Disparition: Alphonse Souchlaty-Poaty a tiré sa révérence

Né le 25 mars 1941 d’une famille modeste dans le département du Kouilou à l’époque de l’Afrique équatoriale française, ce Congolais au parcours riche et nuancé a traversé de nombreux bouleversements politiques, alternant entre pouvoir, opposition et réflexion académique.

Dès ses jeunes années, il manifeste un vif intérêt pour les affaires publiques et l’économie. Ce n’est donc pas une surprise qu’il rejoigne les cercles intellectuels qui gravitent autour des mouvements de décolonisation dans les années 1960. Après avoir étudié en France, il retourne au Congo et s’implique activement dans le congrès du Parti congolais du travail (PCT), devenant un proche collaborateur de Denis Sassou N’Guesso, une figure dominante de la politique congolaise.

Son implication au sein du PCT, parti unique à l’époque, lui ouvre les portes des hautes sphères de l’administration. Il occupe plusieurs postes ministériels dans les années 1980, dont celui de ministre du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises, poste qu’il occupe de 1986 à 1989. L’homme se distingue par son pragmatisme et sa capacité à fédérer autour de projets économiques novateurs pour le développement du Congo, bien qu’il soit souvent critiqué pour son alignement étroit avec les directives du PCT.

Le 7 août 1989, Alphonse Souchlaty-Poaty est nommé Premier ministre par Denis Sassou N’Guesso. Cette période se révèle être une des plus tumultueuses de la politique congolaise moderne, marquée par le vent de la Baule, une pression croissante pour la démocratisation dans tout le continent africain. Il est l'un des architectes d’un gouvernement qui tente de maintenir l’ordre tout en faisant face aux exigences de réformes démocratiques. Alphonse Souchlaty-Poaty a incarné à la fois les espoirs d'une génération aspirant au changement et la complexité des luttes internes au sein du pouvoir. Décédé le 24 octobre 2024 à Paris des suites d’une longue maladie, Alphonse Souchlaty-Poaty laisse derrière lui une image contrastée : celle d’un homme d’État qui n’a jamais renoncé à ses idéaux, mais qui a souvent été limité par les circonstances politiques de son époque.