Domaine de l'État : des grincements de dents chez les occupants de l'usine de Kinsoundi

Mardi 5 Août 2014 - 21:00

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C'est depuis 1993 que des centaines de familles s'étaient installées dans l’ancienne usine Sotexco au quartier Kinsoundi, dans le premier arrondissement de Brazzaville. La décision du directeur général de la police, Jean-François Ndenguet, leur demandant de libérer les lieux dans un délai de quinze jours fait grincer des dents. 

Cet ultimatum de quitter les lieux avant le 15 août vient en réponse à l’insécurité grandissante constatée au sein de l’ancienne usine, qui serait devenue un repaire des bandits. En effet, ces derniers mois, les occupants assistent, impuissants au pillage de tôles et d’autres pièces abandonnées à l’intérieur d’anciens bâtiments. 

Depui 21 ans, une vie s'est développée sur ce site où se pratiquent aussi toutes sortes de petits métiers. Une vie que les uns et les autres sont contraints  d'abandonner. La décision des pouvoirs publics suscite des regrets et des grincements de dents certes, mais les plus lucides expriment leur reconnaissance pour avoir vécu gratuitement pendant des années. Intérogées, certaines personnes disent avoir déjà trouvé des solutions de logement alors que d'autres vivent encore dans l'angoisse d'une recherche infructueuse. Selon nos investigations, de vieilles personnes abandonnées par leurs familles seraient plus inquiètes. On n’imagine pas ce qu’elles deviendront après le 15 de ce mois. C’est le cas qu'évoque Diack Tyler, qui a rejoint sa mère depuis 1997. « J’ai longtemps vécu à Pointe-Noire et c’est seulement depuis deux ans que je suis venu vivre aux côtés de ma maman, célibataire. Après l’UTS j’irai vivre chez mon père que je ne connais pas assez bien, mais je m’inquiète pour ma mère qui n’a pas encore trouvé où aller », explique-t-il.

Le temps presse aussi pour Pierre, fonctionnaire de l’État congolais qui y  a passé vingt ans. Lui-même ne s'explique pas comment il a pu tenir : « J’avais commencé à construire et au niveau où les travaux se trouvent, je compte vite quitter les lieux et m’installer chez moi à Sangolo. Je souhaite seulement que l’usine ne soit pas abandonnée afin de ne pas permettre à des malfaiteurs de trouver un immense refuge ». 

La mise en garde  d’expulsion est  chaque jour relayée par  les policiers proches du lieu. ce qui ne donne pas finalement du répit à ceux qui auraient bien souhaité que les choses se passent autrement. Patrick lui, a toujours vécu hors des murs de l’usine, mais à l’intérieur toute sa famille (papa, maman et grands-frères) a occupé les lieux depuis longtemps. Aujourd’hui, il a réussi à trouver une maison de location pour sa vieille mère devenue veuve. « C’est un lieu qui va rester dans mes souvenirs surtout parce que j’y ai pleuré mon père. Mon souci c’est l’après. Ce milieu est vaste est si des bandits aujourd’hui perturbent la quiétude des actuels occupants, demain ce sera pire ! ».

Luce Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Un bâtiment dont les tôles ont été pillées (Adiac) Photo2: une allée à l'intérieur de l'usine (Adiac) Photo3: L'arrêt Usine à Kinsoundi (Adiac)