Génocide rwandais : le Dr Jean- Baptiste Habyalimana condamne l’attitude de la communauté internationaleSamedi 9 Avril 2016 - 13:45 L’Assemblée générale des Nations unies a désigné le 7 avril de chaque année, la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda. L’ambassadeur du Rwanda au Congo, le Dr Jean Baptiste Habyalimana, a, au cours d’une cérémonie commémorative organisée dans un hôtel de Brazzaville, rappelé que ces actes odieux ont été planifiés, préparés et exécutés aux yeux et au su de la communauté internationale, 50 ans après « le plus jamais ça » lancé au lendemain du génocide des juifs (1940-1945). Le génocide rwandais de 1994 avait occasionné l’assassinat de plus de 800 000 personnes en grande majorité des Tutsis. Selon le diplomate rwandais en poste à Brazzaville, la force onusienne qui était en mission de paix dans le pays s’est retirée au moment où le génocide était à son paroxysme. « Pendant une centaine de jours, 1 074 017 des Rwandais ont été sauvagement massacrés, torturés et violés pour la simple raison qu’ils étaient nés Tutsis, ou parce que tout simplement ils refusaient ou s’opposaient à ce crime abominable. Aujourd’hui, nous déplorons tous cette attitude absurde, inhumaine qui a coûté la vie à plus d’un million de gens et a conduit à la destruction totale du Rwanda en 1994 », a regretté Jean Baptiste Habyalimana, devant de nombreux diplomates en poste à Brazzaville qui ont allumé la flamme d’espoir ensemble. Médecin de formation, le Dr Jean Baptiste Habyalimana a été successivement président de la Commission nationale vérité et réconciliation et secrétaire exécutif de la même structure avant de venir servir au Congo en qualité d’ambassadeur de son pays. D’après lui, il n’y a pas de raison que certains pays continuent à servir de refuge aux génocidaires qui devraient être livrés à la justice et condamnés pour leurs crimes, au moment où la communauté internationale a condamné ouvertement le génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda. « Commémorons le génocide perpétré contre les Tutsis en luttant contre l’idéologie du génocide » Tel est le thème retenu pour la commémoration du 22e anniversaire du génocide au Rwanda. Le Dr Jean Baptiste Habyalimana a rappelé que cette commémoration visait trois objectifs. Il s’agit notamment de témoigner la compassion, le respect et la solidarité aux victimes et aux rescapés du génocide ; les soutenir et les rassurer que de tels actes ne pourront plus se répéter dans le pays. « Le génocide ne peut jamais être exécuté sans une préparation idéologique, médiatique et psychologique. Tout commence par la différence entre nous et eux, la politique de divisionnisme, de discrimination, de la haine qui conduit finalement à la politique d’extermination de l’autre», a-t-il déclaré, précisant que la lutte contre l’idéologie du génocide était aussi une mesure préventive. Rendant public le message du secrétaire général de l’ONU, le coordonnateur-résident du système des Nations unies au Congo, Anthony Kwaku Ohemeg-Boamah, a indiqué que le courage des survivants du génocide rwandais doit être une source d’inspiration, surtout dans la région des Grands lacs qui fait toujours face à de graves menaces à la paix et à la sécurité. En effet, selon Ban Ki-moon, le meilleur moyen de garantir que le génocide et les autres violations flagrantes du droit international et du droit de l’Homme ne se reproduisent pas est de reconnaître la responsabilité de chacun et de réunir les forces pour protéger ceux qui sont menacés. Il a aussi souligné la nécessité de mener des actions communes pour arrêter et transférer les auteurs afin de mettre fin à l’impunité. « L’histoire a montré à plusieurs reprises qu’aucune région du monde n’est à l’abri. L’un des principaux signes précurseurs du génocide est la propagation dans le débat public et dans les médias des propos calomnieux devant tel ou tel groupe de population. Il est indispensable que les gouvernements, l’appareil judiciaire, la société civile fassent preuve de fermeté face aux propos insidieux et aux individus qui incitent à la division et à la violence », a-t-il martelé, précisant que pour bâtir des sociétés justes et pacifiques, il faut promouvoir l’inclusion, le dialogue et l’Etat de droit. Représentant le gouvernement à cette cérémonie, le ministre congolais de la Culture et des arts, Bienvenu Okiemy, a déclaré qu’il était nécessaire de tirer les leçons de ce triste évènement et de bâtir l’avenir dans la fraternité, la paix et la sécurité. Le thème retenu pour cette commémoration participe, pense-t-il à une dynamique portant éradication de l’impunité et de l’élévation au rang d’exigences morales de cette réalité macabre qui a porté atteinte aux droits des gens. « La République du Congo souhaite au Rwanda de se reconstruire dans la paix et d’avoir un pacte social reformulé, équitable pour tout le monde tel que cela a déjà fait l'objet dans ce pays et nous devons tous être fiers de cette construction de ce Rwanda nouveau », a conclu Bienvenu Okiemy. Rappelons que la République du Congo accueille jusqu’aujourd’hui de nombreux réfugiés rwandais suite au génocide de 1994. Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Le ministre Bienvenu Okiemy et le Dr Jean Baptiste Habyalimana allumant la flamme espoir ; une vue de la salle; crédit photo Adiac
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