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Terres soudanaises

Samedi 7 Septembre 2024 - 16:33

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Pays unitaire à son indépendance, le 1er janvier 1956, le Soudan a éclaté en deux Etats, le 9 juillet 2011, quand naît la République du Soudan du Sud, au terme d'une guerre civile de plusieurs décennies. Pour le plus jeune Etat d'Afrique dont la ville de Juba, plus importante du pays, est devenue la capitale politique, s’ouvrait une ère nouvelle incarnée par la volonté de ses dirigeants de gagner la bataille du développement au profit de la population.

Cet espoir n'aura tenu que deux ans. Des dissensions apparues au sommet de l’Etat sur fond de partage du pouvoir vont très vite plonger le pays dans une guerre civile, soit dit en passant, une certaine habitude pour les élites soudanaises prises ensemble. Depuis 2013, le président Salva Kiir Mayardit et son ex-allié de vice-président, Riek Machar, portent sur leurs épaules la responsabilité des ravages que leurs rivalités ont causé à leur peuple.

Entre guerre et paix, ils ont le devoir de maintenir l'accord de cessez-le-feu conclu en 2018 à Addis-Abeba, en Ethiopie. Mais à l'intérieur d'un même pays un deal de ce type signifie que l'on n'a pas de paix véritable. Ils devraient y réfléchir sérieusement. Une paix définitive contre une guerre totale, c'est le souhait que l'on pourrait émettre pour l'autre Etat du même nom, la République du Soudan, la matrice si on peut dire d'où a été prélevé son voisin dont nous venons de parler.

Au lendemain du renversement par l'armée du président Omar El Béchir, en 2019, et une transition « civile » achevée dans une totale confusion deux ans plus tard, les militaires ayant pris le pouvoir n'ont pas trouvé mieux que de s'affronter à l'arme lourde dans la capitale Khartoum et dans le reste du pays. Comme Salva Kiir et Riek Machar, ici aussi, deux hommes naguère alliés sont depuis entrés en guerre.

Le général Abdel Fatah Al-Burhan, président du Conseil de souveraineté de la transition, chef de l'Etat, et le général Mohamed Hamdan Dogolo, puissant patron des redoutables forces de soutien rapide, ont mis le Soudan en coupes réglées. Et n'envisagent pas pour le moment de s'asseoir autour de la table des négociations, chacun campant sur ses positions. A l’origine du conflit aussi, la même question du partage du pouvoir.  

Pays stratégique à l’histoire tumultueuse, le Soudan est ensemencé de convoitises extérieures. Les deux généraux rivaux, qui étaient encore il y a peu président et vice-président du pouvoir de transition, profitent des apports de leurs soutiens respectifs pour prolonger les hostilités et partant, les souffrances de leurs compatriotes. Résultat des courses, les terres soudanaises continuent de brûler et l’on peut se demander jusqu’à quand ?

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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