Kinkala : les frères Ngoma, vanniers au quartier Ntari Ngouari

Les deux frères ont quitté Brazzaville après avoir essayé le boulot de planteur de manioc et le noble métier de photographe reporter. Aujourd’hui, ils fabriquent des chaises « Bazebi lamba », littéralement, « ceux qui savent cuisiner ». « C’est un choix de vie professionnelle depuis déjà 5 ans », confie Alexis Ngoma, la cinquantaine passée pendant que son jeune frère Éric lui tend une liane de près de 10 m.

Ils sont arrivés à Kinkala et ont opté pour y résider, oubliant leur village d’adoption Mindouli. « Ici à Kinkala, nous sommes à mi-chemin entre Brazzaville et Mindouli », confient-ils. À mi-chemin également de Brusseaux, se souviennent-ils. Car Brusseaux comme Mindouli sont des villages où leur père Antoine Ngoma était moniteur.

Personne ne s’imaginait être vannier un jour. « Pourtant, se souviennent-ils,  notre goût de travailler dans la vannerie remonte à notre enfance à Brusseaux. À l’époque, du haut de nos 10 ans, nous allions voir travailler des heures durant notre beau-frère Marcel Ndokani. Ses produits confectionnés avec les lianes de la forêt de Bangou étaient très prisés par la clientèle.  Nous travaillons en fouillant dans notre mémoire comment était constituée sa chaîne de fabrication ».

Dans une ambiance fraternelle, les deux vanniers passent leurs journées à tresser les lianes sous l'ombre du manguier. Ils travaillent dans la création en donnant des formes aux charpentes en bois. On pourrait s’y méprendre et croire qu’ils font des œuvres d’art pour les touristes. Et non !  « Nous gagnons notre vie en vendant les chaises et les paniers. Ici, nous attendons les clients qui commencent à connaître notre atelier de fortune », affirme Alexis Ngoma heureux de livrer à temps les chaises confectionnées la veille. «Plus personne ne se moque de nous », clame les deux frères vanniers. Car, expliquent-ils, quand nous exposons nos travaux, les gens reconnaissent le travail fourni et surtout la créativité de nos œuvres. Nous sommes heureux de préserver la tradition au moment où la COP 21 nous rappelle de consommer les produits de la nature comme les lianes et non les produits synthétiques obtenues à base du pétrole".