Le président Denis Sassou N'Guesso prête serment le 16 avril au palais des Congrès

Jeudi 14 Avril 2016 - 16:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le chef de l’Etat reviendra sans doute, dans son discours d’investiture, sur la mise en chantier, pendant les cinq prochaines années, de son programme  « la marche vers le développement », commenté durant sa campagne électorale. Il pourrait également appeler à la préservation de la paix dans le pays, au regard des événements vécus à Brazzaville, le 4 avril dernier, et de leurs conséquences.

Elu avec 60,19% des suffrages lors du scrutin du 20 mars qui l’opposait à huit autres candidats, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, prêtera serment demain samedi, au Palais des Congrès de Brazzaville, pour un mandat de cinq ans. Il inaugure ainsi la nouvelle République issue du référendum du 25 octobre dernier. En application de la Constitution promulguée, le 6 novembre, et dont découleront les nouvelles institutions de la République, le chef de l’Etat devra aussitôt nommer son Premier ministre, chef du gouvernement. Ce qui tranche évidemment avec la Constitution du 20 janvier 2002 abrogée, dans laquelle le président de la République exerçait en même temps les fonctions de chef du gouvernement.
Sans spéculer sur les noms de plusieurs personnalités qui reviennent dans l’opinion pour cette haute fonction de Premier ministre renaissante, reconnaissons que les défis qui attendent le chef de l’Etat et le gouvernement qui sera mis en place sont nombreux. L’on sait que dans le cadre de son projet de société « la marche vers le développement » qu’il transformera désormais en programme de gouvernement, Denis Sassou N’Guesso cible des secteurs prioritaires.

 L'homme et la femme au coeur du développement

Citons-les tels qu’ils sont déclinés en six points à savoir : mettre les femmes et les hommes au cœur du développement ; conforter le rôle stratégique de l’Etat dans l’économie et dans la sphère sociale ; consolider et pérenniser la croissance économique inclusive par la diversification et les réformes économiques ; préparer les jeunes à l’emploi par la formation qualifiante ; arrimer le Congo au développement de l’économie numérique ; poursuivre les réformes institutionnelles.
Six axes de travail qui semblent avoir, sur papier, pris en compte les demandes croissantes de la population congolaise, et qu’il faudra mettre en pratique. Mais comme lors des expériences passées, le chef de l’Etat lui-même ayant évoqué dans son texte les conquêtes obtenues pendant ses deux septennats passés, il est important de souligner la place et le rôle des hommes et des femmes qu’il placera à la tête de ses différents ministères pour l’aider à accomplir son mandat. En tout état de cause, son premier engagement de « mettre les femmes et les hommes au cœur du développement » ne parait pas anodin. Mais même s’il lui sera difficile de trouver ces collaborateurs ministres ailleurs qu’au Congo, bénéficieront-ils pour certains d’entre-eux, comme naguère de la seule excuse du beau discours pour convaincre de leur capacité à remplir leur mission ? Il n’est pas ici question de montrer du doigt les seuls ministres comme si la bonne gouvernance ne devait dépendre que d’eux seuls. Mais à la tête de leurs départements, ils doivent montrer l’exemple, être en mesure de gérer les administrations sous-tutelle avec la responsabilité de ne pas se laisser submerger par certains de leurs collaborateurs qui invoqueraient tout bonnement la qualité du décret de leur nomination pour se soustraire au contrôle de leur hiérarchie.

L'Etat, principal régulateur

L’axe deux du projet-programme qui appelle à conforter le rôle stratégique de l’Etat ne saurait être détaché du premier en tant qu’il concerne à la fois la restauration de l’autorité de l’Etat et la promotion des secteurs vitaux de la vie économique et socioculturelle du pays. En raison des défis qui se posent aux Etats en matière de régulation des rapports avec des partenaires extérieurs et sociaux, et dans le cas des pays encore fragiles comme les nôtres, l’Etat n’est plus appelé à disparaître comme l’affirmaient certaines théories de l’époque. Au contraire, son rôle de régulateur demeure primordial.
Ce passage touche au point trois de « la marche vers le développement » relatif à la pérennisation de la croissance, aux réformes et à la diversification de l’économie. En fait, en raison de la fluctuation du marché mondial, il ne pourrait y avoir de salut pour les économies dépendantes des seules ressources d’hydrocarbures comme celle du Congo. Peut-être le pays parviendra-t-il dans les prochaines années à installer les premières zones économiques spéciales dont les études de faisabilité, pour certaines, seraient déjà achevées.
Arrive en quatre lieu, l’impérieuse nécessité d’intéresser les jeunes, pas seulement mais de les impliquer dans le monde du travail. Cela passera par la disponibilité des pouvoirs publics à leur offrir des opportunités de formation, la formation qualifiante surtout. Il y a sur cette question précise de l’emploi des jeunes, de leur formation une bataille qu’il faudra engager en amont, celle de la vulgarisation en leurs milieux des vertus du travail. Plusieurs d’entre eux ne savent peut-être pas toujours peut-être pas exclusivement par leur faute que le travail, c’est de l’argent que l’on peut gagner dans l’agriculture, l’élevage, la menuiserie, la mécanique automobile, les métiers du bâtiment, etc.

Les jeunes veulent émerger

Le dire ce n’est nullement condamner les petits génies dont regorge le Congo à ne pas poursuivre de longues études, à ne pas fréquenter les grandes universités, embrasser les carrières de médecin, avocat, magistrat, ingénieur, informaticien, professeur émérite, pilote, officier ou autres. Non, la société doit être un moule où sont pétries toutes sortes d’énergies pour en assurer le développement. Cette question des jeunes peut donc être envisagée sous l’angle de la responsabilité partagée entre les intéressés eux-mêmes et les pouvoirs publics.
C’est peut-être pour cela aussi qu’au point cinq de «  la marche vers le développement », il est mentionné un autre engagement sur le développement de l’économie numérique. Il serait hasardeux, dans l’ambition d’émergence que caresse le Congo de ne pas y associer le développement du numérique. Considéré comme le moteur de toute avancée en la matière, le numérique fait désormais partie des attributions ministérielles dans certains pays. Ce n’est peut-être pas le moment d’aller vite en besogne, mais au même titre que les autres défis inventoriés plus haut, le développement du numérique suppose de former des petits génies parmi notre jeunesse.

Dédramatiser la vie politique

Si le projet de société de Denis Sassou N’Guesso vise en son dernier chapitre la poursuite des réformes institutionnelles, cela coule de source. Avouons au regard de la manière dont l’ensemble dodeline que nos institutions méritent d’être perfectionnées, que notre rapport à la démocratie et à la politique a besoin d’être dédramatisé. Et le président de la République qui sera investi dans ses hautes fonctions, ce 16 avril, a cinq ans devant lui pour poursuivre cette réforme et faire du Congo un pays où la population a à cœur d’œuvrer à son épanouissement collectif et non pas à être apeurée par sa classe politique. Elle ne le supporte plus.
 

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1- Denis Sassou N'Guesso en campagne électorale

Notification: 

Non