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Holocauste au Congo

Samedi 15 Avril 2023 - 18:02

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Plus les jours passent, plus l’aggravation continue des violences dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et, de façon moins visible, dans la sous-région des Grands Lacs, s’impose comme l’un des conflits les plus graves de ce début de millénaire. Provoquant la mort de centaines, de milliers, de dizaines de milliers d’êtres humains et la montée continue des viols dont sont victimes les femmes de cette partie du continent, cette guerre qui ne dit pas son nom et dont, jusqu’à présent, la communauté internationale n’a pas pris la juste mesure devient au fil des jours, des mois, des années l’un des problèmes les plus graves de ce temps.

En témoigne, de façon accablante, le livre que publiera dans les prochains jours la maison d’édition française L’artilleur et dont Charles Million, qui fut ministre français de la Défense dans les années 1995, 1996 et 1997, a rédigé la préface. Fondé sur des archives de la Maison-Blanche, du Palais de l’Elysée, de l’Union européenne et sur de nombreux témoignages recueillis sur le terrain, cet ouvrage de quelques cinq cents pages est écrit par un journaliste et universitaire franco-camerounais, Charles Onana, qui consacre depuis 2002 ses recherches au génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, 1995, 1996.

Intitulé « Holocauste au Congo » avec le double sous-titre « L’Omerta de la communauté internationale » et « La France complice ? », cet ouvrage démontre comment, tout au long des vingt dernières années, cette partie du continent africain a été ravagée par des violences sans fin dont le but non avoué est la prise de contrôle des immenses ressources de matériaux rares qu’elle détient. Une réalité à tous égards terrifiante que résument les quelques mots qui suivent de grandes affiches placardées avant même la diffusion du livre  sur les murs du métro en plein cœur de Paris : « En RD Congo 10 millions de morts, 500 000 femmes violées. Pourquoi ce silence ? ».

S’il ne fait aucun doute que cet ouvrage va déclencher une campagne de protestation et de déni de la part des hommes d’Etat et des institutions internationales qui sont accusés, preuves à l’appui, d’être responsables de cette ignoble histoire ou de ne pas se préoccuper d’en stopper le déroulement, il est tout aussi évident qu’il lance une alerte mondiale dont les effets seront tout aussi puissants que ceux qui ont marqué la dénonciation du génocide juif perpétré par les Nazis allemands durant la Deuxième Guerre mondiale.

Mieux vaut donc, pour la communauté mondiale dans son ensemble, en prendre conscience dès à présent et s’organiser concrètement afin de mettre un terme sans délai à la nouvelle forme de génocide qui dévaste une large partie du Bassin du Congo mais dont personne, jusqu’à présent, n’a semble-t-il mesuré ou plus exactement voulu mesurer la gravité humaine.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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