Droits de douane américains : les produits africains touchés

Jeudi 10 Avril 2025 - 16:15

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Washington met à mal l'arrangement spécial qui a favorisé les pays africains dans leurs échanges commerciaux avec les États-Unis au cours des vingt-cinq dernières années, en mettant en place de nouveaux droits de douane sur les importations dans le pays.

Seront touchés par les futurs échanges entre les Etats-Unis et les pays africains les exportations de pétrole brut (Nigeria, Ghana, Gabon, l'Angola) ; les produits textiles (Kenya, Madagascar, Lesotho) ; les exportations de cacao (Côte d'Ivoire), les exportations de véhicules et de métaux précieux (Afrique du Sud). En 2024, l’Afrique a exporté pour 39,5 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis ; alors que les États-Unis ont exporté pour 32,1 milliards de dollars de marchandises vers l'Afrique, soit une augmentation de 11,9 % (3,4 milliards de dollars) par rapport à 2023. Or, les exportations africaines vers les États-Unis ne représentaient que 6,4 % des exportations totales du continent en 2022. Un commerce  qui a connu un déclin au cours de la dernière décennie. En cause, l'augmentation de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, qui a réduit la nécessité d'importer du pétrole brut des pays africains, qui était la principale exportation du continent.

La loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) avait donné aux exportateurs africains un accès en franchise de droits au marché américain pour de nombreux produits dans des conditions bien définies. Avec la récente annonce de l'administration Trump sur les droits de douane, l'avenir de l'Agoa devient incertain. Les nouveaux tarifs douaniers touchent des pays du monde entier, à savoir une vingtaine de pays africains dont les exportations seront soumises à un taux plus élevé que le taux fixe de 10 %. Dans des pays comme le Lesotho, Madagascar et l'Afrique du Sud, où les exportations vers l'Amérique alimentent des secteurs clés, notamment le textile et les véhicules, les entreprises s'efforcent d'évaluer les dommages potentiels. Pour d'autres, les exportations de cacao et de pétrole brut seront plus touchées.

L'impact sur les pays africains

Environ la moitié des pays d'Afrique sera soumise au tarif forfaitaire de 10 %, le Nigeria et l'Afrique du Sud (de 14 % et 30 % respectivement) ; le Lesotho, pays le plus touché en Afrique (50 %), Madagascar (47 %). Selon le bureau du représentant américain au commerce, un classement des pays africains par exportation et produits dans le cadre de l'Agoa en 2022 a montré :

-Afrique du Sud (3,6 milliards dollars; principalement véhicules et pièces détachées, fruits, métaux précieux et produits chimiques)

-Nigeria (3,5 milliards dollars ; essentiellement du pétrole brut)

-Ghana (746 millions dollars ; essentiellement du pétrole brut)

-Kenya (614 millions dollars; principalement dans le secteur de l'habillement)

-Madagascar (406 millions dollars ; principalement dans le secteur de l'habillement)

-Angola (391 millions dollars; exclusivement du pétrole brut)

-Lesotho (260 millions dollars; principalement dans le secteur de l'habillement)

-Côte d'Ivoire (127 millions $ ; principalement des produits de cacao)

-Gabon (125 millions $ ; pétrole brut)

-Congo (92 millions $; principalement du minerai de cuivre et des produits)

-Tanzanie (75 millions $, principalement dans le secteur de l'habillement), et

-Maurice (74 millions $ ; principalement dans le secteur de l'habillement).

Ce (nouveau droit de douane) modifie fondamentalement le paysage commercial de l'Afrique avec les États-Unis L'Agoa doit expirer en septembre de cette année, mais avec ces droits de douane en place, on ne sait pas si l'accord commercial préférentiel entre les États-Unis et les pays d'Afrique subsaharienne aurait encore un effet.

Noël Ndong

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