Environnement : vendeurs et acheteurs se plaignent de la pollution au marché MoungaliMercredi 28 Août 2013 - 15:45 L’hygiène fait trop souvent défaut dans certains marchés de Brazzaville. Alors que les fortes pluies vont bientôt faire leur retour, vendeurs et vendeuses croupissent dans les immondices avec tous les risques de maladies que cela comporte Au-delà des ordures, vendeurs et acheteurs se plaignent surtout des mauvaises odeurs remontant de temps à autre des canalisations où l’on déverse de l’eau puante, des urines et parfois même des matières fécales. Il est 12 heures au marché Moungali, dans le troisième arrondissement. Les commerçants crient à tue-tête pour vanter la qualité de leurs produits. En cette fin août, on transpire un peu, mais ce n’est pas la chaleur qu’on redoute le plus. L’ennemi, c’est plutôt les odeurs nauséabondes provenant des canalisations bouchées. Pour éviter d'inhaler ces émanations entêtante qui peuvent être à l’origine de nombreuses maladies, les vendeurs sont obligés de se boucher les narines. « C’est l’Afrique. Nous sommes obligés de supporter », déclare un vendeur ouest-africain bouchant ses narines à l’aide d’une pochette. Le président du comité de ce marché accuse les vendeurs mais surtout le responsable de la croissanterie Le Bourgeois, située à l’entrée du marché. « Ce sont les employés de la croissanterie qui jettent les ordures dans les canalisations. Nous les avons surpris à plusieurs reprises. Ils promettent de les curer, mais ils ne font rien. Les personnes qui vivent à proximité du marché sont également responsables de cette situation. Faute de toilettes, ils font leurs besoins nuitamment et déversent des matières fécales dans les canalisations. Nous contactons souvent la mairie et même la gendarmerie, mais lorsque les coupables sont convoqués, tout se règle à l’amiable et le dossier est clos », s’est plaint le président du comité de marché de Moungali, Dimi Nianga. Il n’est pas étonnant, ajoute-t-il, de tomber sur des vendeurs qui font leurs besoins dans des marmites ou des objets en plastique et les déversent nuitamment dans l’enceinte du marché. Pour en savoir un peu plus sur cette situation, nous nous sommes rapprochées de la croissanterie Le Bourgeois qui nie les faits qui lui sont reprochés. En dehors des odeurs, le marché est exposé à une situation d’insalubrité extrêmement grave, en dépit de la campagne médiatique orchestrée par les autorités du pays. À plusieurs endroits, ce sont des tas d’ordures, de l’eau stagnante puante qu’on rencontre, tant à l’intérieur des marchés que dans la périphérie. Gisèle, une vendeuse d’habits, déplore l’absence d’un service d’hygiène qui, d’après elle, n’existe plus de nos jours pour contrôler l’exposition des produits dans les marchés. « Les petits détaillants se soucient très peu de ces conditions. La question est que chacun se contente de liquider ses marchandises. Dans les années 1970, les marchands de viande devraient recouvrir leur produit d’un papier plastique. Tout manquement aux règlements équivalait à une journée de garde à vue et une amende », a-t-elle rappelé. Une vendeuse de poisson à l’étalage nous a expliqué qu’il existait un système de rotation chaque semaine. On vend un lundi sur deux. L'autre lundi est réservé au nettoyage du marché. Lorsqu’un vendeur ne participe pas au nettoyage, on vient déverser devant sa table un tas d’ordures pour le punir et lui rappeler son devoir. D’autres commerçants affirment qu’ils font tout pour maintenir le marché propre, car, expliquent-ils, en matière de commerce la propreté attire la clientèle. « On ne peut pas vendre dans les ordures, ça c’est clair ! Le soir, le boucher racle sa table ; les commerçantes balaient le matin et le soir à la fermeture. Le vrai problème, c’est que la municipalité ne vide pas les poubelles », affirme un autre vendeur. Difficile de comprendre comment des personnes arrivent à vendre et surtout à se nourrir dans cet environnement pollué ! Qui de la mairie ou de la population a la responsabilité de curer les caniveaux ? L’insalubrité est à l’origine de plusieurs cas de maladies, d’où l’importance et la nécessité d’assainir les lieux publics, dont les marchés, et de procéder à des mesures d’hygiène. Yvette-Reine Nzaba Légendes et crédits photo :Photos 1 et 2 : Des caniveaux bouchés et des eaux stagnantes; (© DR)
Photo 3 : Le président du comité du marché de Moungali, Dimi Nianga. (© DR) |