Le Feuilleton de Brazzaville. Acte 30. Demandez et...attendez l'addition

Jeudi 6 Février 2020 - 21:54

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Avant de poursuivre, dans la prochaine livraison, sur le trait affairiste des n’gandas de Brazzaville, voyons ce que l’on y trouve comme mets. Nous avons vu que les habitants de la capitale congolaise s’installent dans les quartiers de leur ville quasiment en fonction de leurs lieux de provenance. Eh bien, les restos de la place offrent une variété de mets qui suit le même cours.

Voulez-vous goûter à de la viande de brousse fraîche ou de chauve-souris, peut-être aussi à du poisson salé aux aubergines, à du bouillon sauvage, le tout fortement épicé et accompagné de ngouliyaka ? Orientez-vous donc au sud de Brazzaville, vers Makélékélé, Bacongo, Madibou, les arrondissements 1, 2 et 8 de la capitale. Avez-vous seulement envie de viande de porc en bouillon ou sautée servie avec de la banane plantain ? Rendez-vous alors au sud-ouest de Brazzaville, par Mfilou, le septième arrondissement.

Souhaiteriez-vous savourer du ngoki à la mouambe, des maboké de ngollos, de nzombo, de mongoussou ou une variété de poissons d’eaux douces braisés accompagnés de mossombo, des a ngakouo a nkein ou des impfeul ? Hâtez-vous donc vers le nord de Brazzaville, à Talangaï, le sixième arrondissement, plus loin dans le neuvième arrondissement, Djiri, puis bien plus loin encore à Kintélé.

Auriez-vous plutôt une préférence pour du fast-food ou à quelque chose que vous auriez dégusté hors du Congo, en France ou ailleurs ? Restez, s’il vous plaît, au centre-ville, et aussi dans Poto-Poto, Moungali et Ouenzé, les 3è, 4è et 5è arrondissements. À moins qu’il ne vous plaise de vous tourner du côté du fleuve Congo pour une excursion en direction de l’île Faignond, moyennant une note un peu lourde pour le plaisant voyage aller-retour. Vous embarquerez peut-être chez Mamie Wata, le célèbre restaurant des berges du fleuve Congo.

Disons que Brazzaville « la gourmande » est en train de s’uniformiser. A tel point que vous pouvez trouver un peu partout du poulet cuit au four, du maboké aussi. Vous prendrez toutefois votre mal en patience dans certains restaurants, car le service peut être extraordinairement lent. Vous pourriez attendre votre addition pendant longtemps, et même le simple accueil pour vous installer peut arriver tard.

C’est évidemment exaspérant, mais que pouvez-vous contre l’amateurisme et l’improvisation ? Les tenanciers des ngandas recrutent-ils parmi les étudiants en fin de cycle que les nombreux instituts privés spécialisés dans l’hôtellerie déversent sur le marché de l’emploi ? Pas toujours. On le mesure à la nonchalance de certains employés, filles comme garçons, peut-être parce que, parfois, ils sont trop peu nombreux pour un travail qui demanderait plus de bras.

Enfin, gardez pour vous toutes précautions d’hygiène alimentaire et rendez-vous donc au port ATC de Brazzaville pour déguster du bon poisson de mer cuit sur barbecue, un bouillon de tortue ou du poisson frais comme l’adorent les riverains. Avec comme bonus de la bière importée de Kinshasa, le va-et-vient devenu rare, il est vrai, des barges sur le fleuve Congo. Par contre elle est toujours présente la course sans fin des jacinthes sur la vaste nappe d’eau tranquille et profonde, émaillée de souvenirs.

Jean Ayiya

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