autorités congolaises, au bénéfice de la population », explique-t-on. « Période mal choisie »
Les habitués des couloirs décisionnels haussent le sourcil et s'interrogent sur la pertinence d'une « période particulièrement mal choisie », à un moment où Bruxelles vit une double transition institutionnelle assez inédite. « Pourquoi planifier la visite d'un chef d'État africain quand les institutions à la fois belges et européennes sont en plein remaniement et que les nouveaux décideurs vont bientôt entrer en fonction? », s'est interrogé un expert des relations internationales, contacté par le Courrier de Kinshasa. A cet effet, ce dernier rappelle que depuis le 26 mai, date des élections européennes et fédérales belges, « Bruxelles est en ébullition». Au niveau belge, le gouvernement fédéral fait encore l'objet d'intenses négociations post-électorales et ne devrait pas voir le jour avant fin octobre. Au niveau européen, la Commission européenne présidée par Jean-Claude Juncker, dont le mandat se clôture le 31 octobre, est entrée dans une phase délicate de clôture de dossiers épineux. « L'heure n'est plus aux décisions majeures mais aux difficiles négociations et aux changements institutionnels, sans compter le Brexit », rappelle l'expert, précisant que la nouvelle présidente de la Commission européenne prépare encore son équipe, qui n'est pas encore désignée, et le futur haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité n'a évidemment pas encore pris ses fonctions. « Rencontrer les nouveaux députés européens ne semble pas être une option non plus, puisque le parlement européen sera en session plénière à Strasbourg, en France, du 16 au 19 septembre. Pour couronner cet imbroglio institutionnel, Charles Michel, le Premier ministre belge, a été élu président du Conseil européen et prendra ses fonctions à partir du 1er décembre 2019 », analyse le spécialiste.
Au regard de ce qui précède, il est clair que le climat politique à Bruxelles va encore évoluer et que les décideurs que devrait rencontrer Félix Tshisekedi à la faveur de cette visite sont pratiquement tous appelés à changer de fonction dans moins de deux mois. C'est notamment pour les raisons évoquées ci-haut qu'aucun chef d'État non-européen n'a prévu de visite dans la capitale européenne avant novembre. C'est, en revanche, une période propice aux visites des conseillers, voire des ministres des Affaires étrangères, comme en atteste la visite du secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, qui a eu lieu du 2 au 3 septembre. Dans ce contexte, l'arrivée du nouveau président de la RDC est perçue par certains comme un signe d'impréparation, voire d'empressement (ou les deux), qui n'est pas passé inaperçu auprès de nombreux observateurs et spécialistes en affaires publiques européennes. « C'est le genre de faux-pas qui dénote un manque de maîtrise des rouages bruxellois et peut entraîner un déficit d'influence », fait savoir une spécialiste de la communication réputée sur la place de Bruxelles. « On peut certainement arguer du fait que la cible visée privilégie les institutions financières, les chambres de commerce ou les organisations de la diaspora. La question demeure cependant entière: pourquoi choisir une capitale aussi importante que Bruxelles si les principaux décideurs sont appelés à changer le mois prochain ?», s'interroge la spécialiste. Par ailleurs, la visite de Félix-Antoine Tshisekedi à Bruxelles va se dérouler au moment où la RDC ne dispose toujours pas d'un ambassadeur en Belgique et auprès de l'Union européenne. En outre, son consulat à Anvers demeure toujours fermé, à la suite de la dernière brouille diplomatique entre les deux pays, dont les relations ont toujours évolué en dents de scie, tout au long de leur histoire commune. Patrick Ndungidi Légendes et crédits photo :1-Félix Tshisekedi
2 - Félix Tshisekedi et Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères
3- Une vue du Berlaymont, siège de l'Union européenne Notification:Non |