Présidentielle du 20 mars : cinq candidats malheureux refusent d’être fair-play

Lundi 28 Mars 2016 - 14:27

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Le fait même pour cinq candidats qui auraient pu propulser un des leurs pour les représenter, et d’aller à un scrutin présidentiel en signant « une charte de l’opposition pour la victoire » recèle trop d’arrière-pensées.

Refuser tout dialogue : telle est la voie choisie par cinq des neuf candidats à l’élection présidentielle du 20 mars, dont les résultats proclamés par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation donnent vainqueur le président sortant, Denis Sassou N’Guesso, avec 60,39%. En attendant leur validation par la Cour constitutionnelle, juge du contentieux électoral, les cinq candidats malheureux, tous membres de l’IDC-FROCAD rejettent en bloc ces résultats et appellent à la désobéissance civile.

Si l’on voit bien, l’opposition radicale poursuit la ligne qu’elle s’était tracée depuis l’enclenchement du processus électoral dans le pays l’année dernière ; celle d’empêcher par tous les moyens la tenue apaisée des élections, surtout si celles-ci devaient entre autres permettre au chef de l’Etat sortant de se succéder à lui-même.   

Le refus de parler à son prochain

En 2015, dans la perspective du dialogue national de Sibiti, qui devait se pencher sur l’évolution des institutions, le président de la République entamait des consultations avec les responsables des partis politiques et des associations de la société civile. Contactés, les dirigeants de l’IDC-FROCAD rejetèrent l’offre disant ne pas être disposés à discuter des choses qui ne leur regardent pas. Puis est venu le dialogue de Sibiti où tous refusèrent d’y participer lui opposant un dialogue alternatif qu’ils convoquèrent à Brazzaville.

Auparavant, l’opposition s’était abstenue de prendre part aux opérations de révision des listes électorales organisées dans le cadre du référendum constitutionnel sur la nouvelle Constitution. L’on se souvient aussi de la farouche opposition de ses membres à ce scrutin qui se solda par des violences entre les forces de l’ordre et les militants de l’IDC-FROCAD à Brazzaville, Pointe-Noire et dans d’autres villes du Congo. Le bilan faisait état de plusieurs morts, de blessés et de dégâts matériels importants.  

Après la tenue du référendum constitutionnel, le 25 octobre, qui aboutit au vote de la nouvelle Constitution, se rendant compte que son obstruction violente contre le processus électoral avait échoué, l’opposition radicale s’est ressaisie un peu sur le tard pour accepter de prendre part à l’élection présidentielle du 20 mars. Ici également, elle ne semble pas avoir mis les chances de son côté pour aller à ce vote en rang serré en choisissant un seul représentant. Elle a choisi la stratégie de l’émiettement des voix tablant sur le fait qu’elle devait par cet alibi réussir le tour de force d’amener le président sortant au deuxième tour, quitte à le battre à plate couture.

Sur ces entrefaites, l’IDC-FROCAD a boycotté la Commission nationale électorale indépendante, elle a alimenté, comme elle l’a fait depuis l’année dernière une suspicion irréversible à l’égard de cette institution dans laquelle siègent essentiellement des Congolais comme eux, des gens qu’ils connaissent bien, pour ne pas dire leurs compatriotes.  C’est ainsi que l’opposition a suivi sa propre voie en créant une Commission technique électorale. Il convient de noter que dans cette perspective, l’opposition n’a ni publié ses propres listes électorales, ni imprimé ses propres bulletins de vote.

Le refus de s’accepter

Dans une certaine mesure, elle a validé le travail réalisé en amont par la Commission électorale du gouvernement. Bien plus, durant le scrutin, chacun de ses candidats disposait de son représentant pour observer le déroulement des opérations du vote. A titre d’exemple, dans le bureau de vote de l’Ecole nationale des Beaux-Arts,  situé dans la circonscription électorale de l’arrondissement 2 Bacongo, bureau dans lequel le président sortant a voté, le 20 mars, il y avait les représentants des candidats Denis Sassou N’Guesso, Guy-Brice Parfait Kolelas, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa.

Ces exemples peuvent être multipliés fois cent. Très souvent, d’ailleurs, certains représentants des candidats de l’opposition, s’ils n’étaient pas complets disaient œuvrer au nom des cinq « nominés » à la présidentielle. Une unité à toute épreuve, en apparence, qui n’a pas pu se réaliser au bénéfice du groupe tant il aurait été mieux pour ces candidats de limiter les postulants de l’opposition. En dépit de la suspension du téléphone et de l’Internet pendant les jours cruciaux du scrutin, les représentants des neuf candidats n’ont-ils pas à leur disposition les chiffres du vote ? Les leur ont-ils communiqués par la suite ou pas ? 

Si au terme du processus, les cinq candidats de l’opposition, qui ont décidé unanimement d’introduire des recours auprès de la Cour constitutionnelle appellent là aussi unanimement à l’insurrection populaire, ils donnent raison à ceux qui les voyaient venir. A savoir que pour Pascal Tsaty-Mabiala (4, 40°%), André Okombi Salissa (3,96%), Guy-Brice Parfait Kolelas, (15,05%), Jean-Marie Michel Mokoko (13, 89%), Claudine Munari Mabondzo (1,65%), participer au scrutin présidentiel du 20 mars importait peu sauf s’ils avaient gagné ensemble.

Mais ensemble, ils font un score honorable de 38,95%. Ne pourraient-ils pas, ensemble aller vers les Congolais qui ont voté pour eux, dans les circonscriptions électorales connues où ils ont fait du bon chiffre leur dire merci ? Ne fusse que cela ?

 

La Rédaction

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