Mirabell Mayack : « l’Allemagne souhaite investir beaucoup plus dans les deux Congo »

Mercredi 20 Janvier 2021 - 13:13

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Mirabell Mayack 36 ans, née d’une mère allemande et d’un père camerounais, basée à Londres, est la directrice d’un cabinet de Due diligence, spécialisé pour les pays d’Afrique subsaharienne francophone.

En quoi consistent les activités de votre Cabinet ?

Nous sommes passés d’un cabinet de relations publiques pour élargir notre portefeuille Afrique, dans le domaine de la due diligence. À la base, l’idée est de créer un pont d’investissements rentables entre l’Allemagne et l’Afrique. La due diligence est nécessaire lorsque vous faites des affaires et en particulier avec l’Afrique francophone. Elle permet à un investisseur de prendre les bonnes décisions.

Les services principaux que nous fournissons sont la due diligence, le match-making et la recherche primaire en Afrique francophone.  Nous organisons également un événement d’affaires majeur en Allemagne qui réunit des investisseurs allemands et des leaders africains francophones dans la ville de Schwäbisch Gmünd, près de Stuttgart.

En quoi consiste concrètement la due diligence ?

La due diligence est une forme de vérification. Par exemple, en Allemagne, un pays fortement régulé et transparent, elle consiste généralement en un audit financier et à la vérification financière. Nos clients sont Européens et Africains anglophones, les sociétés de consulting et toutes les entreprises qui souhaitent exercer des activités commerciales ou des investissements en Afrique francophone.

Aussi est-elle un pas nécessaire pur pouvoir prendre des décisions informes avant l’investissement. Ceci consiste entre l’audit financier, de la vérification RH aux vérifications des structures pour créer plus de transparence.  

Quels types de relations économiques l’Allemagne entretient-elle avec le continent africain, en particulier avec les deux Congo ?

Les investissements directs étrangers allemands en Afrique sont inférieurs à ceux de la Chine, de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des Etats-Unis . Seulement 850 entreprises allemandes se trouvent sur le continent africain.  Néanmoins, depuis quelque temps, l’Allemagne souhaite investir beaucoup plus en Afrique et dans les deux Congo. Cela constitue une occasion pour attirer les investisseurs et les informer sur les opportunités d’affaires dans ces deux pays. Pour ce faire, l’Allemagne offre des garanties d’investissement aux entreprises allemandes qui veulent opérer en Afrique, afin de couvrir les risques politiques, car l’Afrique est toujours perçue comme un continent à la sécurité volatile. Les agences d’investissement institutionnelles allemandes et les groupes de lobbying en Allemagne souffrent d’un manque d’experts sur l’Afrique. Par conséquence, le Mittelstand (petites et moyennes entreprises allemandes) reste plutôt hésitant pour le continent. Les deux Congo doivent créer une stratégie pour attirer les investisseurs allemands, en faisant notamment contribuer les diasporas de leurs pays. Les Allemands cherchent à investir dans l’énergie verte, avoir un impact social et favorisent des investissements à long terme.

Quel est aujourd’hui le volume des transactions commerciales entre les deux Congo et l’Allemagne ?

En 2018, l’Allemagne a exporté 43,8 millions d’euros de produits en RDC et le Congo a exporté en Allemagne des produits d’une valeur de 177,1 millions d’euros.

Quels sont aujourd’hui les secteurs dans lesquels l’Allemagne pourrait investir en Afrique en général et dans les deux Congo en particulier, et pourquoi ?

L’énergie verte, les infrastructures et l’agriculture sont les secteurs des investissements privilégiés, mais il existe de nombreux secteurs qui sont et pourraient devenir d’intérêt. L’Afrique subsaharienne francophone offre des marchés vierges et tout est à considérer comme une opportunité d’investissement ! De nombreux pays européens investissent et investiront davantage. Les deux Congo resteront extrêmement attractifs, en raison de leurs ressources naturelles et de leur emplacement stratégique au cœur de l’Afrique. 5,2 millions de Congolais du côté de Brazzaville et 89 millions de Congolais, du côté de Kinshasa, offrent un énorme potentiel en tant que marchés de consommation.  Les deux pays disposent de terres fertiles en abondance, estimées à de millions d’hectares, assez d’espace pour nourrir l’ensemble de la population africaine de 1,2 milliard d’habitants ainsi que l’Europe, les États-Unis et le Canada.

Quels sont les avantages que l’Allemagne offre par rapport aux partenaires dits traditionnels du continent africain ?

Les avantages de l’Allemagne sont notamment sa technologie et sa réputation de produits de qualité.Un grand avantage est naturellement le manque d’un passé colonial avec les deux Congo.  Si l’Etat allemand apprend à faire des affaires avec l’Afrique dans le respect mutuel, cela sera également un énorme avantage. Les Allemands devraient investir dans des partenariats gagnants-gagnants et non dans secteur des ONG.

Quels sont les principaux défis (notamment financiers) auxquels les investisseurs allemands doivent faire face en Afrique?

Le défi est lié au prix des produits de base qui peuvent varier, à la dévaluation de la monnaie et au choc culturel. Les compétences interculturelles restent le plus grand défi pour nous les Allemands. Pour faire des affaires avec ces derniers, les deux Congo pourraient s’appuyer sur leur diaspora en Allemagne qui est de presque 1 million de personnes.

De quelle manière votre agence accompagne-t-elle les investisseurs allemands et africains pour un partenariat gagnant-gagnant ?

Nous ne faisons pas de l’accompagnement ou du consulting. Nous offrons de la due diligence en Afrique francophone, recherche primaire et le matchmaking. Les informations que nous détenons sont précieuses et  avons une bonne connaissance de l’environnement des affaires en Allemagne et en Afrique francophone. Nous savons donc mieux diriger les investisseurs. Nous le faisons avec des partenaires tels que le groupe Loukil, en Tunisie, qui peuvent aider à surmonter les obstacles que les investisseurs allemands pourraient rencontrer.

 Quels sont vos projets ?

Si les restrictions liées à la Covid-19 sont assouplies, nous comptons organiser une conférence avec le gouvernement de la République du Congo à Schwäbisch Gmünd avec notre principal partenaire, le Groupe Loukil et la participation de Walid Loukil. Nous continuons également à attirer plus de clients pour les aider dans leurs activités en Afrique francophone. En outre, étant issue d’une entreprise familiale allemande typique du Mittelstand, je continue mes campagnes pour que le gouvernement allemand s’appuie sur les experts pour leur lobbying Afrique et leur entrée sur les marchés africains. Mon objectif principal est que l’Allemagne puisse faire plus d’affaires avec les pays africains francophones et surtout les deux Congo. Mais en tant que femme entrepreneure, mon objectif principal reste la création des emplois dans ces deux pays.

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 et 3 Mirabell Mayack Photo 2 Mirabell Mayack à Bamako, au Mali.

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