Les immortelles chansons d’Afrique : « Isabelle mwana ya Kin » de Tchico TchicayaJeudi 12 Janvier 2023 - 18:24 Surnommé la voix d’or, Tchico Tchicaya a émerveillé l’Afrique, l’Amérique avant de s’installer en Europe. « Isabelle mwana ya Kin », son titre, a donné un regain de vitalité à l’orchestre Bantous de la capitale lors de son schisme. En 1972, les Bantous de la capitale volent en éclat. Célio, Pamelo et Kosmos forment l’orchestre Le peuple; tandis qu’Edo, Mermans et Théo Bitsikou créent Les Nzoy. Sous la direction de Nino Malapet, une nouvelle vague d’artistes va arriver pour la renaissance de cet orchestre devenu orphelin de ses grandes pointures. Parmi eux, figure Tchico Tchicaya qui larguera, en 1973, sur le marché du disque « Isabelle mwana ya Kin », titre explosif. Dans cette œuvre de facture, l’auteur dénonce de façon déguisée le refoulement des Congolais de Brazzaville, en 1964, par Moise Tshombe, alors Premier ministre de la République démocratique du Congo. Il y évoque le désastre causé par cet événement sur le plan affectif entre lui et Isabelle, restée à Kinshasa. « Banda ngai natikaki yo na 64, esi ekomi mbula libua, ata foto na yo te, ata maloba, Isabella, Isabella a. na Brazza epayi ngai na zali, Isabella, butu pe moyi se kolela lela, ba mbula mpe ba sanza se kokanisa mpo tango ekokaki te ngai na yo tokabuana ». On peut traduire par : « Depuis que je t’ai laissée en 64, cela fait neuf ans que je n’ai ni vu une photo de toi ni écouté ta voix, Isabelle. A Brazza où je me trouve, jour et nuit je ne fais que pleurer, les années et les semaines ne peuvent passer sans que je ne pense à toi, car le moment n’était pas arrivé pour que toi et moi soyions séparés ». Cette mélopée est chantée en polyphonie par Raymond Mwanga, alias Didi Siskala, Roger Pikou et Tchico. A la guitare solo Gerry Gérard, au mi solo Johnny Kiolo, cadet de Gerry Gérard, à la rythmique Mascott, à la basse Alphonse Ntaloulou . A la batterie Rickky, à la tumba Pandy, aux saxophones Nino Malapet, Essous et Nona Arthur, à la trompette Jeannot. Né en 1953, à Léopoldville, Denis Pambou Tchicaya, alias Tchico Tchicaya, a véritablement démarré sa carrière musicale en 1969 au sein de l’orchestre Manta Lokoka avant de se retrouver dans le mythique orchestre Bantous de la capitale en 1972. Après le voyage de Cuba, il va recréer « Africa Kings », il enregistrera la chanson « Ah Ponton la belle », il fait un come-back en 1976. Au cours de la même, il s’envole pour le Nigeria où il récoltera deux disques d’or. En 1981, il se retrouve en Côte d’Ivoire et obtiendra son troisième disque d’or avec l’album « L’heure a sonné Régina ». A Paris où il est installé depuis 1983, il s’est assigné comme mission de représenter la musique congolaise au rang mondial, un pari qu’il réussit au regard de ses nombreuses tournées qu’il ne cesse d’effectuer à travers le monde.
Fréderic Mafina Légendes et crédits photo :Tchico Tchicaya Notification:Non |