Histoire : le voyage au Congo d’André Gide

Jeudi 18 Juin 2020 - 18:43

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L’un des écrivains français les plus célèbres aura séjourné en République du Congo durant un long périple. Il en ressort un témoignage saisissant sur l’époque coloniale.

 

 

Au milieu des années 20, André Gide écrit son journal « Voyage au Congo » qui sera publié aux éditions Gallimard en 1927. Ce long voyage en Afrique équatoriale française, de l’embouchure du Congo jusqu’au Lac Tchad, et la sincérité du récit dressent un précieux état des lieux des colonies et un véritable réquisitoire contre les pratiques des compagnies commerciales et de l’administration en place à l’égard de ceux que l’on appelait les indigènes.

André Gide aura voyagé une année entière pour le simple plaisir, ce qui est un fait rare à cette époque, avec pour compagnon d’aventure le réalisateur et photographe français Marc Allegret qui, à cette occasion, tournera son premier film intitulé également « Voyage au Congo ». Il s’en suivra pour Marc Allégret une impressionnante filmographie où le réalisateur français se montrera comme un grandiose découvreur de talents : Fernandel, Raimu, Joséphine Baker… Il révèlera des acteurs en devenir comme Brigitte Bardot, Jean Paul Belmondo, Alain Delon, Bernard Blier ou encore Gérard Philippe pour ne citer que les plus prestigieux. 

Dans le chapitre premier de son journal, les compagnons de traversée d’André Gide posent la question : «  Qu’est-ce que vous allez chercher là-bas ? » et l’écrivain de répondre : «  J’attends d’être là-bas pour le savoir ». En République du Congo, de Pointe-Noire à Brazzaville, en passant par Impfondo et Bétou, allant dans un même élan de Centrafrique au Tchad, ce qui devait être un voyage d’esthète prendra une autre tournure face à la réalité pour dénoncer, sans remettre en cause le principe colonial, le mépris des blancs pour les noirs, enquêtant lui même pour éclaircir des cas de mauvais traitements faits à des indigènes.

Né en 1869 à Paris dans une famille de la haute bourgeoisie protestante, André Gide se sera affranchi de son éducation puritaine pour exprimer le goût de vivre et son désir de prendre parti pour les grands problèmes de son époque. La critique retiendra du célèbre écrivain le talent immense de sa plume mais également une vie privée marquée par l’homosexualité assumée, par ses penchants pédophiles et son attrait pour de très jeunes garçons, tout comme sa vénération pour sa cousine Madeleine qu’il finira par épouser dans une relation pour le moins complexe.   Prix Nobel de littérature en 1947, André Gide aura influencé de nombreux écrivains et décède à l’âge de 82 ans dans sa ville natale, laissant derrière lui nombre de romans dont « La symphonie pastorale », son livre le plus lu, traitant du conflit entre la morale religieuse et les sentiments.

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

André Gide

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