Italie : Cécile Kyenge remporte une éclatante victoire juridique !

Lundi 26 Octobre 2015 - 17:30

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La Cour de cassation a confirmé la lourde sentence prononcée contre une ex-conseillère pour des propos racistes sur l’ancienne ministre de l’Intégration.

Il n’y a pas eu un seul juge de la Cour d’appel italienne pour suivre la ligne de défense de l’ex-conseillère communale de Padoue invoquant son légitime droit à la liberté d’expression dans l’affaire Kyenge. Membre du Parti xénophobe de la Ligue du Nord dont elle a finalement été expulsée, Dolores Valandro avait durement attaqué la ministre Cécile Kyenge Kashetu d’origine congolaise et première femme noire-africaine à avoir jamais fait partie d’un gouvernement en Italie. C’était en juin 2013, au plus fort d’un temps de menaces, insultes et propos de tous genres contre Mme Kyenge, alors ministre de l’Intégration du gouvernement de gauche dirigé par Enrico Letta.

 

« N’y a-t-il donc personne ici pour la violer ? », s’était interrogée Mme Valandro sur son compte Facebook, estimant que la présence d’une ministre noire au gouvernement était pour elle une insulte intolérable. Cécile Kyenge, qui a depuis été élue députée du Parlement européen, à Strasbourg, avait porté plainte. La ville de Padoue, dont elle fut elle aussi conseillère municipale, s’était constituée partie civile dans cette plainte. Et l’affaire avait été jugée le 17 avril 2014 dans un premier temps à Venise, où Dolores Valandro avait introduit un recours en appel après une première condamnation.

Non contente de ce jugement, elle s’était adressée à la juridiction supérieure appelée à casser une sentence ou à la rendre définitive et exécutoire : la Cour d’appel italienne. Celle-ci a siégé en mai dernier et a rendu son verdict vendredi : confirmation des sanctions et des peines sur toute la ligne. Soit : 13 mois de réclusion pour Dolores Valandro, et remboursement de tous les frais de justice engagés aussi bien par Mme Cécile Kyenge Kashetu que par la ville de Padoue, en sa qualité de partie civile. Voilà l’épilogue d’un des épisodes les moins glorieux de la vie politique italienne.

Ministre de l’Intégration du 28 avril 2013 au 22 février 2014, soit avant l’avènement du gouvernement actuel dirigé par M. Matteo Renzi, Cécile Kyenge Kashetu dut subir de pires affronts. Un de ses contempteurs affirmés, Roberto Calderolli, lui aussi membre de la Ligue du Nord, fut également cité à comparaître. Mais le Sénat lui a reconnu la protection découlant de son immunité de parlementaire en septembre dernier. Il avait qualifié Cécile Kyenge « d’orang-outan », avant de présenter des excuses publiques et de répandre ensuite sur les réseaux sociaux une malédiction après cette affaire, disant ne pas s’expliquer.

Lucien Mpama

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