Gouvernement de cohésion nationale : le suspens tire en longueurLundi 18 Novembre 2013 - 17:15 Deux schémas ont longtemps taraudé l’esprit du président de la République qui devra opérer un choix entre une équipe dirigée par un politique et celle pilotée par un technocrate. Le temps presse. Depuis que le chef de l’État a annoncé devant le congrès la perspective de la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale à la lumière des recommandations des concertations nationales, les choses semblent tourner au ralenti. Ceux qui avaient parié sur un changement rapide de l’ossature gouvernementale avec l’entrée de quelques figures de proue de l’opposition, ont vite déchanté. L’actuel premier ministre est même allé vite en besogne en restreignant la marge de manœuvre des membres du gouvernement et des mandataires publics interdits désormais de poser des actes susceptibles d'engager l'État. Du coup, tout est à l’arrêt dans les ministères où les titulaires sont de plus en plus en quête de leur repositionnement personnel. Des indiscrétions recueillies en haut lieu, il ressort que cette fois-ci serait la bonne. Le chef de l’État qui détient toutes les cartes entre ses mains sait à quel moment il va livrer le secret de ses cogitations. Jusque-là, rien ne filtre même dans les allées du Palais de la nation. Les ministres eux-mêmes, les principaux concernés, ne savent plus à quel saint se vouer. Difficile dans ces conditions de parier sur son maintien en poste. On ose croire qu’après s’être tapé une retraite au Katanga, Joseph Kabila a désormais une idée précise de la prochaine structure gouvernementale appelée à opérer un savant dosage entre la politique et la technicité. Là-dessus, deux schémas ont longtemps taraudé l’esprit du Raïs qui devra opérer un choix entre un gouvernement dirigé par un politique et celui piloté par un technocrate. L’heureux promu serait encadré, au besoin, par des vice-Premiers ministres susceptibles de palier au déficit qu’il pourra éventuellement présenter au plan politique ou de technicité. D’après certaines indiscrétions, le choix d’un politique à la tête du prochain gouvernement se précise de plus en plus pour des raisons purement électoralistes. À l’entame de la nouvelle séquence de son quinquennat dont le point de chute est fixé en 2016, Joseph Kabila entend s’entourer d’une équipe des politiciens aguerris susceptibles de lui faire glaner des voix dans le cas de figure où il pourrait se représenter. Là-dessus, c’est encore la grande inconnue, la modification de la Constitution avec possibilité de rallonge du mandat présidentiel n’ayant pas été au menu des concertations nationales. Les enjeux électoralistes plaideraient en faveur d’un tel gouvernement aux commandes duquel se retrouverait un leader politique justifiant d’un encrage sociologique certain. Au-delà des visées politiques, il y a tout aussi la nécessité de maintenir le cap économique en capitalisant les dividendes déjà engrangées par le gouvernement sortant. Car, aussi longtemps que des réponses idoines ne seront pas apportées sur le front social par l’amélioration des conditions de vie des populations, toute visée électoraliste ne sera qu’un voeu pieux. L’on comprend ainsi aisément pourquoi les choses ont tant trainé, car il s’agit d’opérer un alliage parfait entre les deux options de sorte que le commun des Congolais trouve son compte. Qui succédera à Augustin Matata Ponyo dont les actions entreprises au plan socioéconomique plaident en faveur de sa reconduction ? Mystère. Les prochains jours seront peut-être déterminants.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Matata Ponyo et quelques membres de son gouvernement |