Italie-Egypte : l’Union européenne demande « la vérité » sur l’assassinat de l’étudiant Giulio RegeniJeudi 10 Mars 2016 - 18:00 Le Parlement européen condamne les disparitions forcées et les condamnations à mort massives en Egypte. Réunis à Strasbourg jeudi, les députés européens se sont émus de l’absence de progrès dans l’enquête sur l’assassinat, après tortures, de l’étudiant italien Giulio Regeni. Son corps avait été retrouvé en bordure de route, le 3 février dernier, près du Caire alors que depuis le 25 janvier, ses proches et son consulat étaient sans nouvelles de lui. Le corps portait d’affreuses traces de tortures, dont des brûlures à la cigarette. Les constats des légistes égyptiens et italiens ont parlé de sévices sans doute pour extorquer des secrets dont on croyait le jeune homme de 28 ans détenteur. Mais ce sont à peu près les seules certitudes dans ce dossier, et les seuls éléments sur lesquels praticiens égyptiens et italiens sont plus ou moins d’accord. Sur tout le reste, l’affaire semble prendre toutes les directions. Au Caire, on a invoqué tantôt un accident de la route, tantôt la vengeance de quelques rivaux amoureux, tantôt encore un enlèvement par des terroristes de l’Etat islamique qui veulent nuire aux « bonnes relations entre Le Caire et Rome ». Une équipe d’enquêteurs italiens dépêchés sur place se plaint de rencontrer mille et une difficultés de la part des services sécuritaires égyptiens qui ne coopèrent pas volontiers, regrette-t-on à Rome. Téléphone cellulaire de l’étudiant italien introuvable ; liste des appels reçus ou donnés impossible à établir : tout, dit-on à Rome, se passe comme si la réticence visait à ne pas prononcer le mot fatidique de services de sécurité égyptiens impliqués. Le ministère égyptien de l'Intérieur a vivement rejeté les accusations impliquant les forces de sécurité locales dans la mort du jeune étudiant. C’est face à l’ensemble de ces éléments que les Eurodéputés ont pris une résolution à Strasbourg, exhortant l’Egypte à coopérer avec l’Italie dans l’enquête. La résolution « appelle les autorités égyptiennes à fournir aux autorités italiennes tous les documents et les informations nécessaires pour permettre une enquête conjointe rapide, transparente et impartiale sur le cas de M. Regeni, conformément à leurs obligations internationales ». Elle réclame également que « tous les efforts soient faits pour traduire les auteurs du crime devant la justice dès que possible ». Les députés européens affirment également condamner « fermement la torture et l'assassinat dans des circonstances suspectes du citoyen européen Giulio Regeni ». Mais Rome ne semble pas trop croire à ces allégations et exige avec insistance « toute la vérité » et que les « vrais responsables » soient identifiés et jugés. Dans toute l’Italie fleurissent des pancartes portant la mention : « La vérité pour Giulio ». Les milieux associatifs en première ligne souhaitent que ce drame ne soit pas enterré sous des tonnes de bonnes paroles pour raison d’Etat. Lucien Mpama Notification:Non |