Les immortelles chansons d’Afrique : « Munyenge ma Ngando » de Eboa LotinVendredi 21 Mai 2021 - 13:31 « Munyenge ma Ngando » occupe une place singulière dans le catalogue musical du Cameroun. Avec cette chanson, son auteur Eboa Lotin a conquis l’Afrique et les autres continents. Ce titre composé à la faveur du « Caïman Club de Douala », une équipe de football camerounais, se révèlera par la suite un tube africain qui aura fait assoir un nouveau genre musical appelé « Makossa » dont Eboa Lotin fut l’un des ambassadeurs. C’est sous les auspices de la maison Philips que cette chanson voit le jour en 1968, en disque microsillon 45 tours et plus tard en 33 tours sous la référence No 9101136. Quand sort « Munyenge ma Ngando », le « Caïman Club de Douala » est champion du Cameroun. Cette chanson sert d’appui à la célébration de ce sacre. Dans ce titre, nous avons deux vocables « Munyenge » et « Ngando ». Le premier désigne une localité du Cameroun située dans l’arrondissement de Muyuka. Le second signifie « caïman » chez les Akwa et en lingala. « Munyenge ma Ngando » peut être compris comme « le caïman de la localité de Munyenge ». « Matumba matumba ma mboa mese ma yoki jokane longe Nde ekip’a Ngando e wani muñenge o Bonambela Mun mwa o mwe pe tobo tobo tobo e tobo tobo O di nde ekalago Matumba ma wase mese ma yoki jokane longe Nde ekip’a Caïman e wani yoma makosa mundi Man mao me pe tobo tobo tobo e tobo tobo To di songele bito di banjise ponj’a belam e Lo bi na to nika ekip’a ngando e kolo panga Ye pe ngiña bwanga yo wo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo ». « Tous les peuples du pays ne font que se divertir, alors l’équipe de Caïman a apporté la joie à Bonambella (anthropologue camerounais), une joie spécifique. Tous les peuples de la terre ne savent que se divertir alors l’équipe du Caïman a apporté le Makossa en ville, un Makossa singulier. Même si nous dévorons les femmes et asséchons les fûts d’eau de vie, sachez que l’équipe de Caïman a des gros biceps ainsi qu’un torse puissant Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo Ololo ». L’impact de ce morceau fut considérable que Tabu Ley l’interpréta en décembre 1970, lors de son célèbre concert à l’Olympia de Paris. Emmanuel Eboa Lotin a su manier les mots dans sa langue en les accompagnant d’une guitare et d’un tambour à bois cylindrique pour faire de cette chanson un véritable succès. Il a commencé à chanter à l’âge de huit ans à Douala, la ville où il est né le 6 août 1942. Il composera sa première chanson « Mulema mam » en 1962. Cinq ans plus tard, il est le numéro un du concours Vick’s vedette avec son morceau « Mbemba mot’ a sawa ». Le jazzman Duke Ellington fut le président du jury dudit concours. En 1969, il représente le Cameroun au premier Festival Panafricain d’Alger. Le fait d’avoir arrêté les études au cours moyen deuxième année ne l’a pas empêché de faire des exploits musicalement. Celui qui considérait la terre comme un aéroport de transit a embarqué dans le vol de l’Eternité le 7 octobre 1997.
Frédéric Mafina Légendes et crédits photo :Eboa Lotin Notification:Non |