Énergie : le Rwanda veut exploiter un méthane jugé dangereux dans le lac Kivu

Avec une superficie de 2.370 km² et 485 mètres de profondeur par endroit, le lac Kivu contient, selon les estimations, quelque 60 km³ de méthane dissous et environ 300 km³ de dioxyde de carbone (CO2). « Le lac Kivu est un lac à problème dans lequel on trouve du dioxyde de carbone en volume assez important et du méthane, un gaz qui peut servir de détonateur à une éruption limnique. C’est une remontée des eaux profondes chargées en gaz mortel qui se répandrait alors dans l’atmosphère », a expliqué Matthieu Yalire, chercheur à l’Observatoire volcanologique de Goma, sur la rive congolaise du lac. « Pour l’instant, le lac est stable mais pour combien de temps ? », s'interroge Matthieu Yalire. Il estime qu’extraire le méthane permet de « stabiliser » le lac.

Martin Schmid, chercheur à l’Institut suisse de recherche sur l’eau et les milieux aquatiques (Eawag) pense qu’il est essentiel d’extraire le gaz du lac, car « si on laisse les gaz s’accumuler pendant une longue période, il faudra s’attendre à un moment à une éruption catastrophique de gaz ».

Actuellement, des centaines d’ouvriers sont à pied d’œuvre autour d’une plateforme qui, d’ici fin 2014, sera installée sur le lac pour aspirer le méthane piégé dans les profondeurs. En effet, l’électrification est l’un des objectifs du gouvernement rwandais qui veut que d’ici 2017, 70% de sa population ait accès à l’électricité contre seulement 18% aujourd’hui.

Le méthane va aussi permettre de diversifier les sources d’énergie du Rwanda où 46% d’électricité est d’origine thermique. Sachant que la facture annuelle du carburant importé pour alimenter des centrales s’élève à 40 millions de dollars.