![]() Présidence de la République : les cent premiers jours de Félix Tshisekedi passés au cribleSamedi 4 Mai 2019 - 18:30 Beaucoup attendent avec impatience la réalisation des promesses faites par le chef de l'Etat lors de son investiture, le 24 janvier dernier. Toutefois, selon de nombreux Congolais, les premiers gestes posés sont rassurants.
En attendant que le chef de l'Etat ne s’explique lui-même sur les avancées enregistrées et sur les difficultés rencontrées dans la matérialisation de ce programme, les actions initiées sont porteuses d’espoirs et permettent d’entrevoir l’avenir avec optimisme. Il est à noter cependant que ce programme, qui n’est qu’un avant-goût de l’action quinquennale de Félix Tshisekedi, donne un aperçu de son ambition à changer le cours des choses et à remettre le pays sur les bons rails. Route, santé, éducation, habitat, énergie, transport, agriculture, pêche et élevage, tout est pris en compte dans ce programme fait de tableaux avec des données chiffrées et sources de financements indiquant les liquidités disponibles et celles à pourvoir pour chaque type d’activités retenu en mode d’urgence. Des travaux de réfection des routes qui s’observent tant à Kinshasa que dans l’arrière-pays sont une preuve éloquente de l’effectivité de ce programme. A cela s’ajoutent les progrès réalisés dans la lutte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola, sans oublier la libération des prisonniers politiques et le début d’ouverture de l’espace public. Sur le plan sécuritaire, l’on note le retour graduel de la sécurité, notamment dans le Maï-Ndombe et le Nord-Kivu. A l’est du pays particulièrement, Félix Tshisekedi aura été au-devant de la scène en se déplaçant pour le Nord-Kivu et le Katanga où il a présidé des réunions des conseils provinciaux de sécurité, axées sur l'évaluation de la situation sécuritaire dans ces coins du pays. D’importantes décisions ont été prises mais peinent encore dans leur application. Des succès au plan diplomatique Parmi ses grandes promesses de campagne, Félix Tshisekedi avait, entre autres, envisagé de déplacer l'état-major de l'armée à Beni, une ville meurtrie par des massacres en série commis par des groupes armés. Jusqu’à ce jour, cette promesse n’a jamais été suivie d’effet, encore moins celle relative au relèvement des militaires en poste depuis trop longtemps dans le Nord-Kivu, ni celle concernant la poursuite des officiers ou hommes politiques qui auraient des liens avec les groupes armés. C’est au plan diplomatique que Félix Tshisekedi peut se targuer d’avoir tiré son épingle du jeu, lui qui a été sur tous les fronts diplomatiques pour asseoir sa légitimité extérieure. Il a multiplié les déplacements dans les pays limitrophes : Angola, Ouganda, Rwanda et Congo Brazzaville pour sceller les liens de bon voisinage, question de se rassurer d’une sécurisation mutuelle avec ses homologues concernés. Des pays dont il sait qu’ils peuvent toujours être des alliés précieux durant son mandat au plan sécuritaire. Son voyage aux Etats-Unis aura été celui qui a marqué ses cent premiers jours au regard des retombées engrangées au plan économique. Félix Tshisekedi est allé vendre l’image de la RDC auprès des investisseurs potentiels aux Etats-Unis dont plusieurs ont manifesté un intérêt à venir s’y installer. Un des faits marquants de cette visite aura été la reprise du partenariat entre le Fonds monétaire international et la République démocratique du Congo, à l'arrêt depuis 2012 à cause de l'opacité observée dans la gestion des ressources naturelles. Une marge de manoeuvre réduite dans la gouvernance du pays Les cent premiers jours de Félix Tshisekedi à la tête du pays auront aussi été marqués par la maîtrise des effets pervers d’une coalition Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (Cach) mal vécus. Bien qu’en coalition, il reste que le FCC conserve une large mainmise sur le Sénat, l’Assemblée nationale, les assemblées provinciales et l’essentiel des gouvernorats, créant ainsi un déséquilibre que dénonce Cach sans être en mesure d’inverser la tendance. Obligé à partager le pouvoir avec Joseph Kabila dans le cadre de cette coalition, il est clair que Félix Tshisekedi a une marge de manœuvre assez réduite pour imposer véritablement sa marque en tant que magistrat suprême du pays. Il fait avec, forcé de jouer à l'équilibriste dans une relation d’intérêt où il sait qu’il n’a pas toutes les cartes à sa disposition. Avec tact et prévoyance, il avance à petit trot, tout en essayant d’occuper le terrain laissé vacant par « l’absence de Premier ministre et de gouvernement ». C’est ici le lieu de reconnaître le travail abattu par la présidence de la République, devenue l’épicentre de la gouvernance politique et économique, en l’absence d’un gouvernement responsable. Toutes les grandes décisions ayant touché notamment la suspension de certains comités de gestion dans quelques entreprises publiques sont venues de la présidence qui aura joué un rôle capital dans le recouvrement de la paix sociale. Il est temps que cette situation cesse et qu’un Premier ministre soit nommé, avec un gouvernement responsable pour prendre les rênes du pays, au risque d'affronter les frustrations de la population dont la patience a atteint ses limites. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Félix Tshisekedi Notification:Non |