Grégory Quérel : « Les résultats seront perceptibles assez rapidement au port de Brazzaville »

Samedi 17 Mai 2014 - 17:30

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Dans une interview exclusive accordée quelques instants avant la signature de la convention de concession de l’acconage et de la manutention au port de Brazzaville, Grégory Quérel, président directeur général de Necotrans, a expliqué les perspectives que présente ce partenariat dont les fruits pourraient être perçus sous peu

Les Dépêches de Brazzaville : La première phase de la convention entre votre société et le port de Brazzaville concerne la modernisation et l’aménagement de la zone de ce port public. Qu’est qui va changer, de manière concrète, sur ce site?

Grégory Quérel : Nous avons établi un calendrier de manière très précise avec les autorités, notamment avec le port autonome de Brazzaville qui fixe les modalités de modernisation et d’investissements tant de la part du concessionnaire que du concédant. Ce qui va changer c’est qu’on met en œuvre des nouveaux équipements, on réfectionne les quais, on réhabilite les structures existantes. Ainsi, forcément, la productivité sur le port de Brazzaville devrait être largement perceptible.

LBD : Si l’on prend le cas précis du trafic entre Brazzaville et Kinshasa, quelles sont les raisons qui vous font penser qu’il va s’améliorer et augmenter en capacité ?

GQ : La première raison c’est qu’on a vu dans l’histoire récente des mises en concession que la gestion d’un partenariat entre l’État via l’autorité portuaire et un partenaire privé est toujours bénéfique à l’activité économique. Ce qui veut dire, dans le cas précis de Brazzaville, qu’avec l’augmentation des moyens de production, de la productivité et la sécurisation des zones, le trafic devrait être dirigé vers Brazzaville et donc améliorer le corridor entre Brazzaville et Kinshasa.

LDB : Quand pourra-t-on percevoir les premiers résultats du travail qui est engagé aujourd’hui ?

GQ : Les résultats seront perceptibles assez rapidement, puisqu’on a envisagé, en gros, deux phases principales. La première est celle des travaux qui sont à réaliser tant par le concessionnaire que par le concédant ; elle devrait durer à peu près deux ans et demi, soit trente mois. Ensuite la durée de la concession est de 15 ans. Ce qui veut dire que dans les deux prochaines années vous allez voir beaucoup de travaux d’aménagement et un nouveau port de Brazzaville. Les opérations vont débuter quasi immédiatement à partir du moment que le début des surfaces nous sera remis.

LDC : Qu’en est-il du Chantier de construction navale (Chacona), sera-t-il également relancé à l’issue de ces opérations ?

GQ : Aujourd’hui, cela ne rentre pas dans le cadre de notre concession. La zone géographique est beaucoup plus réduite, mais il y a des projets sur Chacona. Et nous sommes les premiers intéressés à proposer des solutions, mais sur le chantier naval comme tel nous n’avons pas encore les solutions techniques. Ce qui est prévu, à partir du moment où on atteindra les volumes, est que cette zone soit une zone logistique, pas une zone de chantier naval. Il y a des paliers volumétriques qui ont été fixés avec les autorités pour que dans les cinq ans qui viennent nous fassions l’extension du port public dans la zone de Chacona, à l’ancien port à grumes.

LDB : Un de vos objectifs c’est former et professionnaliser les équipes, comment allez-vous vous y prendre ?

GQ : Nous le ferons de plusieurs manières. Traditionnellement dans le groupe nous avons une politique de formation qui est très complète. Nous opérons sur des terminaux portuaires ailleurs sur le continent. Cela veut dire qu’on a une mobilité intracontinentale importante qui permet d’aller former sur des notions techniques ailleurs que dans le pays où nous opérons. Ensuite, souvent, nous concluons des partenariats avec des organismes de formation professionnelle dédiés aux secteurs du transport et de la manutention portuaire. Dans le cas présent, ce sera le rôle de l’équipe dirigeante mise en place sur le port de Brazzaville, la société que nous avons créée pour l’occasion, Terminaux du bassin du Congo qui, en partenariat avec l’autorité portuaire, s’occupera de former les gens. Nous nous inscrivons, cependant, dans une démarche de partenariat public-privé. Cela veut dire que la formation est un élément clé, mais également que la relation doit être permanente avec l’État sur tous les sujets.

LDB : Vous allez travailler dans un environnement que vous connaissez bien, est-ce que vous avez un souci particulier en signant cette convention ?

GQ : Aujourd’hui, nous n’avons aucun souci concernant l’environnement congolais. Bien au contraire, allais-je vous dire, dans la mesure où on a fait un travail de longue haleine avec les autorités. La négociation a été très longue, elle a été largement approfondie par les deux parties. Cela veut dire que s’il a dû y avoir des petits soucis, tout a été gommé.

LDB : Pouvez-vous nous reparler, en dehors de ce qui a été dit avant, de l’incidence que ce projet pourrait avoir sur le port de Kinshasa ?

GQ : Justement, le projet aura des incidences tant sur le port de Kinshasa que sur le port de Pointe-Noire. Parce que nous sommes ici au milieu d’un point d’interconnexion du rail, de la route, du fleuve ; un lieu d’interconnexion géographique de la République centrafricaine (RCA), du nord Congo et de Kinshasa, et évidemment du sud Congo, pour pouvoir faire entrer et sortir des marchandises. Cela aura un effet bénéfique pour tout le monde. Quand on a un tel maillage géographique ce qui est important est qu’il n’y ait pas un point de blocage. Brazzaville en était un et là on va réussir à déverrouiller le goulet d’étranglement que pouvait être le port. La zone de Brazzaville, ne l’oublions pas, est au croisement de deux corridors internationaux majeurs, fondamentaux pour le développement de l’Afrique. Il s’agit du fameux corridor nord-sud qui va de Tripoli à Captown et du corridor Pointe-Noire-Brazzaville qui remonte sur le fleuve Congo et met au croisement les deux parties du continent.

LDB : Un travail a donc été fait en amont qui  illustre que Necotrans est une vision plus globale du développement des transports dans la région ?

GQ : Nous avons fait un travail avec nos équipes puisque nous sommes présents sur tous les pays de la région. Donc, forcément, avant de proposer une solution logistique à un État, et nous même avant d’investir, on essaie d’avoir le maximum d’éléments favorables parmi lesquels ce maillage géographique. On sait les problèmes que connaît actuellement la RCA, nous espérons tous que cela n’est que temporaire et qu’on pourra redynamiser cet axe entre Bangui et Brazzaville. Historiquement c’est un point de passage important, je peux caricaturalement dire qu’on a rien inventé, on a repris des choses du passé qui, vu les évènements actuels et la dynamique économique du Congo, sont fortement porteurs pour un investissement comme celui du port de Brazzaville.

Thierry Noungou et Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

1- Grégory Quérel, président directeur général de Necotrans, crédit Adiac 2- Maquette du port de Brazzaville modernisé<img src="/sites/default/files/brazzaville-2_fileminimizer.jpg" width="1179" height="768" alt="" />