![]() Enjeux politiques : 2018, une année électorale en RDCSamedi 30 Décembre 2017 - 14:15 Alors que le gouvernement a confirmé sa détermination à mettre à la disposition de la Centrale électorale les fonds prévus pour l'organisation des scrutins selon le chronogramme convenu, les apports extérieurs, quant à eux, se font toujours désirer à douze mois des échéances.
Les partenaires extérieurs, eux, n’ont trouvé rien à redire sur le chronogramme de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) publié le 5 novembre 2017, choisissant cette fois-ci de mettre cette Centrale électorale et les autorités politiques devant leurs responsabilités. Il n’y aura donc plus de sursis. Lors de son récent passage en RDC, l’ambassadrice américaine à l’ONu, Nikki Haley, avait émis le vœu de voir les élections se tenir en 2018. A défaut, avait-elle menacé, la RDC ne pourra plus compter sur l’appui de la communauté internationale et celui des Etats-Unis. Autant dire que tous les yeux sont à présent rivés sur la Céni qui doit mettre à contribution son expertise pour conduire les Congolais aux élections à cette date, quitte au gouvernement de faire sa part en lui dotant des moyens nécessaires. Au stade actuel, tout paraît baigner dans l’huile. Le processus électoral mis sur orbite depuis la promulgation de la loi électorale avance à grandes enjambées. D’ici au 31 janvier 2018, l’enrôlement dans l’espace Kasaï (Kasaï, Kasaï Central, Luilu et Kamiji) sera clôturé. Ce qui, fondamentalement, va déblayer le terrain pour l’examen et l'adoption par le législateur de la loi sur la répartition des sièges, d’autant plus que le calcul y afférent se fera sur la base du nombre des électeurs enrôlés. Nonobstant quelques légers retards, la Céni est jusque-là dans le bon par rapport à son calendrier électoral. L'appui financier externe conditionné à l'ouverture de l'espace démocratique C’est donc à un véritable challenge que se livre la Centrale électorale, obligée de réunir un montant de 528 millions de dollars pour assurer l’organisation complète des scrutins présidentiel, législatif et provincial. Reprise dans les prévisions budgétaires de 2018, cette somme sera allouée progressivement à la Céni au fur et à mesure que le gouvernement aura à engranger des recettes, a laissé entendre son porte-parole au cours de son dernier point de presse. Toutefois, la volonté de l’exécutif national à tenir ses engagements financiers est mise en doute par certains opposants qui ne souhaiteraient pas qu’une fois encore, le prétexte lié au manque d’argent ne soit brandi pour justifier un énième report des scrutins. Entre-temps, la corbeille des apports promis par la plupart des partenaires extérieurs de la Céni, notamment l’appui substantiel dans l’organisation du processus électoral, est restée désespérément vide jusqu’à ce jour. L’Union européenne et la Belgique, par exemple, continuent d'assortir leur appui financier des préalables qui touchent précisément à l’élargissement de l'espace démocratique. Il y a donc lieu de se demander si la Céni aura, à temps voulu, les moyens financiers et logistiques nécessaires pour organiser les scrutins dans les délais. L'espace politque national toujours brumeux Aux contraintes légales et financières, il faudrait ajouter le défi sécuritaire. S’il y a lieu de saluer le retour progressif à une vie normale dans plusieurs entités du Grand Kasaï secoué jadis par l'activisme sanglant de groupes terroristes « Kamuina Nsapu », il y a tout aussi lieu de craindre la résurgence de l’insécurité à l'est du pays. La récente attaque des présumés rebelles ougandais des ADF contre une position de la Monusco, à Semuliki, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu) ayant entraîné la mort de quatorze Casques bleus, laisse penser que l’autorité de l'Etat dans cette partie du pays demeure encore un grand chantier. La persistance de l’insécurité dans l’ex-Kivu, où fulminent des groupes armés sans foi ni loi, est de nature à empêcher toute activité de la Céni et même de la Monusco qui vient en appoint sur le plan logistique. Et pendant que la Céni s’emploie à appliquer son calendrier en s’affairant dans l’accomplissement des étapes restantes ( la commande des kits et leur déploiement), le ciel politique congolais demeure toujours brumeux avec, à la clé, une série des manifestations récurrentes initiées par une opposition radicale qui n’a pas encore dit son dernier mot. Elle n’a cure du calendrier électoral et réclame le départ de Joseph Kabila hic et nunc. Des manifestations toujours recalées qui se terminent souvent en eau de boudin, sans fléchir d’un iota une gouvernance politique qui tient toujours le bon bout. « L’opposition n’est pas prête à aller aux élections », ironisent, tout sérieux, les affidés de la majorité présidentielle, qui semblent plutôt s’accommoder à ces actions de rue qui ne font qu’enliser, à leur bonheur, un processus électoral déjà si bien engagé. Plus le processus piétine et s’agrippe, plus ils prolongent leurs instants de jouissance dans des institutions politiques déjà hors mandat. Qu’à cela ne tienne. Le 23 décembre 2018, les Congolais iront-ils aux urnes ? Difficile, pour l'heure, d’y répondre par l’affirmatif tant les signaux positifs sont jusque-là faibles. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Une électrice dans un bureau de vote à Kinshasa Notification:Non |