Famille : questions d’héritageVendredi 7 Février 2025 - 9:00 L’histoire du laboureur et de ses enfants nous enseigne une belle morale : celle de la culture du travail, plus précieuse que les biens que l’on peut hériter d’un père. Cependant, un père travaille sa vie durant pour le bien-être de sa famille et pour l’avenir de ses enfants, l’héritage leur accordant ainsi un bon départ dans la vie. Tous les enfants sont-ils pour autant de bons héritiers ? Et sur quelles bases un père choisit-il son successeur ? Question épineuse et délicate qu’est celle de l’héritage au sein des familles et de la société. En effet, le patrimoine légué d’un père à ses fils pose souvent problème et ce dans toutes les régions du monde. L’héritage sous-tend une notion de confiance, d’amour, d’estime, de droit légal, coutumier ou traditionnel et finalement simplement de choix entre une personne au soir de sa vie et tous ses ayants droit et ses potentiels successeurs. En Afrique, cette question s’avère encore plus épineuse qu’elle ne l’est dans le reste du monde parce que le droit légal n’est pas suffisamment ancré dans la vie sociale et qu’il se montre de faible secours face à un droit coutumier, traditionnel où sévissent des réalités, des luttes et des batailles qui n’ont pas grand-chose à avoir avec les lois naturelles. Bien que la notion de « grosses fortunes » commence à se répandre en Afrique anglophone, dans celle francophone, l’héritage n’est souvent qu’une question de strict nécessaire pour vivre confortablement en attendant que les enfants, par eux-mêmes, ne trouvent leur place quelque part, dans la vie et dans le monde et là encore, la lutte est intense. D’un coin à l’autre de la planète, dans les familles les mieux organisées, à l’image de celles où le nom devient un véritable label, une marque de fabrique, une institution, la question d’héritage devient importante car il s’agit alors au minimum de maintenir un flambeau élevé et au mieux de faire mieux que les pères, mieux que le prédécesseur soit en innovant, soit en élargissant l’espace de la tente et cela ne relève pas toujours de l’étroitesse du sang. En effet, en Afrique où le cas est le plus illustratif de la complexité des liens de transmission, dans les générations 1960 et en amont, rares sont les enfants qui ont grandi avec leurs parents. Pour des besoins de scolarisation ou autres raisons propres à la famille, l’enfant était souvent élevé par un frère, une sœur ou un cousin éloigné. Ces enfants n’ont reçu ni l’affection de leurs parents ni même leur éducation. Arrivés à l’âge adulte, ils se sentent plus redevables envers cet oncle ou cette tante, plus qu’envers leurs propres parents. Pour honorer la mémoire de ceux qui les ont élevés, ils se mettent paradoxalement à investir dans leurs neveux et nièces même très éloignés plutôt que dans leurs propres enfants. L’héritage, et c’est là que ça devient intéressant, n’est pas non plus toujours une simple question de finances et de matériel, mais aussi de connaissances et d’une certaine sagesse qui en elles-mêmes et par elles-mêmes choisissent leur héritier indépendamment de la volonté de la personne qui souhaite et se doit de les transmettre. La vie a ses lois et ses codes propres qui échappent à la compréhension des Hommes. Ainsi, tout héritier potentiel doit par lui-même et pour lui-même se montrer à la hauteur du défi de la vie et toute personne qui lègue savoir pertinemment qu’au final, même elle ne décide pas de ce qui advient après son départ, aussi verrouillés soient ses remparts. Un homme peut hériter de ses pères des biens en grand nombre, mais seule la providence décide de son élection dans le cercle des grands hommes. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Photo de famille/ Libre droit Notification:Non |