Lire ou relire: « Le ciel des amours captifs » de Marie Julie NguetseSamedi 14 Juillet 2018 - 13:51 Le roman qui se présente comme une thérapie contre la guerre est l'œuvre d'une écrivaine camerounaise. Il raconte l'histoire de deux jeunes amoureux séparés par les affres de la guerre mais que le destin finit par réunir.
La description des faits est chronologique. L'amour est ici omniprésent au cœur même de la guerre. Tout le tableau valorise le courage d'une jeune femme à la quête d'un amour perdu, arraché par des mutins qui, comme le vent dévastateur, emportent tout à leur passage. Cases brûlées, personnes violentées, familles décimées, royaumes razziés par des guerriers féroces et inhumains, ces trafiquants de la mort au service d'une guerre irrationnelle. A côté de cette désolation se déchaîne la nature par la montée en furie des vagues maritimes. L'inondation pousse les fugitifs à se refugier sur une montagne, occasionnant des rencontres inattendues. La violence des eaux vient comme pour châtier les méchancetés du genre humain. Pour apaiser les eaux, les hommes se livrent à un rite d'un ordre primitif. Mefou, l'héroïne du roman, n'est pas la seule femme à se battre pour sauver la vie autour d'elle. Dans le récit, le narrateur externe et anonyme peint des figures féminines d'âge varié, sensibles et naturellement généreuses qui amoindrissent par leur intervention les atrocités de la guerre. Le rôle des femmes se révèle indispensable dans la résolution des conflits quoiqu'officiellement, ce sont les hommes qui s'affichent au premier plan. Par ailleurs, il y a en même temps le lot des amazones qui payent un lourd tribut en se livrant à la prostitution sur une île dangereuse où règne en maître Azap, le jeune fiancé de Mefou devenu le chef des rebelles. C'est là que les deux jeunes amoureux vont finalement se retrouver, après moult mésaventures. L'amour prend le dessus sur la guerre. Le prince Azap suivi de quelques amis prend conscience de l'inutilité de la guerre, préférant se rendre à la justice qui l'acquitte parce qu'il fut enrôlé de force alors qu'il n'était qu'un enfant. Ce livre fait ressurgir les scènes violentes qui ont marqué la période des indépendances au Cameroun. L'auteure décrit comment, au-delà de l'histoire officielle, la guerre est perçue et vécue dans la sphère privée par le citoyen lambda. Marie Julie Nguetse dirige les éditions Ebène à Douala, au Cameroun, ainsi que la "Collection série d'amour et de flèches" qui produit des romans et des séries télévisées. Ce roman publié en co-édition avec les éditions Sopecam inaugure cette collection. Aubin Banzouzi Légendes et crédits photo :Image illustrative Notification:Non |