Evocation : le général Charles de Gaulle, un héros universelJeudi 25 Juin 2020 - 19:06 La figure éponyme du général de Gaulle est connue des Congolais. Mais, peu de nos compatriotes ne connaissent pas le fait d’armes qui l’a élevé au rang du plus grand héros français du 20ème siècle. C’est l’un des nombreux paradoxes culturels dans l’histoire des relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique. L’histoire de la France reste une inconnue, absente de nos programmes scolaires. L’histoire de l’homme de l’Appel du 18 juin nous est contée à travers une légende fantastique. C’est « l’héroïque Di Ngol aux vastes poches bourrées de soldats invincibles qui met en fuite le méchant Itilère. Envoyé du diable, Itilère voulait purger la terre de la race humaine et la remplacer par des batraciens. Seul, le vaillant Di Ngol doté de mystérieux pouvoirs put déjouer le diabolique projet ». C’est ce que j’entendis des lèvres de mes aînés à l’école primaire. L’illustration sur le piédestal du buste de l’homme d’Etat français au square de Gaulle à l’entrée de Bacongo n’est pas loin de cette légende. A côté de l’imagination populaire, on pourrait aussi faire œuvre utile en collant à la réalité en donnant au héros la place incontestable qui est la sienne dans les cœurs de tous les hommes qui se battent pour l’honneur, la dignité et l’indépendance de leurs peuples comme il le fit. Parce que le général Charles de Gaulle est un héros universel. Voici en quelques lignes comment il entra dans l’histoire. En 1940, la France est dans la tourmente. Entrée en guerre contre l’Allemagne en 1939 pour soutenir la Pologne agressée, l’offensive allemande de juin 1940 met en déroute son armée. Paris est occupée le 10 juin. La débande met en fuite gouvernement et population. Le gouvernement se réfugie à Bordeaux dans le sud-ouest du pays. Entretemps, le 6 juin, le chef du gouvernement, Paul Reynaud qui est aussi ministre de la guerre a nommé dans son cabinet, un sous-secrétaire d’Etat à la guerre et à la Défense nationale. C’est un général qui vient d’être élevé à titre temporaire (selon la coutume française de l’époque) à ce grade au regard de sa bravoure sur le champ de bataille. Ce général, Charles de Gaulle est aussi connu de Paul Reynaud comme l’un des meilleurs théoriciens de l’art militaire dans l’armée française qui n’a eu de cesse d’appeler à la modernisation de l’armée en la dotant d’unités autonomes de blindés. Face au désastre militaire qui se prépare, le chef du gouvernement veut faire bloc avec la Grande Bretagne pour éviter de passer par les fourches Caudines, c’est à dire le diktat de l’ennemi. Le général de Gaulle est chargé de coordonner l’action du gouvernement français avec les Anglo-saxons. Il fait des va-et-vient entre la France et l’Angleterre. Au retour d’un de ses voyages, le 17 juin 1940 à Bordeaux, il apprend consterné la démission du gouvernement Reynaud et son remplacement par le maréchal Philippe Pétain. Le nouveau chef du gouvernement et l’ancien sous-secrétaire d’Etat de Gaulle sont de vieilles connaissances dans l’armée qui se s’étaient brouillés autour d’un livre. Le même 17 juin, le général de Gaulle profite du retour de l’avion qui l’avait débarqué des heures plus tôt pour repartir en Angleterre. Cet avion avait été dépêché par le Premier ministre britannique Winston Churchill pour emmener Paul Reynaud en Angleterre, mais celui-ci ne fut pas du voyage. L’ancien chef du gouvernement Reynaud était partisan du refus de l’armistice dont le bruit courait déjà les rues de Bordeaux. Une fois à Londres, il devait prendre la tête d’un cabinet franco-britannique de guerre à l’effet de continuer les hostilités. Mais avant son éviction, le plan de Reynaud était plutôt de se rendre en Afrique du nord vers où il appareillera le 19 juin. Le 18 juin 1940, le général Charles de Gaulle se retrouve donc à Londres. Comme l’ancien chef du gouvernement Paul Reynaud, il ne veut pas entendre parler de l’armistice. Toutefois, cette fois-ci, il n’est pas à Londres en mission du gouvernement français. Il est à Londres à titre personnel. Toute action qu’il entreprendrerait en engageant la France sera illégale. C’est ici que va se révéler sa personnalité. En effet, c’est sous le sceau de l’illégalité comme cela se passe dans le monde, quand tonne la révolte face à l’inacceptable que sera acté le premier pas de la résistance de Charles de Gaulle. Le 18 juin 1940 entrera définitivement dans l’histoire. C’est ce jour que sera diffusé sur les ondes de la radio britannique BBC son appel aux Français à le rejoindre afin de poursuivre le combat. Il bénéficia dans cette entreprise du soutien du Premier ministre britannique Winston Churchill, mais c’était une initiative personnelle d’un citoyen, d’un soldat, d’un officier supérieur qui se mettait en travers des décisions du gouvernement de son pays en temps de guerre. Il risquait gros en termes de représailles qui suivront. Mais, entre le Résistant et le gouvernement légal de la République française, le bras de fer dont l’enjeu était l’honneur, la dignité et l’indépendance de la France venait de commencer. ( à suivre) François Ikkiya Onday-Akiera Notification:Non |