Les Souvenirs de la musique congolaise : de l’OK Jazz au Tout-Puissant Ok Jazz, à l’ascension et la gloire du Grand Maitre Franco (1)

Samedi 28 Octobre 2023 - 13:04

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En 1956, le 6 juin à Léopoldville, l’annonce est faite d’un point à un autre de la ville, un nouvel orchestre vient de voir le jour l’Ok Jazz qui au départ fut un groupe des musiciens d’enregistrement sans nom du studio Loningisa du grec papa Dimitrious, est composé des musiciens de deux Congo, l’Ok Jazz, orchestre emblématique que dirigea des mains de maître Luambo Makiadi Franco de Mi à Mor pendant plusieurs décennies.

Le studio Loningisa et les enregistrements sont au point de départ de l’avènement de l’Ok Jazz dans le microcosme musical congolais. Des musiciens brazzavillois participent aux enregistrements de ce groupe. il s’agit de Lamontha, Diaboua Lièvre, Nino Malapet, Liberlin de Shori Badiop, Jean Serge Essous, Loubelo de la Lune.

Au fil des temps, les musiciens des éditions Loningisa se décident de se produire en public avec l’aval de papa Dimitrious (patron des éditions Lonigisa) et un groupe se forme composé ainsi qu’il suit : Luambo Franco à la guitare solo et chant, Jean Serge Essous à la clarinette, Loubelo de la Lune (guitare rythmique), Roitelet Moniama (guitare basse), Lando Rossignol (chant), Diaboua Lièvre (flûte), Bosuma Dessoin, Liberlin de Shori Badiop Pandi Saturnin et Lamontha (batteurs). Ils s’installent dans un bar dénommé Ok bar appartenant à Germain Gaston qui leur fournit un équipement musical. Le nom Ok Jazz est adopté pour les besoins de la cause en référence au célèbre bar Ok Bar qui fut le lieu lors de la signature du contrat entre le groupe et le chemin de fer Matidi-Léopoldville relatif à un concert entre avril et mai 1956.

A cet effet, Jean Serge Essous fut désigné pour signer le contrat au nom de l’orchestre endossant ainsi le titre de chef d’orchestre de l’Ok Jazz et devient ipso facto le premier chef de l’orchestre Ok Jazz dans l’ordre chronologique (titre dont Franco lui a toujours reconnu de son vivant). Mais sur instigation de Bowane (une figure de proue de la musique congolaise qui encadra Franco au studio Loningisa dans sa chanson « Bolingo na ngaï Beatrice », Essous accompagné de Rossignol et Pandi rejoignent à la sauvette la maison Essengo du grec Dino Antono Poulos tout en étant encore sociétaires des éditions Loningisa pour créer l’orchestre RocK-A-Mambo.

Il sied de noter que ce sont les étrangers, notamment les Grecs et les Français, qui sont à l’origine des maisons d’éditions ayant permis à la musique congolaise de s’épanouir, l’on peut citer : Ngoma, Loningisa, Opika, Essengo, la voix de son maître, Philips, Olympia, Cefa, etc.

Le départ du chanteur Rossignol est comblé par Vicky Longomba qui, depuis fort longtemps, accompagne ses amis lors des enregistrements aux éditions loningisa. Edo Ganga appelé à la rescousse et Célestin Kouka transfuge du Négro Jazz orchestre brazzavillois disloqué à Léopoldville font leur entrée dans l’Ok Jazz qui se compose de Franco, Vicky, Edo Ganga, Célestin Kouka, Brazzos Muando Issac Musikiwa, Loubelo de la Lune et Desoin Bosuma. Ils enregistrent trois chansons qui vont marquer les mélomanes et ambianceurs des deux rives du fleuve Congo « Aimé wa Bolingo » d’Edo Ganga, « Joséphine » et « Motéma na ngaï e payi ya mama » de Franco, trois tubes qui remportèrent un succès fulgurant.

Au début de l’année 1957, l’Ok Jazz subit un contre coup avec la sortie du titre flamboyant d’Essous intitulé « Baila » avec Rossignol Bowané de l’orchestre Rock-A-Mambo, titre qui fut le premier cha cha cha chanté en espagnol, véritable coup de maitre qui bouscula l’écosystème musical congolais. Pour préparer une riposte, Franco et ses collègues s’installent à Brazzaville pendant une certaine période sous la houlette de Macedo et Faignond propriétaires des bars le plus célèbres de la ville où l’Ok Jazz se produit et met sur le marché un répertoire composé de plusieurs titres dont le plus célèbre fut « Ba bomi mboka » de Franco. De retour à Léopoldville, Franco obtient de papa Dimitrious son premier scooter de marque Vespa. L’Ok Jazz est au summun de son art et tient la dragée haute aux autres orchestres Kinois, entre autres, African Jazz, Rock-A-Mambo appartenant à la même écurie Essengo. Au plan artistique l’Ok Jazz excelle dans la Rumba « Odemba » ou Rumba lourde qui est la spécificité du groupe et qui le singularise avec d'autres orchestres du clan African Jazz.

En 1958, Franco est arrêté par les autorités coloniales pour des raisons obscures, « une affaire de cœur d’après certaines bouches ». Son absence réduit le succès de l’orchestre dont il est le porte-flambeau, Bolhèn le remplace en tant que soliste. En janvier 1959, à la suite des troubles socio-politiques qui secouèrent Léopoldville et qui opposèrent les Congolais et les colons belges, troubles qui furent à l’origine d’une antipathie des Congolais envers les colons belges et les étrangers vivant à Léopoldville, antipathie ayant revêtu des allures xénophobes, Célestin Kouka, Edo Ganga, Loubelo de la Lune firent défection et regagnèrent Brazzaville et créèrent l’orchestre Bantous de la Capitale avec Pandi, Essous, Dignos et Dicky Baroza dont la sortie officielle eu lieu le 15 août 1959 au bar chez Faignond qui fut à l’époque le haut lieu de la vie, du plaisir et de la danse les mardis, jeudis, vendredis et dimanches, journées des grandes retrouvailles pour les ambianceurs.

A suivre

Auguste-Ken-Nkenkela

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