Etats-Unis / Cuba : Washington annonce de nouvelles mesures pour assouplir l’embargoMercredi 16 Mars 2016 - 14:30 Le gouvernement américain a fait de nouvelles brèches, mardi, dans l’embargo commercial des États-Unis contre Cuba. Cette annonce intervient à quelques jours de la visite historique du président Barack Obama à La Havane, prévue du 20 au 22 mars. Il s’agira de la première visite d’un président américain en exercice dans ce pays depuis près de 90 ans. Parmi les mesures retenues pour faire tomber les barrières économiques entre les deux pays, barrières en vigueur depuis cinquante ans et mises en place au plus fort de la Guerre froide, figure l’assouplissement de l’interdiction du tourisme américain à Cuba. Il y a aussi le fait que les Américains se rendront dorénavant plus facilement à Cuba, même si certaines conditions restent encore exigeantes : par exemple remplir un formulaire attestant que le voyage que l’on effectue est fait à des fins éducatives, plutôt que touristiques. Ils pourront s’installer sur l’île et exercer des activités éducatives ou humanitaires. Ils pourront aussi consommer des produits cubains, ce qui était jusqu’alors interdit. De même, les autorités américaines vont permettre aux marchandises acheminées par voie maritime des Etats-Unis vers Cuba de poursuivre leur route vers d’autres pays. Du côté des Cubains, ils pourront dès à présent travailler sur le territoire américain. Les citoyens cubains seront de la sorte en mesure d’obtenir une rémunération aux États-Unis pourvu qu’ils ne paient pas de taxes spéciales à Cuba. Les athlètes et autres artistes ont été particulièrement identifiés comme de possibles bénéficiaires. Quant au courrier postal entre les deux pays, il va être rétabli après un demi-siècle d’interruption. Les États-Unis ont aussi éliminé une interdiction de l’accès cubain au système bancaire international. Ceci, parce que l’incapacité d’acheminer ou de recevoir des paiements passant par le système bancaire américain a plombé les occasions commerciales du pays avec des pays tiers et est devenu un obstacle majeur à la tentative des États-Unis de normaliser les relations avec Cuba. Toutes ces mesures sont encore symboliques puisque l’embargo économique entre ces anciens ennemis, décrété en 1962, n’est pas encore levé. Il faut pour cela que le Congrès américain, actuellement contrôlé par les Républicains et très critique à l’égard de la politique de Barack Obama, donne son accord à ce sujet. Pour l’instant, tout porte à croire que la fin de l’embargo, les garanties accrues pour l’opposition cubaine, le respect des standards internationaux de droits de la personne, la rétrocession à Cuba des terrains occupés par la base militaire américaine de Guantanamo, le dédommagement aux entreprises nationalisées après la révolution et l’indemnisation pour les impacts de l’embargo ne seront pas annoncés à court terme. Commentant les mesures d’assouplissement annoncées par Washington, le conseiller adjoint à la sécurité nationale des Etats-Unis, Ben Rhodes, a dit croire « profondément » que toute décision visant à assouplir ces restrictions était d’un meilleur intérêt pour les États-Unis. « Cet assouplissement permettait de soutenir la population cubaine et de bâtir des ponts entre les deux pays », a-t-il estimé. Pour l’heure, le gouvernement cubain n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat sur ces mesures annoncées par l’administration Obama. Tom Popper, le président de insightCuba, l’une des entreprises les plus importantes dans l’organisation de voyages américains à Cuba a dit, en ce qui concerne les citoyens américains, que « ces mesures sont plus près que jamais du voyage sans restrictions ». La question des droits de l’homme sera abordée à La Havane La visite de Barack Obama à Cuba sera un moment tout indiqué pour les présidents Raoul Castro et son homologue américain d’inscrire leurs noms dans l’histoire de la géopolitique mondiale. « Le président Obama sera reçu ici avec respect », a déclaré la négociatrice principale de Cuba pour les relations avec les États-Unis, Josefina Vida, confirmant ainsi la visite du président américain en sol cubain. « Nous croyons que cette visite lui donnera la possibilité de mieux connaître la réalité du peuple cubain. », a-t-elle affirmé. Pour Josefina Vida, il n’y a pas de doute : les négociations sont entrées dans une nouvelle étape, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. « Nous voulons forger une nouvelle relation avec les États-Unis, a-t-elle poursuivi. Une relation basée sur les liens historiques de nos peuples et de nos pays », a affirmé la négociatrice cubaine. A la faveur de la visite du patron de la Maison Blanche, les deux parties aborderont la question des droits de l’Homme. Barack Obama avait déjà annoncé sa volonté de rencontrer les dissidents cubains lors de sa prochaine visite à La Havane. A ce sujet, Josefina Vidal a répondu que « Cuba est ouvert à négocier n’importe quel sujet avec les États-Unis et cela inclut les droits de la personne. Mais sur ce thème, comme c’est le cas pour la démocratie, les modèles politiques et les relations internationales, nous avons des conceptions différentes ». La négociatrice a ajouté que les discussions sur ces sujets doivent toujours respecter les principes de « réciprocité et non-intervention ». Notons pour rappel qu’il y a plus d’un an que les gouvernements américain et cubain ont renoué le contact et ouvert le vaste chantier de la normalisation de leurs relations, avant le rétablissement de leurs relations diplomatiques en juillet. Le 11 décembre de l’année dernière, les deux pays avaient annoncé le rétablissement de leurs liaisons postales directes. Washington avait aussi annoncé la reprise des vols réguliers vers Cuba à la suite du rétablissement historique des relations diplomatiques entre les deux pays en juillet. Pour l’heure, le rapprochement entre ces deux anciens ennemis de la Guerre froide reste suspendu à la levée de l’embargo économique imposé en 1962 par Washington. A ce sujet, le président Barak Obama fait de son mieux pour l’alléger mais le Congrès, dominé par les républicains refuse la levée totale des sanctions.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |