Grâce présidentielle : la FBCP dénonce une libération sélective des prisonniers

Mardi 2 Avril 2019 - 19:04

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L'ONG de défense des droits de l’homme a rappelé que le président de la République avait promis la libération des détenus politiques et assimilés, en passant par ceux qui ont participé à des mouvements insurrectionnels ainsi que la libération conditionnelle de certains autres .

La Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) trouve curieux que sur les sept cents prisonniers détenus dont la libération a été en vue, après l’élargissement de « gros poissons » dont Franck Diongo, Eugène Diomi et Firmin  Yangambi, tous les autres concernés sont restés en prison. « Nous avons constaté qu’il n’y a rien qui bouge, il y a le silence total », a décrié cette association, dans son communiqué du 1er avril.

Elle dénonce une libération à caractère sélectif et avec beaucoup de confusions et de contradiction entre l’exécutif et la Justice, indiquant que le 28 mars, une ordonnance signée par le ministre de la Justice et garde des sceaux, sur ordre du chef de l’Etat, avait décidé de la libération des quinze prisonniers amnistiés depuis 2014. Mais, ces derniers ne sont pas encore relaxés jusqu’à présent.

Ces prisonniers, rappelle la FBCP, ont été arrêtés en 2011 et transférés de la prison centrale de Makala à la prison militaire de Ndolo, d’où ils devraient être élargis. « Arrivés à la prison militaire de Ndolo, où l’auditeur général de la Haute cour militaire, le pasteur Mukutu lui-même, était présent pour leur libération, personne n’a été libéré. Et ils sont retournés dans leur lieu de détention. Sur cette liste, trois seulement (colonels Jean-Pierre Kazamba, Biamungu et Awewe Ebua) ont bénéficié de cette libération », a expliqué l'ONG. Elle a fait également état de dix-sept combattants de l’ex- M23 qui n'ont pas été  libérés au motif qu’ils n’auraient pas de famille à Kinshasa. Pour le compte des dossiers de la Cour pénale internationale, FCB a relevé qu'une personne seulement sur les quatre en provenance de la Haye a été libérée.

Des personnes avec morphologie rwandaise en RDC

L'association a fait également savoir qu’il y avait douze autres militaires dont l’ordonnance de libération avait été signée par le ministre de la Justice. Mais, citant le général Mukutu, elle a souligné que leur morphologie avait empêché leur libération. Aussi a-t-elle dit saisir cette occasion pour préciser que dans la partie est de la République démocratique du Congo (RDC), des personnes avec la morphologie rwandaise existent bel et bien. En plus, a-t-elle expliqué, ces militaires considérés comme Rwandais étaient arrêtés et détenus pendant plusieurs années dans les cachots clandestins en RDC avant d’être transférés à la prison de Ndolo. Donc, a conclu la FBCP, ces services et la Justice avaient suffisamment de temps pour l’enquête et vérifier leurs identités. « S’ils n’ont pas fait cela, c’est mettre leur crédibilité en doute », a déclaré l’ONG.

La FBCP a relevé le cas d’un autre militaire, le général Jérôme Kakwavu, qui devrait être libéré de la prison centrale de Makala, après avoir été condamné, en 2005, à dix ans de prison. Cet officier supérieur de l’armée serait toujours détenu malgré l’ordonnance de sa libération promulguée il y a près d’une semaine. Il y a également, selon l'ONG, certains autres militaires et civils membres des milices arrêtés en Ituri depuis 2005 dont le général Germain Katanga Simba. 

L'association a ainsi exhorté le président de la République à lancer des actions en vue de diminuer le nombre de prisonniers sur toute l’étendue du territoire, d’améliorer leur condition de vie, de réhabiliter les institutions carcérales et d’accélérer les procédures judiciaires dans toutes les prisons.

Elle prône également la mise en exécution des recommandations des Etats généraux de la magistrature tenus en 2014. Elle attend du Premier ministre et deson gouvernement de jouer leur rôle tel que confié par le peuple congolais, dans le respect de la Constitution et autres instruments juridiques nationaux et internationaux que la RDC a signés et ratifiés.

Cette ONG recommande à la communauté internationale, qui se dit déterminée à accompagner le nouveau président de la République et son gouvernement, à ne pas se décourager malgré les critiques et menaces de toutes sortes. De la société civile et du peuple souverain, la FBCP dit attendre la vigilance contre toute forme ou tentative de récupérer le pouvoir par la voie anticonstitutionnelle.

Lucien Dianzenza

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