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Pourquoi paniquer à la veille de la retraite ?

Mercredi 28 Août 2013 - 16:28

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Le constat est que chez bon nombre de gens, ce laps de temps, généralement de deux ou trois ans, qui précède le départ à la retraite, engendre de la névrose. Celle-ci se manifeste à travers des plaintes et des lamentations que l’on peut enregistrer çà et là chez certains fonctionnaires actifs. Et le plus grave est que le fonctionnaire actif qui est prêt à prendre sa retraite est plus plaintif que l’ancien retraité qui a déjà accepté et est en train de vivre cet état depuis quelques mois voire des années. C’est comme qui dirait l’âge de la conscience trouble. Encore que ces lamentations causent non seulement du tort à sa famille nucléaire (époux, épouse, enfants), mais aussi à la famille élargie, c’est-à-dire tantes, oncles, nièces, neveux, parents, cousins et autres. Et pourtant, c’est pendant ce temps qualifié de préretraite que devrait naître un état de conscience psychologique positif qui vibrerait en phase avec cette nouvelle étape de la vie.

Plus la retraite est vue comme une fatalité, plus on se crée des névroses dangereuses, capables d’enclencher des maladies psycho-somatiques. Pourquoi alors, ce sentiment de rejet introspectif ou d’autoculpabilisation lorsqu’on est à deux ou trois ans de la retraite ? Ce moment est non seulement une vie active au ralenti, mais peut aussi sur le plan socioéconomique ouvrir des portes sur d’autres projets sociaux lucratifs. Oui, elle est officiellement à 60 ans, la retraite, mais cela ne veut nullement dire qu’à 60 ans l’homme n’est plus producteur de biens et services, non !  Ainsi donc la veille de la retraite peut être vue comme la porte d’entrée d’une vie où le fonctionnaire va être remis à la disposition de sa famille ou de lui-même, ce n’est pas la fuite catégorique du revenu, même si la quantité et la périodicité dudit revenu connaîtront des fluctuations. Alors pourquoi paniquer comme si on cessait d’être une valeur humaine ?

En s’arrêtant un peu sur cette thèse des économistes selon laquelle un fort revenu crée des besoins, alors il est bon de partir à la retraite, car dans cette nouvelle vie on s’arrangera pour « prioriser ses priorités » afin de vivre paisiblement cette période inhérente à la vie de tout fonctionnaire. Cette période de préretraite, lorsqu’elle est trop agitée, peut provoquer des divorces, des replis sociaux et des refoulements familiaux divers. Oui, une chose est claire, disent ceux qui sont admis à la retraite ces dernières années, « les difficultés telles que les tracasseries dans le montage des dossiers de retraite, la longue attente du versement du rappel, le retard ou le balbutiement dans le versement de la pension et autres sont en train d’être améliorées ». Car autrefois, il n’était pas rare de croiser dans l’un des bureaux de la Caisse de retraite des fonctionnaires ou de la Caisse nationale de la sécurité sociale à Brazzaville de nombreuses personnes venues d’un département éloigné. Ils arrivaient et y restaient longtemps, sept à neuf mois, voire une année, pour rassembler toutes les pièces composant le dossier pour la retraite.  Ces documents, semble-t-il, ne relèvent plus du travail de porte-à-porte de celui qui est admis à la retraite, mais plutôt du circuit administratif informatisé. Ce qui revient à dire qu’en un court laps de temps, les dossiers peuvent être traités. Et sur cet aspect, la veille de la retraite devrait cesser de troubler des gens.

Ceux qui le plus souvent se refusent de se préparer psychologiquement pour bien affronter cette étape deviennent méchants, s’adonnent à l’alcool et aux jeux de ngola de la façon abusive, fuient amis et connaissances, désertent leurs foyers, ne prennent plus part aux réunions familiales et autres. Alors que la veille de la retraite n’est pas une fin en soi.

Et si la retraite ne doit plus être vue comme une rupture totale avec le revenu, et si l’obtention des pièces administratives tels que premier bulletin de paie, arrêté de recrutement, note de prise de service et autres qui composent le dossier d’admission à la retraite s’est simplifiée avec l’introduction de la chose informatique, à quoi bon d’être bouleversé, lorsque le temps de prendre sa retraite a sonné ? Préparons-nous à ce passage obligatoire qui, en soi, ne devrait pas embêter bon nombre de fonctionnaires actifs.

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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