Émergence économique : le débat initié par le Ceprod laisse les participants sur leur faimJeudi 15 Mai 2014 - 19:35 La conférence débat sur l’émergence économique, organisée le 13 mai à Brazzaville par le Centre de prospective pour le développement (CEPROD) a certes mobilisé du monde. Seulement, les attentes des invités n’ont pas été comblées. Ils ont été nombreux à quitter la salle sur leur faim, malgré les arguments développés par le conférencier, Antoine Ngakosso
Pour les enseignants, étudiants et autres passionnés du débat, celui-ci a été désorienté. Ils attendaient du conférencier, outre les aspects théoriques, qu’il ramène le débat dans le contexte congolais. Une contextualisation du débat qui aurait permis aux uns et aux autres d’apprécier la pertinence de la question telle qu’elle se présente au Congo. De nombreuses observations ont été faites dans l’assistance, comme l’apparition de nombreux acronymes pour désigner les rassemblements des pays émergents ou potentiels, ou la volonté manifeste des dirigeants des États à faire évoluer leurs économies vers l’émergence à un horizon bien déterminé. Il a été observé par exemple que le Congo ne figure pas parmi les nombreux acronymes alors que la volonté politique est affichée d’aller vers l’émergence. D’où cette question au conférencier : l’émergence du Congo est-elle possible en 2025 ? Est-ce un slogan ou une illusion ? Les participants insatisfaits ont exigé des pré-requis et des critères consensuels de l’émergence d’une économie. Pour ces derniers, le débat devrait se focaliser sur ces éléments. Le professeur Antoine Ngakosso a donc passé en revue les conditions préalables de l’émergence économique avant de s'appesantir sur les critères et les étapes exigés pour un pays candidat à l’émergence. « On voudrait savoir si l’émergence est un modèle ou encore une étape. En parlant de ce concept, même s’il n’existe pas une définition consensuelle, il y a eu des gens, sous d’autres cieux, qui ont pu créer un cadre analytique permettant de dégager des indicateurs susceptibles de mieux renseigner sur la notion d’émergence », a décrié un participant. Affichant leur indignation, certains participants ont, dans le jeu des questions-réponses, consenti que le Congo était un pays émergent. Reste qu’il existe des insuffisances à corriger au nombre desquelles la formation des citoyens. « Arrêtons de consommer les concepts des autres. Un pays ne peut pas être émergent sans son secteur privé », a expliqué un autre participant non sans évoquer l’immigration. Des interventions qui n’ont pas laissé le conférencier indifférent. Antoine Ngakosso a dû circonscrire le débat. On retiendra que son exposé portait sur les critères d’un pays émergent. « À vous de juger et de comparer au contexte congolais ! », a-t-il lancé. Il s’agit, par-delà tout, de permettre aux décideurs publics d’apprécier si la trajectoire économique et sociale que suit le Congo conduit vers l’émergence ou l’en éloigne. « Chaque citoyen a sa pierre à apporter dans l’édification du développement. Mais nous savons aussi que le développement est une œuvre d’une longue haleine. L’émergence économique n’est qu’une étape (…) Nous avons du pain sur la planche et nous devons l’avoir en esprit car pour se développer, un pays a besoin de valeurs et de repères », a conclu le professeur sénégalais Adama Diaw de l’Université de Dakar, modérateur de la conférence.
Nancy France Loutoumba |