Le Feuilleton de Brazzaville. Acte 10. De Brazza et le Makoko Ilô 1er

Jeudi 8 Août 2019 - 21:44

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Fondée le 3 octobre 1880 par l’explorateur français d’origine italienne, Pierre Savorgnan de Brazza, la capitale actuelle de la République du Congo fut un ancien village téké bâti sur la rive droite du fleuve qu’elle a en partage avec Kinshasa, sa jumelle de la rive gauche en RD-Congo. L’ouvrage au titre évocateur de Brazza-la-verte, consacré à l’inventaire de l’architecture coloniale de la ville, entre 1880 et 1960, reste un excellent document à consulter.

 

 

 

Alors appelée NCuna-Ntamo, la bourgade était composée de quatre hameaux : M’Fa ou M’Foa, M’bama, Impila et Okila. De tous ces noms, M’Foa (qui renvoie au mot ville) est celui qui a exercé une forte attirance sur la population de la future capitale du Congo. Elle faillit de peu adopter cette appellation et dégommer Brazzaville nommée ainsi en hommage à Pierre Savorgnan de Brazza. Au regard du temps qui passe, rien n’indique qu’un tel retour en arrière soit toujours à l’ordre du jour.

De Brazza a désormais son mausolée au cœur de la ville qu’il a fondée érigé là-même où l’acte de cession des terres tékés fut signé entre les parties. Ses restes ainsi que ceux de sa famille y sont conservés dans des conditions exceptionnelles. On dirait à l’africaine qu’un lien familial fort qu’il ne sera pas facile à briser s’est tissé entre De Brazza, la ville et ses habitants.

Même si, là-dessus, les langues se sont déliées à la vitesse du son. Certaines pour implorer le retour de l’explorateur, missionnaire du colonisateur français, en son Italie natale où l’attendrait sa descendance éplorée ; d’autres pour exiger que justice soit faite à l’égard du roi des Tékés, Ilo 1er, et qu’un mausolée en son honneur soit construit dans la capitale afin de le vénérer au même titre que son interlocuteur historique De Brazza ; d’autres encore, rageuses, prédisent que le jour viendra où l’édifice sera purement et simplement rayé du lieu qu’il occuperait indument. Elles précisent qu’il en sera ainsi, quand ceux qui les délient accéderont aux affaires de l’État.

Et les plus circonspectes de ces langues d’attirer l’attention de tous sur le fait que la profanation des tombes est une chose ignoble ; qu’en tout état de cause, lorsqu’ils sont troublés dans leur repos éternel, les morts peuvent aussi se venger. Difficile d’épuiser ce débat sur le retour ou non en Italie de Pierre Savorgnan de Brazza tant les avis restent tranchés.

Jean Ayiya

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