Libye : le gouvernement d'union perd un troisième port pétrolier

Lundi 12 Septembre 2016 - 18:26

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 Le gouvernement d'union en Libye soutenu par l'ONU a perdu lundi le contrôle d'un troisième terminal pétrolier. Le pouvoir basé à Tripoli ne parvient pas à défendre les principaux ports permettant au pays d'exporter son or noir, sa principale richesse économique. Ce revers risque de l'affaiblir à l'heure où ses forces luttent pour reprendre la ville de Syrte aux mains du groupe Etat islamique (EI), une bataille qui s'éternise depuis quatre mois.

 

   

 

 Les trois ports du Croissant pétrolier, situé le long du littoral dans le nord-est, ont été conquis par les forces loyales au général Khalifa Haftar, chef proclamé de l'armée liée au gouvernement non reconnu basé dans la ville d'al-Baïda. Après moins de deux jours de combats, elles ont pris lundi le port de Zoueitina, en réussissant à "le sécuriser entièrement", a indiqué à l'AFP Mohamed al-Azoumi, porte-parole d'une brigade participant à l'offensive. La veille, elles avaient conquis les terminaux d'al-Sedra et de Ras Lanouf, les deux plus importants du pays.

 Ces sites étaient sécurisés par les Gardes des installations pétrolières (GIP), une milice de l'est qui a prêté allégeance cet été au Gouvernement d'union nationale (GNA). Les GIP contrôlent toujours le terminal de Brega mais selon le colonel Ahmad al-Mesmari, porte-parole des forces dirigées par le général Haftar, des tentatives sont en cours pour s'en emparer sans affrontements.

 Cette bataille pour le contrôle du Croissant pétrolier est la première à opposer les forces de l'est à celles du GNA depuis l'installation de ce dernier à Tripoli en fin mars. Mais le gouvernement dirigé par le Premier ministre, Fayez el-Sarraj, n'a pas réussi jusqu'à présent à faire reconnaître son autorité sur l'ensemble de la Libye, pays plongé dans l'instabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.  

 "L'échec du GNA à s'affirmer comme le représentant légitime du peuple explique son incapacité à rassembler la force militaire suffisante pour sécuriser les villes, les citoyens et ses intérêts économiques", estime Michael Nayebi-Oskoui, spécialiste en stratégie géopolitique basé aux Etats-Unis. Mais les nouveaux regains de violence reflètent surtout, selon lui, la fragilité interne de la Libye.

 "Ces violences (...) mettent en évidence que même si la communauté internationale perçoit le pays sous l'angle des migrants et de la menace terroriste, la Libye est plus une menace pour elle-même que pour ses voisins", dont l'Europe, poursuit l'analyste.

 Le GNA a dénoncé dans la nuit ces attaques contre les terminaux pétroliers, estimant qu'elles étaient "contraires au processus de réconciliation" engagé ces derniers mois et qu'elles risquaient d'"entraîner le pays dans un tournant dangereux". Il a appelé ses forces à reprendre les terminaux pétroliers. Mais celles-ci, composées en partie de milices de l'ouest du pays dont celles de la ville de Misrata, ont déjà fort à faire avec la bataille de Syrte contre l'EI.

 Les jihadistes, acculés dans un quartier, y opposent "une forte résistance", a récemment reconnu un responsable des forces pro-GNA.  

 Le chef du gouvernement rival, Abdallah el-Theni, a pour sa part annoncé "travailler au retour de l'activité des terminaux pétroliers dans les plus brefs délais pour assurer à tous les Libyens une vie digne".

 Les troupes du général Haftar ont précisé qu'elles allaient confier à la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) la gestion des terminaux "sans contrepartie", afin qu'elle puisse reprendre sans tarder ses exportations de pétrole.

 Si la Libye dispose de plus importantes réserves pétrolières d'Afrique -estimées à 48 milliards de barils-, elle est paradoxalement le membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui produit le moins.

 Entre 2010 et 2016, sa production de brut a été divisée par cinq, passant d'environ 1,5 million à 300.000 barils par jour. Quant aux revenus pétroliers, ils ont fondu et devraient s'élever au maximum  à 4 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros) en 2016, selon des sources du secteur pétrolier libyen. Soit plus de dix fois moins qu'en 2010.

  L'incapacité de la Libye à sortir de la crise inquiète fortement les pays européens, confrontés à l'afflux des migrants traversant la Méditerranée depuis son littoral. Fin août, l'Italie a ainsi dû faire face à l'arrivée de plus de 14.000 personnes en moins d'une semaine, quasiment toutes originaires d'Afrique subsaharienne.

 

 

 

 

 

 

AFP

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