Insécurité transfrontalière : la situation au Nord du Nigéria requiert l’attention de la communauté internationale

Lundi 5 Janvier 2015 - 13:45

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Depuis un certain temps, les pays du Sahel et du Sahara en général, ceux du bassin du Lac Tchad en particulier, ainsi que leurs voisins sont confrontés à des graves menaces terroristes. La situation dans le Nord du Nigéria est devenue un sérieux motif de préoccupation avec les attaques répétées du groupe extrémiste Boko Haram.

À ce jour, on ne sait plus par quel bout prendre l’insaisissable et l’imprévisible secte Boko Haram qui continue de ravager tout sur son passage, défiant toute autorité. Et souvent, ce sont des villages entiers qu’elle rase et incendie, semant la psychose chez des populations visiblement désemparées, qui ne savent plus à quel saint se vouer.

En effet, pas plus tard que la semaine dernière, alors que le monde entier s’apprêtait à célébrer la Saint Sylvestre, Boko Haram a enlevé une quarantaine de jeunes hommes, égorgeant au passage une dizaine d’autres. Peu avant, c’était un car de transport tombé dans une embuscade de Boko Haram dont la puissance des armes n’est plus à démontrer.

Il serait difficile de donner un chiffre exact des personnes enlevées par cette secte, tant la liste est longue. Même la communauté internationale qui s’est indignée au lendemain du kidnapping de plus de deux cents jeunes lycéennes, semble manifestement résignée, au regard de la prouesse dont font montre ces islamistes.

Le Cameroun qui, récemment a même utilisé son artillerie lourde, n’a pas encore réussi à faire plier les membres de cette secte qui continue à dicter la loi au-delà des frontières nigérianes. Et son dernier forfait est la prise,  samedi 3 janvier, d’une autre base militaire dans l’extrême Nord du Nigeria sur les rives du lac Tchad. Qui donc arrêtera Boko Haram ? Telle est la question que tout le monde se pose, au regard de la menace qui se fait de plus en plus grande.

Face à cette situation, le secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, Abdoulaye Bathily a confié en début décembre dernier ses craintes au Conseil de sécurité de l’ONU, à qui il présentait son rapport annuel.

« Aujourd’hui, le Nord Cameroun est dans une situation sécuritaire particulièrement catastrophique et cette situation, si on y prend pas garde, risque de s’étendre à l’ensemble des pays du bassin du lac Tchad. », a-t-il déclaré.

« Au départ, on pensait que Boko Haram se limitait seulement au Nigeria avec des opérations kamikazes, mais de plus en plus d’Etats, l’Etat de l’Adamamoua, de Yobe au nord Nigeria, aujourd’hui sont totalement contrôlés par Boko Haram qui veut maintenant conquérir des territoires. Donc c’est un danger réel. Malheureusement ce groupe est équipé à un niveau tel, qu’aucune armée de cette sous-région, prise toute seule, ne peut résister au phénomène de Boko Haram tel qu'on le voit aujourd’hui », a ajouté le secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale.

En mai 2014, les pays de la région avaient promis à l’issue de la conférence de Paris, de renforcer leur présence militaire et d’entrer en guerre contre Boko Haram, mais apparemment, ils ont préféré protéger leurs propres frontières.

Cette situation nécessité une prise de conscience au niveau international, du danger qui guette le Cameroun et les autres pays voisins. Deux réunions devraient avoir lieu la semaine prochaine à Ndjamena et à Niamey, pour concrétiser les engagements de la conférence de Paris.

Yvette Reine Nzaba