Libye : la parole pourra être donnée aux armesSamedi 12 Mars 2016 - 13:45 En s’implantant dans de nouvelles régions de la Libye après son bastion de Syrte, Daech veut inéluctablement, selon certains analystes, montrer qu’il est capable d’étendre son influence et qu’il est invincible. Or, la communauté internationale veut donner une dernière chance à la politique, sinon la parole sera donnée aux armes pour chasser l’organisation islamique de ce pays. A plusieurs reprises déjà, les Occidentaux ont dit être « prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu’un gouvernement d’union nationale en fasse la demande ». Et l’opinion publique libyenne est déjà préparée à l’éventualité d’une nouvelle intervention étrangère, une idée de plus en plus admise par la quasi-totalité de la population. Alors que les nouvelles d’une nouvelle intervention internationale vont bon train, les voisins de la Libye ont décidé de se réunir le 21 mars en Tunisie. Il s’agira pour les Etats concernés dans cette nouvelle tentative de sauver la Libye, d’« examiner l’évolution de la situation sur la scène libyenne et continuer d’étudier les moyens de trouver des solutions », comme indiqué à l’AFP, un responsable du ministère tunisien des Affaires étrangères. L’annonce de cette prochaine rencontre est faite alors que le pays fait de plus en plus face à la menace de Daech, combattu par plusieurs parties parfois opposées. Sur place, les forces libyennes ne laissent pas faire. C’est le cas par exemple des troupes basées à Misrata soutenant le gouvernement de Tripoli, qui ont affirmé avoir mené ces derniers temps, des frappes aériennes contre les djihadistes du groupe EI dans leur bastion de Syrte, dans le centre de la Libye. Le bilan de ces frappes serait de 18 morts parmi lesquels d’importantes figures du groupe djihadiste, d’après Djamal Zoubia, porte-parole pour les médias étrangers du gouvernement libyen autoproclamé installé à Tripoli. De son côté, un rapporteur des forces fidèles au gouvernement installé dans l’est du pays, Akram Bouhalika, a déclaré qu’un accrochage avait eu lieu entre ces troupes et des membres de l’EI, ces derniers jours à 120 km au sud de la ville d’Ajdabiya, à l’est de Syrte. Réagissant à la situation qui prévaut en Libye, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a mis en garde contre une dégradation de la sécurité en Libye en l’absence d’une solution politique à la crise que traverse ce pays. « Si les choses ne progressent pas sur le plan politique, la crise humanitaire s’aggravera et les atteintes à la sécurité, y compris les attaques de Daech, se multiplieront et gagneront du terrain », a-t-il déclaré. C’était à l’occasion d’une visite en Algérie, pays voisin de la Libye qui a accueilli ces derniers mois, des pourparlers de paix entre représentants des principaux groupes libyens pour favoriser un règlement politique. Pourtant les camps rivaux libyens ont réussi, sous forte pression de la communauté internationale, à signer un accord de paix, mais plusieurs points d’achoppement entravent toujours la formation d’un gouvernement d’union nationale. Aujourd’hui, plusieurs analystes s’accordent pour dire qu’il est difficile que soit formé « un gouvernement libyen unifié qui tienne ». D’ailleurs, plusieurs membres des deux parlements et des deux gouvernements qui existent en Libye sont contre l’accord signé, ils refusent la formation du gouvernement et ont émis des réserves sur la répartition des postes-clé. L’on souhaite plutôt la mise en place d’une médiation pour approcher les points de vue, avec l’espoir qu’un compromis sera trouvé en vue de la formation du gouvernement. Le général Khalifa Belqasim Haftar : un acteur qui ne fait pas l’unanimité Le bras de fer entre les rivaux libyens a lieu alors que parallèlement, existe un autre acteur de poids qui est venu s’ajouter à l’équation libyenne. Cet acteur qui ne fait d’ailleurs pas l’unanimité parmi les camps opposés en Libye n’est autre que le général Khalifa Belqasim Haftar, connu par son hostilité vis-à-vis de tous les groupes qui se disent islamistes, surtout les islamistes de Fagr Libya. Ceux-ci refusent même sa présence sur la scène politique parce que ses troupes bombardent toujours les positions des troupes islamistes. Le gouvernement reconnu par la communauté internationale voit en ce général un homme capable d’affronter les djihadistes et de diriger une armée puissante. Selon plusieurs sources, Khalifa Belqasim Haftar dirige actuellement la guerre sur le front est contre l’EI, ce qui augmente le fossé et les différends entre les rivaux libyens. Les potentielles victoires militaires du général Haftar sur Daech risquent donc de faire pencher la balance au détriment du gouvernement de Tripoli. Et c’est pour cette raison que l’organisation terroriste a décidé de changer sa stratégie. Si tout au long de l’année dernière, elle était implanté principalement à Syrte, actuellement, l’EI se dirige vers le Centre de la Libye en essayant de s’étendre géographiquement. A en croire certains analystes, cette nouvelle orientation est également due à l’attitude de la communauté internationale. Cela dit, parce que, tout en combattant Daech en Syrie et en Irak, les Occidentaux craignent plus que tout une implantation de l’EI en Libye, en raison notamment de sa situation géographique. Quant à Daech, il fait tout pour sa survie : les djihadistes de l’EI ne cessent d’intensifier leurs combats pour essayer d’occuper plus de territoire. La situation en Libye est on ne peut plus complexe. Il existe deux armées qui mènent des combats parallèles : les forces armées libyennes à Bengazi et les milices de Fagr Libya dans l’ouest et à Tripoli. Le centre de la Libye souffre d’absence de forces armées capables de protéger les civils contre les attaques de Daech. Autrement dit, les forces armées et Fagr Libya ont chassé les djihadistes de l’ouest, de l’est et de la capitale, les combattants de Daech se sont dirigés vers le centre du pays et ont pu occuper de nouvelles régions. Voila ce qui justifie le bien-fondé d’une éventuelle nouvelle intervention militaire étrangère. Pour l’heure, toutes les rumeurs et autres informations à ce sujet restent quelque peu imprécises même si l’on a parlé de frappes américaines contre les positions de l’EI, voire d’une présence militaire terrestre française, bref, d’une éventuelle prochaine intervention internationale menée conjointement avec des pays arabes. Nestor N'Gampoula Notification:Non |