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RDC : éclaircie à l’EstLundi 11 Novembre 2013 - 0:20 De l’Est vient le soleil, et donc la lumière. Cette évidence n’a pas toujours eu la chance de s’appliquer en République démocratique du Congo (RDC), si l’on se réfère à la partie de cauchemar qui se joue dans l’est de ce pays depuis près de deux décennies. Et lorsque les spécialistes de la tumultueuse région des Grands Lacs, dont fait partie la RDC, dénombrent pour ce qui la concerne seule une quarantaine de groupes armés opérant à ses frontières est, le fait devient hallucinant. Le 5 novembre, une année et demie, jour pour jour, après sa constitution dans le Nord-Kivu, après qu’elle ait tenu tête durant tout ce temps aux troupes régulières de RDC et défié la communauté internationale, la rébellion du M23 a proclamé sa reddition. À la fin du mois de novembre 2012, galvanisés par leur principal succès militaire, lorsqu’ils parvinrent à prendre la ville de Goma, capitale de leur province d’ancrage, les rebelles y croyaient encore au point de monnayer cher leur part du gâteau dans les négociations entreprises avec le gouvernement de Kinshasa à Kampala (Ouganda). Mais tout cela s’est écroulé du jour au lendemain : un peu de soleil donc, serait-on tenté de plaider. Retenons que ce dénouement est survenu à la suite d’une série de défaites essuyées sur le terrain militaire par cette rébellion, il y a peu insaisissable, qui a longtemps envenimé les relations entre la RDC et le Rwanda voisin. Épinglé par l’ONU comme le principal pourvoyeur en hommes, armes et munitions du M23, Kigali a-t-il, si ce soutien était avéré, décidé de lâcher ses protégés ou a-t-il démontré, au contraire, que les accusations portées contre lui relevaient de la pure spéculation ? En tout état de cause, la tournure prise par les événements profite largement au gouvernement de Kinshasa, et surtout au chef de l’État, Joseph Kabila. Pour la RDC, cela devrait aider à normaliser les rapports avec ses voisins de l’Est, notamment le Rwanda. Pour Joseph Kabila lui-même, dont la marge de manœuvre s’est élargie, il lui revient, au plan extérieur, justement, d’assurer à ses voisins qu’il est prêt à œuvrer avec eux pour une normalisation bénéfique de la région et de ses habitants, et au plan intérieur de s’engager à fond sur la voie de la réconciliation nationale. Sur ce dernier point, les annonces qu’il a faites le 23 octobre lors de la clôture des concertations nationales prendront tout leur relief s’il accorde une attention certaine aux gens qui ont pris les armes au nom du M23 et avec lesquels son gouvernement négocie depuis plusieurs mois à Kampala. Ils sont défaits militairement, c’est vrai ; ils sont politiquement exténués, c’est le cas ; mais hormis le recours aux armes qu’il faut condamner, leurs revendications sociales sont peut-être celles d’une bonne partie des hommes et des femmes qui peuplent l’est de la RDC. Les mêmes que l’on a vus saluer l’entrée des FARDC appuyées par les troupes de l’ONU, les mêmes qui, un jour applaudissent des inconnus, lorsqu’ils se rendent compte, au bout d’un certain temps, que leur quotidien ne s’est guère amélioré depuis le dernier fait d’armes des forces qu’ils avaient accueillies avec chants et tam-tam l’autre fois. Dans le cas de la RDC, justement, comme dans d’autres pays du continent minés par des conflits meurtriers, ce passage de l’une à l’autre extrémité de l’espérance s’est souvent produit. Il faut pourtant que l’éclat de lumière qui est apparu au Nord-Kivu avec la fin de partie décrétée par le M23 se transforme en un soleil ardent qui s’étende sur toute la RDC. La balle est dans le camp du chef de l’État, Joseph Kabila, qui devra solder le contentieux de l’Est en s’abstenant de se donner la posture du vainqueur total, après la victoire « totale » de son armée contre la désormais ex-rébellion du Mouvement du 23-Mars. Gankama N’Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |