Livre : Virginie Kouyimoussou publie « Education en Afrique, dialectique entre tradition et modernité »

Vendredi 25 Avril 2025 - 13:49

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Edité par l’Harmattan Congo, l’essai « Education en Afrique, dialectique entre tradition et modernité - une lecture philosophique de la pensée de Pierre Erny » analyse les atouts et limites de la tradition et de la modernité dans la formation de l’enfant africain. Il a été présenté et dédicacé récemment à l’institut français du Congo.

Dans l'ouvrage de 123 pages constitué en cinq chapitres, le préfacier Michel Emile Mankessi, maître de conférences Cames en éthique, philosophie morale et politique à l’Université Marien-Ngouabi, précise que le livre est un moyen puissant qui contribue à préserver et renforcer l’identité culturelle, les langues locales, les savoirs des anciens. Il peut aider les citoyens pour mieux connaître les valeurs coutumières et relever les défis de la modernité. En effet, à travers les cinq chapitres que compte ce livre, l’essayiste Virginie Kouyimoussou montre l’apport de l’éducation coutumière et de l’éducation moderne dans la formation humaine intégrale des apprenants en Afrique subsaharienne, a souligné de prime à bord le présentateur de l’ouvrage, l’abbé Aubin Banzouzi, écrivain et critique littéraire.

Décortiquant ces chapitres, il a souligné que le premier chapitre révèle les méthodes, les valeurs et les caractéristiques de l’éducation coutumière en Afrique noire.  Dans ce chapitre, l’auteure fait constater que cette forme primaire d’éducation informelle est liée étroitement à la vie de la famille, du clan ou de la société. C’est une initiation à la vie familiale et sociale qui permet à l’enfant ou au jeune de s’intégrer dans son milieu de vie en s’appropriant les valeurs et usages endogènes. Dans le deuxième, l’auteure explore la problématique du langage et de l’éducation. Si le langage est un facteur fondamental dans l’assimilation d’une culture et dans tout apprentissage, il n’est pas toujours l’expression authentique ou claire de la pensée ou de l’action.

Quant au chapitre trois, il élucide les facettes de la modernité en lien avec l’éducation en Afrique. Partant de la modernité historique marquée par le XVIIIe siècle, l’auteure comprend la modernité à travers l’évolution des méthodes didactiques, l’apprentissage des langues étrangères et l’influence des technologies de la communication comme phénomènes liés à la mondialisation. Enfin, dans les deux derniers chapitres, l’auteure porte un regard critique de la coutume, d’une part, et de l’école moderne, de l’autre. Les limites de la tradition, le choc des civilisations, les vertus de l’oralité et de l’écriture dans l’éducation en Afrique noire, les difficultés des apprenants africains entre coutumes et modernité, l’appropriation des données endogènes et exogènes dans la formation, sont autant de thématiques revues au scalpel, a résumé l’abbé Aubin Banzouzi.

Un livre qui valorise les langues africaines

Critiquant cet ouvrage, l’écrivaine et critique littéraire, la Dr Winner Franck Palmers, a souligné un aspect fondamental qui est la valorisation des langues africaines. Elle a indiqué qu’aux pages 45-49, Virginie Kouyimoussou, relève que l’éducation trouve son lieu dans le langage. Elle se déploie à travers et dans le langage. C’est pourquoi on ne saurait imaginer une éducation sans langage (…). L’essai de Virginie Kouyimoussou conjugue habilement fluidité et puissance des mots à travers un style académique rigoureux. Grâce à des citations judicieusement choisies et un vocabulaire riche, elle propose une analyse critique et captivante. « Si l’ouvrage se distingue par son excellence, notamment en raison de sa pertinence, de sa clarté, de sa rigueur et de sa structure, une harmonisation plus aboutie de la table des matières aurait pu en renforcer la cohérence globale. De même, une révision stylistique de quelques formulations rares aurait permis de hisser encore davantage cette œuvre littéraire. Malgré ces ajustements mineurs, cet essai reste une lecture incontournable pour quiconque s’intéresse à l’éducation en Afrique et à la dialectique entre tradition et modernité », a renchéri la Dr Winner Franck Palmers.

En somme, a-t-elle poursuivi, l’éducation en Afrique n’est pas seulement un moyen d’instruction ; elle est un terrain de dialogue entre le passé et l’avenir. Trouver un équilibre entre la tradition et la modernité représente un défi, mais aussi une opportunité de créer un modèle éducatif qui reflète les aspirations et les valeurs africaines tout en s’ouvrant aux horizons mondiaux. Ce dialogue dynamique offre au continent une chance unique de puiser dans son héritage pour inventer un avenir prometteur.

Pour l’auteure, la problématique soulevée dans l’ouvrage est le dynamisme, le mariage ou la co-relation qui devrait exister entre l’éducation dite traditionnelle et celle dite moderne. « Nous partons du constat selon lequel, l’éducation dite traditionnelle a été phagocytée par l’éducation dite moderne. Ce mouvement de résistance crée actuellement des apprenants qui sont d’une part hybrides et d’autre part acculturés. Nous pensons que notre système éducatif doit tenir compte de notre identité culturelle, parce que, c’est cet environnement-là, c’est cette maîtrise de la culture qui va permettre à l’enfant de s’ouvrir à l’universel. C’est à partir de cet environnement qu’il pourra transformer son milieu de vie et lui créer le désir d’aller plus loin », a souligné l’auteure.

Notons que la Dr Virginie Kouyimoussou est, en dehors de son statut de religieuse catholique, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de l’Université Marien-Ngouabi. Enseignante chercheuse et membre de plusieurs associations scientifiques, elle est auteure de plusieurs articles et d’autres ouvrages sur l’éducation et la résilience (surtout auprès des jeunes filles des séries scientifiques au lycée), l’éducation et l’éthique, la pédagogie et la philosophie de l’éducation.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- La couverture du livre de Virginie Kouyimoussou/ Adiac 2- L’auteure entre l’abbé Aubin Banzouzi (présentateur) et la Dr Winner Franck Palmers (critique)/ Adiac 3- Virginie Kouyimoussou répondant aux questions de la presse/ Adiac

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