Mot introductif de Son Excellence Denis SASSOU N'GUESSO, à la Conférence de presse relative à l’annonce du Fonds Bleu pour le Bassin du CongoMercredi 16 Novembre 2016 - 17:51 Marrakech, le 15 novembre 2016 Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Représentants des Chefs d’Etat, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique, Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations internationales, régionales et sous régionales, Distingués délégués, Mesdames et Messieurs, A Paris, en décembre 2015, nous avons conclu un accord ambitieux et historique, visant la réduction des émissions des gaz à effet de serre, dans l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2° Celsius maximum. Cet accord constitue un pas important dans l’engagement de la communauté internationale à lutter contre le changement climatique. Il s’agit maintenant de le mettre en œuvre, après son entrée en vigueur le 4 novembre dernier. Des actions concrètes et innovantes doivent être mises en œuvre, notamment dans le cadre de la promotion de l’économie verte, à travers la valorisation durable de l’important capital naturel dont regorgent nos pays en développement. C’est dans cette perspective que mon pays, la République du Congo, a décidé de lancer la mise en place du Fonds Bleu, qui appuiera la réalisation des projets visant la valorisation durable des ressources en eau du Bassin du Congo. Je voudrais remercier particulièrement les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays du Bassin du Congo, qui ont adhéré à cette initiative, et honoré cette cérémonie de leur présence. A toutes celles et à tous ceux qui ont bien voulu se joindre à nous, pour soutenir cette initiative, je voudrais vous exprimer mes remerciements. Excellences, Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Le Bassin du Congo couvre une superficie de 300.000 hectares environ et représente, faut-il le rappeler, le deuxième massif forestier du monde, après celui d’Amazonie. Il renferme une diversité biologique importante, dont certaines espèces sont endémiques. Avec un bassin versant de 3, 7 millions Km2, le fleuve Congo et ses affluents représentent le bassin hydrologique le plus important de l’Afrique centrale. Les activités d’exploitation et de transformation des bois ont permis de créer 57.000 emplois directs et la contribution du secteur forestier au PIB est estimé entre 2% et 4%. La quantité de carbone séquestré est de 271 gigatonnes environ. Conscients de son importance économique, social et écologique, les Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays du Bassin du Congo se sont engagés à œuvrer pour une conservation et une gestion durable des écosystèmes forestiers de cet espace géographique, à l’issue du Sommet de Yaoundé, le 17 mars 1999. Cet engagement a été réitéré à Brazzaville, le 5 février 2005, et s’est traduit par la signature du Traité de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale et l’adoption du plan de convergence pour la gestion durable des forêts du Bassin du Congo. Depuis lors, des avancées significatives ont été réalisées et l’on peut citer notamment : - l'aménagement durable des concessions forestières, avec 50 millions d'hectares sous aménagement, dont 30 millions d'hectares sont dotés de plan d’aménagement ; - la conservation de la biodiversité, à travers l'accroissement des aires protégées, avec 4,5 millions d'ha de nouvelles zones de protection. Ainsi, l'ensemble des aires protégées couvre 37 millions d'ha, soit 10% du Bassin du Congo ; - la certification forestière de 5 millions d'ha de concessions forestières certifiées ; - le développement de la transformation des bois, notamment les industries de première transformation. Grâce à ces efforts, le Bassin du Congo détient l’un des taux de déforestation les plus faibles au monde, soit 0,2%. Cependant, les programmes de gestion durable de ce massif forestier du Bassin du Congo ont été axés sur les ressources ligneuses et fauniques. Il est donc nécessaire de renforcer l’approche écosystémique de gestion de ce massif forestier, à travers la prise en compte des ressources en eau. C’est pourquoi, j’ai initié, en collaboration avec la Fondation Brazzaville, la mise en place du Fonds Bleu. Cette initiative a été partagée avec leurs Excellences Messieurs les Chefs d’Etat de la sous-région. La proposition de mise en place de ce mécanisme financier s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’économie bleue, une initiative de la Commission Economique pour l’Afrique. Excellences, Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Les plans d’eau du Bassin du Congo constituent une importante source d’alimentation des populations locales et de leurs revenus. D’autres activités économiques sont développées sur la base de ces ressources, notamment la pêche, la pisciculture et le transport fluvial. Dans certaines zones, l’irrigation est nécessaire pour le développement des activités agricoles. Cependant, l’insuffisance de connaissances sur ces ressources et l’absence de stratégies appropriées de développement ne permettent pas de garantir leur gestion et utilisation durables. De même, le Bassin du Congo possède un potentiel hydroélectrique important, un atout pour développer les énergies renouvelables, notamment la micro-hydroélectricité, permettant ainsi de régler le problème crucial d’accès des populations rurales à l’électricité. Excellences, Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Le ressourcement et le fonctionnement du Fonds Bleu doivent s’inscrire dans une dynamique de durabilité, en tirant les leçons du Fonds de Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, qui a été peu financé et n’a pas comblé nos attentes. Une stratégie sera élaborée pour capter les fonds des mécanismes de financement internationaux, dédiés à soutenir les programmes et projets en matière d’environnement et de forêts, notamment le Fonds pour l’Environnement Mondial, le Fonds Vert pour le Climat. Le Fonds Bleu devra prioriser le financement des projets économiques viables et ayant un impact réel sur la vie des populations. Je voudrais lancer un appel à l’endroit de nos partenaires au développement, pour apporter leur soutien technique et financier à cette initiative, l’opportunité d’un nouveau partenariat pour une gestion et une valorisation durables des ressources en eau du Bassin du Congo. Un plan d’action régional cohérent devra être élaboré pour constituer le cadre de la mise en œuvre des différents projets, qui seront identifiés, dans une approche participative, impliquant notamment les communautés locales. S’agissant de l’opérationnalisation du Fonds Bleu, un groupe de travail, constitué des experts de la sous-région, sera mis en place pour préparer les termes de référence relatifs à l’élaboration des projets de textes portant sur la création et le fonctionnement de ce mécanisme, y compris le plan d’action régional que j’ai cité plus haut. Un cabinet sera recruté pour réaliser ce travail, qui sera soumis à une réunion des Chefs d’Etat. Cette réunion se tiendra à Brazzaville en 2017. Le Fonds Bleu traduit, une fois de plus, l’engagement ferme des pays du Bassin du Congo à gérer, dans l’objectif de développement durable, des écosystèmes forestiers de notre sous-région, ceci dans l’esprit de l’Accord de Paris sur le climat. Vive le Bassin du Congo Je vous remercie. La Rédaction Notification:Non |