Massacre de Mutarule : un rapport de HRW incrimine les Fardc et la MonuscoJeudi 3 Juillet 2014 - 17:38 Les Fardc et les forces de maintien de la paix de l’ONU, selon l'ONG, ne sont pas intervenues à temps pour arrêter le massacre de Mutarule bien qu’elles aient reçu des appels à l'aide désespérés dès le début de l’attaque. Le massacre qui s’est produit le 6 juin à Mutarule, un village de la province du Sud-Kivu, vient de ressurgir à la faveur d’un récent rapport d'Human Rights Watch. Cette ONG internationale qui a investigué sur les circonstances ayant entouré ce carnage livre ses conclusions dans ce document publié ce 3 juillet. Il ressort de ce rapport qui donne tous les détails en rapport avec ce massacre qui a coûté la vie à près de trente-huit personnes que les Fardc et la Monusco n’ont pas joué comme il faut leur rôle de protection et de sauvegarde des intérêts de la population. « Un officier supérieur de l'armée congolaise en poste à proximité, qui avait été averti à plusieurs reprises et informé de l'attaque menée par des assaillants armés dans le village de Mutarule, n'a pas agi pour arrêter le massacre », indique HRW. L’ONG dénonce également le laxisme des forces de maintien de la paix de l’ONU dont la présence à neuf kilomètres du lieu du sinistre n’a pas dissuadé les assaillants à commettre leur crime. « (…) Ils étaient également au courant de l'attaque, mais ils ne sont pas intervenus et ne se sont rendus à Mutarule que deux jours après le massacre », confirme le rapport. Bien qu’elles aient reçu des appels à l'aide désespérés dès le début de l’attaque, l’armée et la Monusco sont restées de marbre, indique HRW. Pour toute réaction, les autorités militaires congolaises ont ouvert une enquête sur l'attaque et ont arrêté deux officiers de l'armée ainsi qu’un civil, mais elles ne les ont pas encore mis en accusation. Aucun des assaillants n'a été arrêté. Quant à la Monusco, note HRW, elle a publié un communiqué condamnant l'attaque tout en affirmant que les casques bleus prendraient des mesures pour protéger la population locale à Mutarule. « Les casques bleus de l’ONU fournissent un faux sentiment de sécurité s’ils ne répondent même pas quand les comités de protection locaux qu'ils ont aidé à mettre en place tirent la sonnette d'alarme », a conclu Anneke Van Woudenberg, directrice de plaidoyer au sein de la division Afrique à HRW. Déterminé à voir clair dans ce massacre qui a endeuillé de nombreuses familles à Mutarule, HRW exhorte les autorités judiciaires congolaises à traduire en justice sans délai les agresseurs responsables du massacre, conformément aux normes internationales de procès équitables. Décrivant les circonstances du massacre après recoupement de quelques témoignages, l’ONG note qu’il a eu lieu dans un contexte de tensions croissantes entre les groupes ethniques bafuliro, barundi et banyamulenge. Les assaillants avaient d’abord ouvert le feu sur près de deux cents personnes qui étaient réunies à l’extérieur d’une église avant de faire irruption dans le lieu de culte où ils ont tiré sur des fidèles. « Ils ont également pris pour cible un centre de santé et plusieurs maisons, abattu des personnes à bout portant, puis les ont brûlées », commente le rapport. En attendant d’identifier les auteurs de ces massacres, les témoins rapportent qu’il s’agit « d’un groupe d'assaillants armés, dont certains portaient des uniformes militaires et parlaient kirundi et kinyamulenge – les langues des Barundis et des Banyamulenges ».
Alain Diasso |