Rumba jungle : un symposium sur le rayonnement de cette musique a marqué la troisième édition

Vendredi 25 Avril 2025 - 12:45

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La troisième édition du festival "Rumba jungle" s’est tenue du 19 au 20 avril au complexe touristique Elonda de Kintélé, sur le thème « Du rayonnement de la rumba congolaise, de l’indépendance à nos jours ». Elle s’est ouverte par un symposium au cours duquel une panoplie de panélistes professionnels a fait le bilan de la rumba congolaise tout en suggérant la création de la Maison de la rumba.

Le député de Poto-Poto 3, Ferréol Gassackys, président de l’association Lumières d’Afriques et fondateur du festival "Rumba jungle" a ouvert le symposium par l’introduction du thème général, avant que le premier panéliste, Bangi Bayo, de la République démocratique du Congo (RDC), expert en communication du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication, ne développe son sous-thème intitulé « L’odyssée et l’épopée de la rumba congolaise ». Ce premier vice-président de la commission nationale chargée de la valorisation de la rumba a circonscrit le thème de cette troisième édition. Il a parlé de quelques orchestres qui ont vu le jour à Kinshasa et à Brazzaville. Pour lui, la décennie 1970 a été marquée par l’entrée des orchestres des grands. Ensuite le Trio Madjesi a bouleversé le monopole des orchestres existants sur tous les plans. Aussi, durant cette période, la rumba congolaise a été exportée vers le Gabon avec les Mavuela, … Pour cet expert en rumba congolaise, cette musique s’est implantée à Bruxelles avec Ok Jazz et son projet Visa 80 ainsi que Viva la Musica de Papa Wemba que Luambo avait invité. Elle s’est ’exportée aussi au Japon avec Viva la Musica toujours. Il en est de même pour la montée en puissance des animateurs appelés communément "Atalakus". Bangi Bayo pense qu’avec l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco, les orchestres des deux Congo doivent en profiter pour faire rayonner leur musique.

Exposant sur le sous-thème « Rayonnement de la rumba sur la période 1960-1970 », l’historien, journaliste et musicographe Bouetoum, de la République du Congo, a fait savoir que cette décennie est le tronc de l’arbre de la musique congolaise, l’âge d’or de la rumba congolaise. Pour lui, la chanson Indépendance cha cha c’est l’étincelle, le déclic qui réveille les Africains du Sud du Sahara. Les saxons, les pianos, ... font dorénavant partie des instruments de musique. Enfin, l’historien Bouetoum a conclu son exposé en indiquant que la rumba congolaise reste une musique inégalée.

Pour sa part l’historien et musicographe Stevio Ulrich Baral-Angui, également du Congo est intervenu sur les langues, frontières et transethnicité dans le rayonnement de la rumba congolaise. Ce chercheur au Centre universitaire de recherche sur l’Afrique au Laboratoire d’anthropologie et d’histoire à l’Université Marien-Ngouabi a laissé entendre qu'il y a la plusieurs facteurs qui expliquent la diffusion et le fonctionnement de la rumba congolaise. Alors que Maïka Munan, de la RDC, a centré son exposé sur la valorisation des artistes de rumba par l’Unesco. Il a mis également un accent sur les droits d’auteur.

La rumba, une culture, une éducation

Emma Mireille Opa Elion, du Congo a exposé sur le sous-thème « Rumba et nous ». La panéliste qui dit avoir découvert la rumba à l’époque où elle avait 8 à 10 ans à travers la chanson Muzi s’est référée à Wikipédia pour signifier que la rumba est un genre musical né sur les rives du grand et majestueux fleuve Congo entre les années 1930 et 1935. Ses origines se trouvent au royaume Kongo où l’on pratiquait une danse appelée "Nkumba", en kikongo le nombril. C’est donc la danse du ventre du fait des frottements des nombrils des deux danseurs lors d’une exhibition. Avec la traite négrière, plusieurs esclaves venant de l’Afrique centrale ont emporté avec eux leurs rythmes musicaux qui se sont mélangés aux rythmes cubains pour donner le son cubano. Emma Mireille Opa Elion a conclu son exposé en disant que la rumba c’est toute une culture, toute une éducation. « En somme, la rumba est en nous comparable à la fleur qui nous accompagne le long de notre vie sur cette terre des hommes. Nous naissons en musique et quittons ce beau monde en musique », a-t-elle dit.

La directrice de la Maison russe, Maria Fakhrutdinova, a mis un accent sur l’historique du concept "Rumba na bilenge" créé à l’issue de l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité, le 14 décembre 2021. Elle a rappelé que la Maison russe qu’elle dirige, en tant qu’institution culturelle, a été l’une des premières institutions à organiser un grand concert en présence de la représentation de l’Unesco au Congo, avec l’artiste musicien Djoson philosophe, le 14 décembre 2022. C’était pour cette institution culturelle une manière de féliciter le peuple congolais. Pour elle, la création du concept "Rumba na bilenge" qui veut dire "Rumba des jeunes", c’est pour encourager leur talent artistique. La musique, selon elle, est un moyen diplomatique qu’il faut exporter dans différents pays du monde, et non pas seulement sur l’espace francophone, parce que la musique est universelle. « La rumba pour moi, c’est une occasion de découvrir votre culture. C’est un instrument pour connaître le lingala », a-t-elle avoué.

Enfin, les panélistes ont déploré le fait qu’on inscrivant la rumba au patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco, il a été oublié le volet danse, alors que la rumba c’est aussi la danse. En même temps, ils ont plaidé pour la mise en place de la Maison de la rumba.

A l’issue de ce symposium, son organisateur, Ferréol Gassackys, a estimé que ces échanges ont été un moment très important. « C’était un moment très agréable, un échange entre les Congolais, parce que c’est le Congo et la RDC qui s’unissent. A titre de rappel, nous avons un patrimoine identitaire qui s’appelle la rumba, que désormais il faille protéger, sauvegarder et valoriser. En 2021, la rumba congolaise avait été inscrite comme patrimoine culturel et immatériel de l’Unesco, maintenant il s’agit de valoriser et de sauvegarder ce patrimoine. Il y a un document de stratégie globale qui oblige tous les pays qui passent par-là à sauvegarder et à accompagner cette valorisation. A travers notre concept "Rumba jungle", nous rappelons aux entités étatiques des deux Congo qui sont les premières concernées que l’Unesco procédera à une revue dans ci-peu. Elle va nous demander ce que nous avons fait pour sauvegarder et valoriser ce patrimoine. Parce qu’il y a un certain nombre d’impératifs que nous devons suivre », a signifié Ferréol Gassackys, avant d’ajouter que c’est pour cela que l'appel est lancé à travers le concept "Rumba jungle" qui veut justement valoriser la rumba.

Notons que le symposium s’est tenu en présence des artistes musiciens et l’équipe dirigeante des Bantous de la capitale, de ceux venus droits de la France en l'occurrence Bozi Boziana de la RDC, Ladis Arcade du Congo puis des artistes locaux à l’instar d’Alain Deshaké et son orchestre Armée rouge qui ont agrémenté ce moment par des intermèdes musicaux.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- Les panélistes lors du symposium/ Adiac 2- La photo des panélistes pour la postérité/ Adiac

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