Diplomatie : le nouvel ambassadeur du pape en Belgique sera africain!

Le pape François a résolument décidé de bouleverser la configuration de l’Eglise catholique, et de sortir sa hiérarchie de l’eurocentrisme signe de stabilité au long des siècles sans doute, mais aussi symbole d’une déconnexion de la réalité religieuse au 21è siècle. Celle-ci penche de plus en plus vers les pays du tiers-monde avec le plus de fidèles. Seulement deux jours après avoir annoncé la création de 17 nouveaux cardinaux, dont 13 ayant moins de 50 ans, le Souverain pontife poursuit dans sa logique d’affirmer réellement l’universalité de l’Eglise catholique. Trois des nouveaux cardinaux sont africains. Et le plus emblématique d’entre eux, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, au cœur de l’Afrique.

Le pape argentin accentue le mouvement pour « forcer » l’Eglise, dans son ensemble, à se tourner vers ces « périphéries » qu’il ne cesse de commenter : périphéries géographiques mais aussi périphéries existentielles pour sortir du ronron de la mondanité ecclésiastique. Il vient d’en donner une preuve supplémentaire en nommant, une première, un ambassadeur africain dans une capitale européenne, et non des moindres. C’est, en effet, l’Ougandais Augustine Kasuja qu’il a nommé lundi comme nouveau nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) à Bruxelles.

La diplomatie vaticane était jusqu’ici affaire d’Italiens et de Français. Mais depuis Jean-Paul II, elle commence à se diversifier et compte de plus en plus de ressortissants non-européens. Elle compte désormais cinq à six nonces d’origine africaine, dont le plus chevronné est justement Mgr Kasuja. A 70 ans, ce diplomate raffiné a gravi un à un les échelons de la diplomatie pour acquérir une expérience que beaucoup louent. Rappelons que son dernier poste avant d’être titularisé nonce apostolique a été … Brazzaville, en République du Congo ! Ensuite ce fut l’Algérie, puis l’île Maurice.

Avant sa nomination, mercredi, il était le nonce apostolique au Nigéria et, surtout, l’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Union africaine. Tout en conduisant une politique d’équilibrage au sommet de la hiérarchie de l’Eglise catholique où il poursuit une vaste réforme de dépoussiérage, le pape François entend ne plus s’enfermer dans les habitudes. Un nonce apostolique africain en Europe est aussi le signe d’une normalité qu’il veut transformer en réalité d’Eglise. La désignation de 17 nouveaux cardinaux (tous « étrangers », avec un seul italien) participe aussi de cette volonté. En cas de conclave pour l’élection d’un nouveau pape, les voix du sud seront déterminantes. Avec ses 15 cardinaux de moins de 80 ans, l’Afrique par exemple compte désormais plus de votants que l’Amérique du nord, un signe.